Commission des affaires économiques
La Commission a entendu Mme Christine Lagarde, ministre de l'économie, de l'industrie et de l'emploi puis, la commission a examiné, sur le rapport de M. François Loos, le projet de loi de réforme du crédit à la consommation (n° 1769).
Mes chers collègues, c'est toujours avec un égal plaisir que nous accueillons Mme Christine Lagarde, ministre de l'économie, de l'industrie et de l'emploi, qui nous présente aujourd'hui un projet de loi très important et pour lequel nous avons désigné un rapporteur, M. François Loos, très au fait du sujet en raison de son expérience ministérielle. Ce texte vise à réformer en profondeur le crédit à la consommation en vue de promouvoir une offre de crédit responsable et de mettre fin à certaines dérives. Il importe en effet de mieux protéger le consommateur contre le risque de surendettement en luttant contre des pratiques que je considère comme du « harcèlement incitatif » et dont je vous donnerai maints exemples. Ces pratiques finissent par faire « craquer » les plus faibles de nos concitoyens, qui se laissent entraîner sur la pente fatale du surendettement. Mais il ne s'agit là que de l'un des aspects du texte, dont l'examen en séance publique est prévu à partir du mercredi 13 janvier 2010. Ce délai pourra être mis à profit pour dialoguer avec vous, madame la ministre, afin de présenter un texte qui réponde à nos aspirations.
Je vous remercie de m'accueillir à l'occasion de l'examen d'un projet de loi qui nous tient tous particulièrement à coeur car nous rencontrons fréquemment, les uns et les autres, des consommateurs qui ont été victimes du crédit à la consommation et du surendettement. Mais cet aspect, pour important qu'il soit, ne doit pas accaparer tout le débat.
C'est pourquoi j'appelle votre attention sur l'importance du crédit à la consommation, qu'il est tentant par démagogie d'accuser de tous les maux. Il est utilisé par des millions de nos concitoyens et à la satisfaction de la grande majorité d'entre eux. Aujourd'hui, environ 9 millions de ménages ont recours au crédit à la consommation, ce qui en fait un moteur essentiel de la consommation en période de crise économique. La demande a tenu parce que les consommateurs n'ont pas modifié en profondeur leur comportement d'épargne. Le crédit à la consommation contribue à soutenir massivement certains secteurs industriels. Près de 40 % de la vente par correspondance s'appuie sur ce type de crédit qui finance également l'acquisition de deux automobiles neuves sur trois. Il faut avoir ces paramètres en tête en abordant le sujet, tout en n'oubliant pas les excès et les abus auxquels ce crédit peut donner lieu s'il n'est pas bien encadré.
Nous travaillons à ce projet de loi essentiel à mes yeux depuis juillet 2008 après avoir constaté des dérives dans une conjoncture économique qui se tendait. Mais il ne s'agit nullement d'un texte d'humeur. Nous pouvons faire véritablement oeuvre utile si nous nous gardons de verser dans l'irrationnel, et si nous ne limitons pas notre approche du crédit à la consommation au seul angle du surendettement. Cet aspect sera traité, mais il n'est pas le seul.
L'objectif du projet de loi est d'éviter les excès et les abus. Telle est la ligne de conduite qui guide mon action en permanence en matière de régulation, qu'il s'agisse des marchés financiers ou du crédit à la consommation. Cela suppose d'agir dans deux directions : d'une part, garantir une distribution responsable du crédit en créant des obligations supplémentaires aux organismes prêteurs ; d'autre part, mieux accompagner les personnes en situation de surendettement.
S'agissant du premier axe, je souhaite éliminer les points noirs du crédit à la consommation. Nous en avons identifié cinq après avoir, je le souligne, écouté non seulement les établissements de crédit, qui se sont bien entendu précipités pour exposer leur point de vue, mais aussi la totalité des associations de consommateurs, sans exception. Nous avons tenu plusieurs réunions avec elles.
Premier point noir : les crédits qui ne se remboursent jamais, c'est-à-dire les crédits renouvelables pour toujours, qui ne comportent pas d'amortissement. L'article 5 du projet interdit cette pratique en incluant impérativement dans les échéances une fraction d'amortissement minimum. À la demande des associations de consommateurs, nous avons introduit une limite dans le temps : trois ans pour les crédits de moins de 3 000 euros, et cinq ans au-delà.
Deuxième point noir : la politique du « tout renouvelable ». Pour le moment, les grands magasins offrent systématiquement à leurs clients des crédits renouvelables, sans leur laisser la faculté d'opter pour un crédit amortissable. Le projet de loi ne le permettra plus.
Troisième point noir : les publicités agressives, à la limite du harcèlement. Le projet de loi prévoit d'éliminer toutes les mentions trompeuses, voire mensongères, et les journaux comme les programmes télévisés en sont pleins. Elles mettent en avant, en gros caractères pour attirer l'attention, un taux d'appel très avantageux et renvoient en bas de page, en caractères minuscules, pour le taux effectif du crédit, en réalité de trois à cinq fois supérieur. En outre, un crédit renouvelable doit dire son nom, sans être dissimulé sous toute une série de vocables plus inventifs les uns que les autres : du crédit « revolving » au crédit « reconstituable » en passant par la « réserve d'argent ». Il faut appeler un chat un chat.
Quatrième point noir : le crédit dans lequel le consommateur entre « à l'insu de son plein gré », si je puis dire, à l'occasion de la souscription d'une carte de fidélité, ou même d'un ticket de parking offert. Le client n'est pas informé et il recevra un mois plus tard, dissimulé dans une enveloppe anodine qu'il aura tôt fait de jeter à la poubelle, une lettre l'informant que, faute de dénoncer dans les vingt-quatre heures l'offre qui lui a été faite, il aura contracté un crédit à la consommation. Les choses doivent être claires pour éviter les cartes confuses, c'est-à-dire les cartes de crédit adjointes à des cartes de fidélité ou de paiement : c'est la fonction « paiement au comptant », à l'exclusion de toute autre, qui doit être activée par défaut, sauf choix exprès du consommateur de la fonction « paiement à crédit ».
Cinquième point noir : le crédit « aveugle ». Les sociétés de financement récupèrent parfois des chalands, sans se soucier de leur solvabilité, ni vérifier qu'ils sont inscrits au fichier des incidents de paiement. Le projet de loi imposera des obligations nouvelles aux organismes de financement : la solvabilité de l'emprunteur devra être vérifiée, et le fichier national des incidents de remboursement des crédits aux particuliers (FICP) systématiquement consulté pour ne pas risquer d'aggraver encore la situation du client. Enfin, sera imposé un exercice à quatre mains : l'organisme financier et le consommateur devront renseigner ensemble des documents sur l'identité du demandeur, ses crédits en cours, sa situation financière nette.
Sur ces cinq points, le législateur doit intervenir pour limiter les excès d'une activité financière utile à notre économie et à nos concitoyens, qui sont 9 millions à y recourir, à la satisfaction de la grande majorité d'entre eux.
S'agissant du second axe, l'accompagnement des personnes en situation de surendettement, le projet de loi vise deux objectifs.
Premièrement, il s'agit de faciliter le rebond de ceux qui ont connu des difficultés. Aujourd'hui, les délais de fichage au FICP sont extrêmement longs. Or, si le plan de redressement est respecté, il n'y a pas de raison de maintenir le débiteur dans ce fichier pendant dix ans, ce qui le prive de tout recours au crédit.
Deuxièmement, il faut à tout prix raccourcir les procédures de surendettement, qui durent en moyenne un an et demi. Le projet de loi le permettra.
Nous devons rechercher la rapidité et l'efficacité. Le surendettement a augmenté de 16 % et le montant d'endettement par dossier augmente aussi – près de 40 000 euros en moyenne. Autant dire que certains de nos concitoyens risquent de devenir des proies, et il faut impérativement lutter efficacement contre le pic du surendettement que risque de provoquer la crise économique et financière que nous traversons.
Nous sommes tous animés de bonnes intentions et nous avons tous à coeur de faire le mieux possible. Mais le mieux peut être l'ennemi du bien. Nous aurons sûrement à débattre d'un éventuel fichier positif car certains d'entre vous voudraient s'inspirer du modèle belge. Les mesures optimales ne seraient pas forcément les plus efficaces. Nous devons veiller à rétablir le sens de la mesure là où nous constatons des excès.
Mme la ministre nous ayant donné un aperçu très complet des problèmes liés au crédit à la consommation et du contenu du projet de loi, je me contenterai d'attirer l'attention de mes collègues sur deux de ses dispositions fondamentales.
Chacun de nous a eu à connaître le cas de personnes s'étant fait prendre au piège du surendettement et qui n'arrivent plus à sortir du crédit renouvelable. Une proposition de loi récente de notre collègue Jean-Marc Ayrault visait d'ailleurs à le supprimer. Avec ce projet de loi, le piège ne fonctionnera plus puisque son article 5 prévoit que chaque échéance comprendra une fraction d'amortissement du capital, qui s'étalera entre trois et cinq ans. Cette disposition signe la fin des crédits qui ne se remboursent jamais. Ensuite, le projet de loi lutte contre la distribution du crédit renouvelable sur le lieu de vente, quand il se substitue de manière indue au crédit personnel affecté. Selon l'article 4, pour financer l'achat d'un bien dépassant une certaine valeur, le consommateur devra se voir proposer une alternative entre crédit renouvelable et crédit amortissable. En outre, la réforme du taux de l'usure contenue dans l'article 1er A permettra de rééquilibrer la part respective du renouvelable et de l'amortissable dans l'endettement des ménages.
Par ailleurs, l'incitation parfois très forte à laquelle sont parfois soumis nos concitoyens par le biais de la publicité sera atténuée. Nous sommes tous sollicités en permanence pour souscrire des crédits, que ce soit dans les transports ou dans les magazines, ou directement par courrier ou par mail. Les obligations relatives au contenu et à la présentation des publicités seront nettement renforcées grâce à la transposition de la directive 200848CE qui impose, pour les publicités chiffrées, le recours à un exemple représentatif précisément défini, ce qui mettra fin aux offres trop alléchantes. Seront de surcroît interdites les formulations fallacieuses qui foisonnent aujourd'hui et laissent entendre qu'un crédit peut être obtenu sans examen de la solvabilité du demandeur ou qu'il ne coûte rien.
Je soutiens pleinement les avancées que permet ce texte, dont certaines, issues des travaux de la commission spéciale du Sénat présidée par Philippe Marini, apportent des améliorations substantielles.
Après avoir auditionné longuement tant les professionnels que les associations de consommateurs, j'ai axé ma réflexion sur trois thèmes principaux.
Dans les cas où les crédits sont renouvelables par tacite reconduction, il devrait être de la responsabilité du prêteur de ne proposer cette reconduction que si les conditions sont réunies. Je propose donc que la solvabilité de l'emprunteur soit vérifiée tous les ans par une consultation du FICP, et tous les trois ans par un examen complet de la solvabilité. En fonction des résultats, soit le contrat ne sera pas reconduit, soit le montant du crédit sera diminué, soit l'utilisation du crédit suspendue.
Les assurances sont également un point capital. On explique souvent le surendettement par les accidents de la vie. Le principe même de l'assurance n'est-il pas de couvrir l'assuré en cas d'accident ? Deux amendements prévoient de renforcer la transparence de l'offre assurantielle en informant précisément l'emprunteur sur son coût, tant dans la publicité que dans l'offre de crédit. En matière de crédit immobilier, je soutiens l'initiative de la ministre en faveur de la « déliaison » entre l'offre de crédit et l'offre d'assurance. Je propose de renforcer l'effectivité du dispositif introduit par le projet de loi en son article 17, en prévoyant l'obligation de motiver les refus de délégation d'assurance et l'interdiction de répercuter sur les taux du crédit le choix de l'emprunteur en faveur d'une autre assurance que celle proposée par le prêteur.
En ce qui concerne le microcrédit, les sénateurs ont souhaité introduire un article 18 bis relatif aux missions du Fonds de cohésion sociale. Une expertise approfondie a révélé la nécessité d'aller plus loin que la rédaction actuelle, qui omet certaines interventions aujourd'hui assumées par le Fonds, ce qui pourrait être gravement préjudiciable aux actions menées par les réseaux associatifs très engagés sur le terrain, avec des taux de succès très importants. Or il ne faut surtout pas les décourager.
J'ai été particulièrement sensible à plusieurs amendements proposés par les rapporteurs des commissions saisies pour avis, dont je salue le travail. Nous nous sommes réunis pour discuter du texte et nous sommes retrouvés sur plusieurs propositions qui ont donné lieu à des amendements très proches, sinon identiques. Vous seront également soumis des amendements qui ont retenu l'attention de nos collègues des autres commissions, notamment le passage de dix à sept ans du plan de rééchelonnement des dettes proposé par la Commission des affaires sociales, l'interdiction de la distribution de lots promotionnels à l'occasion de la souscription d'un crédit, préconisée par la Commission des lois, ou la diversification des sources de financement des associations de microcrédit, proposée par la commission des finances. Je ne doute pas que les échanges que nous avons eus avec les rapporteurs pour avis, et qui seront encore enrichis par l'examen des amendements déposés par l'ensemble de nos collègues, nous permettront de compléter utilement la protection des consommateurs et de contribuer au développement du crédit responsable.
La Commission des lois s'est saisie pour avis des titres Ier et IV du projet de loi.
En ma qualité de rapporteur pour avis, je tiens tout d'abord à souligner la disponibilité et l'ouverture dont ont fait preuve vos collaborateurs, madame la ministre. Si nous n'avons pas pu nous retrouver totalement sur tous les sujets, je constate avec plaisir que le Gouvernement s'est montré à l'écoute et a su trouver à plusieurs reprises les voies d'une coproduction législative devenue la règle, ou presque, depuis la révision constitutionnelle du 21 juillet 2008.
Sur le fond, la Commission des lois a donné un avis favorable à l'adoption du projet de loi, qui marque à ses yeux une avancée dans la protection des consommateurs. Cependant, elle a estimé que le débat qui s'annonce au sein de notre Assemblée est l'occasion d'aller plus loin. Pour cette raison, elle a adopté vingt-deux amendements, qui reflètent pour l'essentiel trois grandes préoccupations.
La première consiste à mieux encadrer les conditions d'octroi et de renouvellement du crédit renouvelable. La Commission des lois ne conteste pas qu'il s'agisse d'un instrument vital pour certains pans de notre économie, notamment la vente par correspondance. Pour autant, il est indispensable de mieux circonscrire le champ d'intervention de cet outil. Elle a donc prévu une vérification régulière et exigeante de la situation des emprunteurs à l'occasion du renouvellement tacite de leurs crédits. Elle a également adopté un amendement visant à plafonner par décret le montant des crédits pouvant être consentis sous forme renouvelable, estimant inconcevable que, pour l'acquisition de biens de consommation de valeur tels que la voiture ou le gros électroménager, les consommateurs puissent souscrire ce type de crédits assortis de taux usuraires, approchant les 20 %.
La deuxième préoccupation de la Commission des lois concerne l'amélioration des contraintes pesant sur les prêteurs. Trop de pratiques inacceptables conduisent à faire souscrire aux consommateurs des crédits qu'ils ne sont pas en mesure d'honorer. Au-delà de quelques précisions sur l'étendue des mentions devant figurer dans l'information fournie aux emprunteurs, la Commission des lois propose de limiter plus étroitement l'octroi de lots promotionnels en contrepartie d'une souscription de crédit. Elle souhaite aussi empêcher la modulation du commissionnement des vendeurs en fonction de la nature des crédits souscrits par les clients, de manière à rompre la logique actuelle consistant à rémunérer davantage la distribution du crédit renouvelable, y compris lorsqu'il n'est pas adapté à la situation des souscripteurs.
La dernière préoccupation de la Commission des lois porte sur la prévention du surendettement. En la matière, notre Assemblée ne peut pas faire l'économie d'un débat sur l'éventuelle instauration d'un fichier positif qui recenserait l'ensemble des crédits des particuliers. Le FICP, même amélioré, ne permet pas d'anticiper le surendettement des ménages car il ne donne pas un aperçu préalable de leur état de « mal-endettement ». Or, le traitement du surendettement coûte cher au contribuable. L'instauration d'un répertoire national recensant les crédits souscrits par les particuliers et centralisé par la Banque de France, à l'image du dispositif en vigueur en Belgique, serait de nature à mieux prévenir les risques. Certes, le sujet ne fait pas consensus. Cependant, outre qu'il appartient au législateur de trancher cette question, la Commission des lois a considéré que le fait de figurer dans un répertoire géré par la Banque de France garantit à nos concitoyens une meilleure protection des données à caractère personnel que celui de figurer, comme c'est le cas aujourd'hui, dans des répertoires internes aux banques et à leurs filiales.
Le dispositif qui vous est proposé se veut pragmatique. En parallèle aux améliorations immédiates du fonctionnement du FICP, il est question de jeter les bases juridiques d'un répertoire national des crédits aux particuliers qui entrerait en vigueur le 1er janvier 2013. Entre-temps, les parties concernées pourraient discuter de ses modalités de mise en oeuvre et, au besoin, proposer des améliorations au législateur. Cette solution présente le mérite de la progressivité, de la lisibilité et de l'efficacité.
D'autres améliorations plus ponctuelles motivent le reste des amendements de la Commission des lois, mais je n'insisterai pas davantage à ce stade car nous aurons l'occasion d'échanger plus avant lors de l'examen des articles.
Je me bornerai à souligner en conclusion que la Commission des lois apprécie les avancées concrètes que le projet de loi apporte à nos concitoyens, ce qui justifie à ses yeux son adoption.
Dans sa précipitation, Mme la ministre a oublié de préciser que ce projet de loi trouvait son origine, pour une part, dans la nécessaire transcription d'une directive européenne. Cela étant, il ne manque pas d'intérêt : il comporte un certain nombre d'avancées, même si l'on a le sentiment que le Gouvernement s'est arrêté au milieu du gué. Le risque est qu'il finisse par se retrouver submergé.
Si personne, ici, ne souhaite supprimer le crédit à la consommation, qui est un stimulateur de l'économie, nous devons faire en sorte qu'il fonctionne plutôt à moyen et long terme. Ce qui pose problème, ce n'est pas le crédit destiné à acquérir de petits équipements, mais celui qui, pour pallier le manque de pouvoir d'achat dont souffrent nos concitoyens, sert à faire les courses quotidiennes. Or c'est précisément ce dernier usage qui, en général, est financé par le crédit revolving. Nous serons probablement d'accord sur l'idée d'orienter le plus possible les consommateurs vers le crédit amortissable pour tout ce qui concerne l'achat de petits biens mobiliers.
En ce qui concerne le crédit renouvelable, un point reste à préciser. Si un crédit est seulement amortissable, cela signifie que le crédit revolving est supprimé. Mais s'il est aussi rechargeable, il n'est pas vraiment amortissable puisque, lorsque sa durée est échue, le consommateur peut se retrouver à nouveau avec la même somme à rembourser. C'est la situation du fameux crédit hypothécaire, qui avait été inventé pour l'immobilier et qui, heureusement, n'a pas servi.
Rappelons que le crédit revolving ruine nos concitoyens : j'ai ainsi rencontré une femme qui en avait souscrit vingt-six différents, tout en ayant pleinement conscience des dangers que comporte une telle situation. Or elle ne figure pas au FICP, car elle prend la précaution de recharger son compte régulièrement pour éviter les incidents de paiement. Cela montre que ce fichier est inopérant dans un certain nombre de situations.
Il faut également aller plus loin dans le contrôle de l'intéressement des vendeurs à la vente de crédit. On le sait, un vendeur de voiture peut recevoir un supplément de rémunération pour la vente de certaines options, mais aussi pour la vente de crédit, ce qui l'incite à en proposer aux clients.
En ce qui concerne le répertoire positif, nous n'irons pas aussi loin que la Commission des lois. Un tel répertoire constituerait certes un progrès dans la mesure où toutes les grandes banques ont déjà constitué leur propre fichier, voire se l'échangent même entre elles, en toute illégalité. Nous ne pouvons pas accepter un tel laisser-faire. Cependant, il serait dangereux d'instaurer un système directement interrogeable par les banques. Mieux vaudrait s'inspirer du casier judiciaire, ou du permis à points : la personne concernée est la seule à pouvoir obtenir des informations sur sa situation et elle les communique comme elle l'entend.
Enfin, en ce qui concerne la réforme du taux d'usure, si j'ai bien compris l'article 1er A, vous ne proposez qu'un observatoire de plus. L'Observatoire des prix et des marges a-t-il eu un effet des rapports entre la grande distribution et ses fournisseurs ? Non : ce qui change les choses, ce sont les assignations en justice que vous avez récemment demandées, ce dont je vous félicite. L'observation ne suffit pas, et c'est pourquoi nous souhaitons aller beaucoup plus loin. Le Médiateur de la République le dit lui-même : au-delà d'un taux d'intérêt de 10 %, les gens ne peuvent pas rembourser, d'autant que ceux qui ont recours au crédit revolving ont généralement des moyens réduits. Certes, la question peut se poser de savoir si les banques peuvent encore prêter à 10 %. Mais elles admettent elles-mêmes qu'elles n'ont que 2 % de défaillance. Cela signifie qu'avec un taux de 20 %, il leur reste 18 % pour gérer les frais, ce qui me paraît beaucoup. Nous proposerons donc un amendement tendant à donner une autre définition du taux d'usure. Curieusement, un texte similaire circule au Congrès des États-Unis, pays qui n'est pas, que je sache, un pays socialiste.
Nous soutenons votre projet de loi, madame la ministre, parce que si, d'une façon générale, le crédit à la consommation est une bonne chose pour l'économie – il finance 10 % de la consommation des ménages –, nous sommes tous conscients que le surendettement est un fléau social, avec chaque mois 15 000 foyers surendettés supplémentaires. Dans un contexte de crise économique, il est très positif de s'interroger sur les moyens propres à prévenir le surendettement sans entraver la croissance. L'encours des crédits représentait près de 145 milliards d'euros en 2007. Sur ce total, la part du crédit renouvelable est en France de 20 %, contre 7 % en Allemagne, 28 % au Royaume-Uni et 26 % aux Pays-Bas. Le crédit renouvelable soutient la consommation, mais il a un coût très élevé pour les ménages, d'autant que 45 % de la population n'a accès qu'à ce type de crédit pour financer l'achat de biens d'équipement ou répondre à des problèmes ponctuels de trésorerie.
Le texte, enrichi par le Sénat, comporte d'importantes avancées : rénovation du fichier des impayés, mesures visant à protéger les emprunteurs, possibilité de consultation individuelle de l'inscription sur des fichiers. De même, je salue l'obligation d'amortissement du crédit renouvelable. Mais quelles mesures pourrait-on prendre pour empêcher la spirale infernale dans laquelle entraîne la souscription de multiples crédits de ce type ? Par ailleurs, ces mesures s'appliquent-elles à l'encours de crédit actuel ?
La distribution du crédit renouvelable comporte d'autres « points noirs ». En particulier, le débat doit être ouvert sur l'obtention de la signature du conjoint lorsque le crédit souscrit est adossé à un compte joint bancaire.
Nous aussi. De même, le groupe UMP se demande s'il est normal qu'un vendeur soit commissionné pour autre chose que la vente d'un produit ou d'un service – en l'occurrence, pour le crédit qui servira à financer ce produit ou ce service.
Nous nous posons également la question du lien entre une promotion ou une remise et le moyen de paiement. Ne faut-il pas interdire toute promotion adossée à une offre de crédit ?
En ce qui concerne le fichier positif, nous souhaiterions connaître votre point de vue, madame la ministre. Pour ma part, il me semblerait intéressant qu'un tel fichier comprenne des informations sur le regroupement des crédits. Cette pratique très dangereuse est en effet un signe de la faiblesse financière des ménages.
Enfin, le fait qu'une grande partie de la population n'ait accès qu'au crédit renouvelable est dû à la définition actuelle des taux d'usure. Il nous semblerait souhaitable que soit créé un taux intermédiaire entre le taux d'usure du prêt personnel et celui du crédit renouvelable.
Par rapport à ce qui était prévu il y a quelques mois, ce texte marque en effet des avancées. Mais vous êtes encore loin de prendre la mesure de la réalité ! En mai, nous avions présenté une proposition de loi sur le sujet, élaborée avec l'aide des associations de défense des consommateurs. Elle partait du même constat : 34 % des ménages, soit 9 millions, détiennent un crédit à la consommation, et leur nombre augmente. En outre, les retraités sont de plus en plus concernés, ce qui montre que leur pension est insuffisante pour faire face à leurs dépenses. Au total, l'encours des dettes est de près de 150 milliards d'euros.
Nous prévoyions que le prêteur soit tenu de proposer à l'emprunteur qui en ferait la demande un échelonnement du remboursement du montant de la réserve d'argent déjà utilisée à un taux effectif global qui ne pourrait excéder la moitié du taux effectif moyen pratiqué au cours du trimestre précédent par les établissements de crédit pour des opérations de même nature comportant des risques analogues, tels que définis par l'autorité administrative, après avis du Comité consultatif du secteur financier. La majorité s'est opposée à cette disposition.
En attendant de défendre nos amendements, je reviendrai sur trois problèmes précis.
Je m'interroge tout d'abord sur le taux d'usure, qui est très critiqué. Ensuite, n'est-il pas temps d'avancer sur l'action de groupe ? Je sais que des réflexions sont menées à divers niveaux sur ce sujet, qui suscite une forte opposition de certaines organisations patronales ou d'entreprises de vente par correspondance. Mais cet élément manque à notre panoplie. Enfin, alors que le surendettement explose, le moment était-il approprié pour réduire le nombre des commissions de surendettement ?
Permettez-moi d'observer au préalable qu'en termes d'accumulation de textes de loi, nous approchons la saturation : fracture numérique, propositions de loi diverses, crédit à la consommation, etc.
Mes collègues ont souligné les avancées apportées par ce texte. Pour ma part, je me réjouis des dispositions sur le microcrédit, qui sont bienvenues. Mais il faudrait les rapprocher d'autres dispositions relatives au service universel confié à La Poste en matière d'accessibilité bancaire. Cette consolidation n'a pas été faite. Plutôt que de créer un nouveau fonds d'État, il serait préférable de faire jouer à La Poste un rôle dans ce domaine. Nous présenterons des amendements en ce sens.
S'agissant du fichier positif, la position des centristes est constante depuis dix ans : nous sommes pour sa création. De nombreuses propositions de loi ont d'ailleurs été déposées sur ce sujet. En effet, jamais la consultation du FICP ne remplacera la prise en compte consolidée de la totalité de l'emprunt d'une personne, ni la recherche de la responsabilité des organismes prêteurs coupables de soutien abusif.
La crise constitue une occasion historique, madame la ministre : vous avez beaucoup aidé les banquiers, et vous n'avez donc rien à craindre de ce côté. En outre, le problème est devenu plus aigu : l'endettement a augmenté de 17 %. Tout le monde aurait donc compris que vous preniez une mesure forte. À défaut, il appartient au Parlement de se prononcer. En tout état de cause, le Nouveau Centre soutiendra fortement l'amendement de la commission des lois.
Le rapport entre l'épargne et la consommation constitue un point fort de la France. Si l'État peut encore emprunter malgré la situation dégradée des finances publiques françaises, c'est parce que les prêteurs savent que les ménages peuvent encore assumer des augmentations d'impôts. C'est une véritable caractéristique nationale, et il serait grave de laisser la situation changer faute de prendre les mesures adéquates.
Il existe des points de convergence entre tous les groupes, ce qui est très positif. Nous attendons beaucoup de vos réponses, madame la ministre, car, dans un certain nombre de domaines, nous souhaitons aller, par un travail commun, plus loin que le texte, notamment en ce qui concerne la signature du conjoint, problème que nous devons absolument régler.
Avant tout, je voudrais remercier le rapporteur, François Loos, qui a accompli un travail considérable.
Un des sujets sur lesquels nous devons débattre au fond est celui du répertoire. Mais nous devons parer au plus pressé et, pour cela, disposer d'un outil efficace. De ce point de vue, la priorité est de mettre à jour le FICP et de le faire fonctionner. Pour moi, la question n'est pas d'opposer le FICP au fichier positif, mais de rechercher l'outil le plus efficace pour éviter le pire. Par la suite, il faudra se demander si un répertoire national fichant 14 millions de ménages en France est ou non une bonne idée.
L'autre sujet qu'il nous faut aborder est celui du taux de l'usure. À cet égard, monsieur Gaubert, je trouve injustes vos propos sur l'Observatoire des prix et des marges, qui a fait la preuve de son efficacité dans bien des domaines. En particulier, il nous fournit des données empiriques qui nourrissent le dialogue – souvent difficile, je vous l'accorde – entre des intérêts divergents. Mais dans l'article 1er A, nous proposons de vraies modifications, et pas seulement la création d'un observatoire. À l'opposé de la vieille règle qui distingue le taux d'usure selon que le prêt est amortissable ou renouvelable, le projet de loi institue différents taux d'usure selon le montant du prêt. Je rappelle que notre pays est l'un des seuls en Europe à conserver cette notion de « taux d'usure », ce dont je ne me plains pas : à chaque pays sa solution. Personne n'est obligé de suivre notre exemple, et nous ne sommes pas obligés de suivre l'exemple belge !
Vous avez été pratiquement unanimes au sujet du commissionnement des vendeurs, et le Gouvernement sera à l'écoute de vos propositions. Il y a en effet quelque chose d'inique dans la manière dont le commissionnement privilégie des crédits inappropriés. Ce caractère inapproprié ne vient pas nécessairement de l'aspect rechargeable du prêt, mais concerne surtout les crédits non amortissables et ceux qui ne sont pas destinés à la bonne finalité. Ce qui m'afflige, c'est de voir des vendeurs « fourguer » du crédit renouvelable pour des besoins de moyens et long terme et pour des montants importants. Nous devons trouver l'ancrage législatif susceptible de faire échec à ces tentatives !
En ce qui concerne les personnes victimes des agissements de leur conjoint, j'espère pouvoir vous faire des propositions. Le sujet est difficile, car il touche à des pans entiers du droit civil sur lesquels on tend traditionnellement à rester inflexible.
Monsieur Dionis du Séjour, la loi de modernisation de l'économie a permis de faire de gros progrès sur l'accessibilité bancaire, et notamment sur le droit au compte. Mais je ne veux pas que cela ne concerne que la Banque postale : toutes les banques doivent s'efforcer de favoriser cette accessibilité. Quant au microcrédit, il faut rester raisonnable et ne pas ouvrir la voie à un mécanisme de prêt de type peer to peer, avec des taux d'intérêt extrêmement variables. Les solutions que nous proposons sont de nature à améliorer le financement du microcrédit, tout en encadrant celui-ci de façon sérieuse.
Ce texte n'est pas un recul, mais il peut apparaître comme une illusion.
Je me satisfais que le Gouvernement et la majorité aient entendu les appels réitérés du groupe socialiste au sujet de la situation des conjoints. Personne ne peut nier que je me batte sur cette question depuis quatre ans, suivi parfois par la Commission. De même, la pression que nous avons mise sur la majorité au sujet de la suppression du crédit revolving a compté dans le fait que ce texte comporte de véritables dispositions normatives.
Je me réjouis également que la Commission des lois fasse des propositions utiles concernant le fichier positif. Aujourd'hui, chaque citoyen a la possibilité de connaître le solde de points de son permis de conduire. Sans une telle disposition, on pourrait se voir retirer son permis sans même le savoir. De la même façon, il serait anormal de ne plus être en capacité d'emprunter faute d'avoir eu la possibilité de connaître les éléments de son propre endettement. C'est d'une telle évidence qu'il ne devrait même pas y avoir de débat à ce sujet. J'espère donc que nous parviendrons à vous convaincre.
Enfin, la situation actuelle du taux de l'usure s'apparente au vol à main non armée, et reste insupportable malgré les précautions que vous prévoyez. Ainsi, je vous ai entendu déclarer, et c'est une bonne chose, qu'à aucun moment il ne pourrait être fait d'offre de crédit renouvelable sans une offre de crédit rechargeable. Pour notre part, nous proposons que soient dissociés le vendeur de crédit et le vendeur de produit. Mais le texte ne le prévoit pas, et c'est en ce sens qu'il peut apparaître comme une illusion.
Je me réjouirai, tout d'abord, que Mme la ministre écoute bien le groupe UMP. Il est vrai qu'il faut apporter une réponse aux situations de surendettement, mais le gros problème, selon moi, est celui de la prévention. C'est sur le cumul de crédits que nous devons agir. Cela passe sans doute par un fichier positif – nous en reparlerons –, mais aussi par la signature du conjoint au moment de la souscription, et par la vérification de cette signature. Peu importe en effet la nature du crédit, renouvelable ou classique, dans la mesure où il s'ajoute au prêt principal qui a permis l'achat de la maison. Ainsi, certains couples se retrouvent avec des remboursements représentant 70 % de leurs revenus. Il faut arrêter cela !
Je suis également préoccupé par les pratiques de regroupement et de rachat de crédit. Les gens qui y ont recours pensent avoir trouvé une solution, sans voir que le taux du crédit et même sa durée peuvent être variables. Il faut résoudre toutes ces questions en amont.
Comme l'ont rappelé mes collègues, le surendettement touche toujours plus de Français. Lors des trois premiers trimestres de 2009, le nombre de dossiers a augmenté de 18 %, le crédit renouvelable étant présent dans 89 % des dossiers. À défaut de le supprimer, ce que vous ne souhaitez pas, il est donc nécessaire de l'encadrer plus sévèrement.
Quels sont les outils préventifs du surendettement et du « mal-endettement » que prévoit ce texte ? Que proposez-vous pour interdire les pratiques agressives de certains organismes de crédit – démarchage à domicile, harcèlement téléphonique –, qui sont de plus en plus courantes ? Pourquoi ne pas avoir saisi l'opportunité de ce texte pour instaurer un crédit social à la consommation, accessible à des personnes sous conditions de ressources, en mettant en place un dispositif de soutien public ? L'article 40 de la Constitution nous empêche de présenter un amendement en ce sens.
Enfin, comme M. Daniel Paul, je m'interroge sur l'action de groupe, dont on parle depuis des années. Lorsque l'on présente un amendement sur le sujet, on nous répond que le moment n'est pas encore venu. Mais quand viendra-t-il ?
Ce texte est particulièrement bienvenu : compte tenu de la place importante prise par le crédit renouvelable dans notre pays, il était nécessaire d'agir. Le harcèlement, les commissions pratiquées par les organismes prêteurs posent problème. Je rappelle que le premier accès à ce type de crédit vient des cartes distribuées en magasin.
Je suis très attachée à ce qu'une solution soit trouvée pour connaître la solvabilité des emprunteurs. Nous devons avoir le courage de franchir le pas, que cette solution prenne ou non la forme d'un fichier. Même si je comprends la volonté de se concentrer dans un premier temps sur le FICP, il est nécessaire d'apporter une vraie réponse.
J'ai déposé un amendement à l'article 6, tendant à ce que soit réclamée la carte d'identité du conjoint lors de la souscription d'un prêt. Cela permettra d'éviter que d'ex-conjoints soient impliqués. En tout état de cause, nous devons trouver des mesures efficaces et concrètes pour régler ce problème.
Les avancées apportées par ce texte sont réelles, mais timides. J'en donnerai deux exemples.
Ainsi, vous parlez d'avancées à propos de l'article 1er A. Mais écrire qu'« un comité, présidé par le Gouverneur de la Banque de France, est chargé de suivre et d'analyser, notamment au regard du mode de fixation des taux de l'usure, le niveau et l'évolution des taux d'intérêt des crédits aux particuliers » n'est pas suffisant. Le problème vient du taux d'usure appliqué pour les crédits revolving. Si les défaillances ne représentent que 2 % des 150 milliards d'euros d'encours, des taux de 16, 17 ou 18 % ne sont pas acceptables. Et il appartient au Parlement, et non à quelque comité Théodule, de fixer la limite.
Une autre avancée est l'instauration d'une valeur minimale d'amortissement. Mais si un crédit renouvelable est aussi rechargeable, cette valeur minimale n'est que virtuelle, dans la mesure où l'on peut renouveler l'emprunt de manière continue. Un crédit n'est pas amortissable si on peut le recharger.
Le texte est donc perfectible. En particulier, il est nécessaire de séparer le vendeur de produit et le vendeur de crédit, de façon que l'on ne puisse plus, comme aujourd'hui, se voir proposer des crédits sur le lieu de vente – sauf peut-être pour des sommes peu élevées.
Enfin, comme mes collègues, je pense que le fichier positif est une bonne chose, à condition que tout le monde n'y ait pas accès. Le système du permis de conduire à points est à cet égard un bon modèle, d'autant qu'il concerne des millions de Français.
Il s'agit d'un bon texte, mais il peut être encore amélioré. Ne conviendrait-il pas notamment de mieux y définir le crédit renouvelable, ne serait-ce que pour mieux informer ? De plus, si on veut rendre responsable la distribution de crédit en France, la souscription devrait répondre à la démarche du consommateur et non à celle du prêteur, contrairement à ce qui se passe trop souvent aujourd'hui.
Par ailleurs, des enquêtes récentes sur la distribution du crédit ont mis en lumière la pratique d'organismes bancaires qui limitent l'offre de crédit en fonction du montant du prêt sollicité. Souvent, en dessous de 3 000 euros, seul le crédit renouvelable est proposé, ce qui est une forme d'incitation.
Il conviendrait en outre d'éviter qu'un crédit renouvelable ne soit associé à une carte ouvrant droit à des avantages commerciaux et promotionnels et à une carte de paiement : l'article 5 du projet de loi doit être revu en ce sens.
Enfin, je ne suis pas persuadé que la signature des deux conjoints représente une vraie protection. C'en sera une en revanche pour les banques, contre lesquelles aucun des conjoints ne pourra plus faire de recours, ce que permet la nébuleuse actuelle. L'information est nécessaire mais si aucun recours n'est plus possible en cas de double cautionnement, la loi risquera d'enfermer les débiteurs dans des situations inextricables.
Ce texte, qui est attendu, va dans le bon sens et il devra être appliqué de manière urgente parce que si le nombre des crédits à la consommation diminue, en revanche, celui des dossiers de surendettement augmente. Aujourd'hui, les ménages asphyxiés par des crédits sont en augmentation de 16 % en Bretagne – qui rejoint la moyenne nationale. Ils ont recours au crédit renouvelable pour payer l'eau, l'électricité ou la nourriture, quand ils n'empruntent pas à des proches.
Ce texte ne pourrait-il pas être l'occasion de mener une action auprès de nos compatriotes en situation de surendettement, parfois depuis les années quatre-vingt ? Ce texte ne pourrait-il pas également encadrer les prêts d'argent au sein d'une même famille ou sur internet, où quelque 2 milliards d'euros seraient aujourd'hui négociés ?
La solvabilité impérative à douze mois constituerait à mes yeux la meilleure approche concernant l'amortissement d'un crédit renouvelable, alors que l'approche retenue risque d'aboutir à une « usine à gaz ».
Par ailleurs, il me semble impossible d'encadrer l'utilisation du crédit renouvelable dans les grandes surfaces, même en cas de limitation de la publicité car les incitations à souscrire un tel crédit y sont trop fortes. C'est pourquoi réserver aux grandes surfaces les crédits affectés et les crédits personnels serait une bonne mesure. Trop de nos concitoyens ayant été piégés par les cartes commerciales, il faudrait interdire le crédit renouvelable dans les grandes surfaces.
De plus, certaines banques ont tendance aujourd'hui à assurer le recouvrement des découverts par le recours à leur propre crédit renouvelable, ce qui leur permet d'appliquer des taux encore supérieurs. Elles le font sans aucune autorisation du consommateur, si bien que le titulaire du compte découvre qu'il a souscrit un crédit renouvelable !
Madame la ministre, vous allez dans le bon sens en ce qui concerne la publicité. Toutefois, il conviendrait d'aller encore plus loin en interdisant le démarchage, qui est d'autant plus pervers qu'il s'adresse souvent à des personnes psychiquement en difficulté. Le crédit devrait répondre à une démarche volontaire de personnes capables de l'assumer. Je rappelle que le démarchage est déjà interdit en matière de produits pharmaceutiques.
Ce texte permet des avancées significatives. Toutefois, il convient de l'améliorer sur plusieurs points, notamment en matière de reste à vivre : sa détermination est une chose, sa définition dans les commissions de surendettement en est une autre. C'est ainsi qu'en Moselle, la commission de surendettement le définit à 680 euros et dans le Territoire de Belfort à 260 euros.
Il conviendrait par ailleurs, de revoir la politique de la grande distribution en matière de carte commerciale pour éviter le recours au crédit à la consommation pour les denrées alimentaires.
Le projet de loi doit également être renforcé en matière de démarchage et dissocier le lieu de consommation du lieu de recours au crédit à la consommation.
Enfin, le crédit social fait défaut dans ce texte, alors que, toutes tendances confondues, les collectivités développent le microcrédit. Je le regrette d'autant plus que ce type de crédit conviendrait aux ménages à faibles revenus.
Je suis heureux d'accueillir comme observateurs M. Jérôme Mavoungou, secrétaire général adjoint de l'Assemblée nationale de la République du Congo, ainsi qu'un de ses collaborateurs.
Tout en étant favorable à ce texte, qui a pour objet de faire cesser les abus en matière de crédit à la consommation, je tiens à appeler l'attention de mes collègues, en ma qualité de député du Nord, sur la situation de la vente à distance dans ce département et les conséquences éventuelles qu'aurait un texte excessif sur un secteur d'activité qui lutte pour sa survie. La Redoute et Les Trois Suisses, qu'il ne faut pas confondre avec le e-commerce, vivent la fin d'un modèle économique. Ces deux entreprises, qui sont aujourd'hui obligées de supporter à la fois le coût des catalogues et celui d'internet, réalisent leurs chiffres d'affaires grâce au crédit à la consommation, puisqu'elles ont vendu leurs filiales financières. Ce texte doit veiller à respecter un certain équilibre afin de ne pas créer des situations préjudiciables à l'emploi – 30 000 emplois qui, le plus souvent, ne sont pas qualifiés, sont concernés dans le Nord. Et il ne faut pas oublier les emplois induits, notamment dans l'imprimerie et la communication.
Ce texte, qui va dans le bon sens, doit être encore amélioré. Il doit être durci, notamment, en ce qui concerne la publicité.
Pour avoir travaillé très longtemps dans une banque, je puis témoigner qu'auparavant le crédit affecté représentait 90 % et le crédit renouvelable 10 % seulement. Il était de plus ouvert à des clients bénéficiant de revenus élevés. Or, aujourd'hui, 84 % des dossiers de surendettement déposés comportent six crédits renouvelables en moyenne !
Le texte devrait prévoir l'interdiction des publicités relatives aux cartes de fidélité et au rachat de crédit. En effet, la baisse des remboursements est obtenue à des prix exorbitants, l'allongement des crédits pouvant atteindre des durées équivalentes à celle de crédits immobiliers, mais avec des taux abusifs.
Il convient de baisser le taux d'usure que, comme l'a souligné M. Le Déaut, il appartient aux parlementaires de fixer.
Il faut également mettre fin au harcèlement pratiqué par des organismes qui cherchent à intimider leurs clients en téléphonant à leur patron ou à leurs voisins : de telles méthodes dépassent les limites du tolérable.
Enfin, j'ai voulu assister, dans le département où je suis élu, à une commission de surendettement : il m'a été répondu que cela n'était pas possible. Il serait pourtant intéressant que des élus de la nation prennent connaissance des situations réelles auxquelles ces commissions sont confrontées.
Les utilisateurs du crédit renouvelable peuvent être regroupés en trois catégories. La première, ce sont les victimes : il convient de savoir à leur propos s'il ne vaudrait pas mieux les protéger que d'interdire le démarchage, car il ne faut pas oublier la liberté d'entreprendre des sociétés de vente.
La deuxième catégorie est constituée de la grosse masse des usagers : la plupart des citoyens savent en effet utiliser le crédit renouvelable.
La troisième catégorie regroupe ceux qui, à dessein, piègent les organismes, leur conjoint et, enfin, la société, lorsqu'ils se mettent en insolvabilité. Le fichier ne devra protéger que les honnêtes gens.
La protection du conjoint ne devrait-elle pas commencer le jour du mariage ? Pour ce faire, il conviendrait peut-être que le contrat par défaut ne soit plus la communauté des biens mais la séparation de biens, comme pour le PACS.
Madame la ministre, il faut mettre un terme aux situations dramatiques de surendettement. Or, ce texte ne va pas assez loin, notamment l'article 3 relatif à l'information précontractuelle de l'emprunteur, puisque celui-ci recevra simplement une fiche d'information sur le crédit, ce qui est insuffisant pour éviter le surendettement.
À partir du moment où le consommateur sollicite un crédit sur le lieu de vente, un délai de réflexion se révélera nécessaire, ce qui interdira toute situation d'achat compulsif ou effectué sous la pression familiale ou commerciale.
Contrairement à ce qui a pu être dit dans l'hémicycle, le groupe SRC n'est pas opposé au crédit mais favorable aux bons crédits qui font les bons dépôts, selon l'adage bien connu des économistes et des Américains. Il s'agit donc de lutter contre un enchaînement de crédits qui peut se révéler négatif pour le consommateur – je m'inscris en faux contre les propos de M. Taugourdeau.
Le plus important ne se joue pas tant à la souscription du crédit que par la suite, de nombreux consommateurs se voyant proposer au fil des mois une augmentation de leur réserve de crédit, qu'ils utilisent en c as de problèmes de pouvoir d'achat. Ils finissent par ne plus pouvoir amortir le prêt.
Des amendements devront prévoir des mesures concrètes relativement aux sollicitations qui parviennent au consommateur après la souscription de son crédit. En effet, le consommateur, qui est au départ dans la démarche vertueuse d'un crédit permettant d'acheter des biens d'équipement, se trouve par la suite engagé dans un mécanisme infernal.
N'oublions pas que les organismes de crédit prospèrent parce que les banques ne remplissent pas leur mission de prêt aux particuliers, les crédits à la consommation n'étant pas facilement distribués auprès de tous les consommateurs. Le droit au compte devrait s'accompagner d'un droit au crédit à la consommation, dès lors que le client présente toutes les garanties.
La question est celle de la responsabilisation des différents acteurs. Le fichier positif permettra d'éviter certains abus mais il ne résoudra pas le problème des réserves de crédit, qui peuvent faire basculer un foyer dans le surendettement. De même, en aval, le FICP ne pourra pas répondre à toutes les situations.
Je vous remercie de vos interventions pertinentes.
Je suis déterminée à améliorer l'existant pour répondre à l'urgence et à ce que nous ayons le débat, dans un objectif de moyen terme, sur l'opportunité de mettre en place un répertoire national et sur les conditions d'accès aux données qu'il contiendrait. Du reste, je ne suis pas convaincue de l'efficacité d'un tel répertoire.
Monsieur Brottes, vous avez, en évoquant le taux d'usure, parlé de vol à main non armée. Le texte issu du Sénat permettra de réaliser des progrès en la matière puisque le système qui consiste à déconnecter la qualification juridique du crédit et le taux va dans la bonne direction. Il est normal, en ce qui concerne les petits crédits, que compte tenu des risques juridiques qui leur sont associés, en fonction de la situation du débiteur et des frais d'ouverture du dossier, les taux soient plus élevés que pour les crédits plus importants. Mon objectif est d'éviter le mauvais crédit, c'est-à-dire un crédit qui est, à la fois, mal adapté à l'emprunteur et mal affecté.
Monsieur Poignant, il est vrai que je n'ai pas répondu à Mme de La Raudière, qui m'a demandé si l'amortissement minimum sera applicable aux stocks : il le faudra, moyennant une solution pratique qui reste à trouver. Une période transitoire devra être prévue, permettant de monter le stock au niveau que vous adopterez par voie législative, un décret devant fixer les conditions de transition.
En ce qui concerne le rachat des crédits, il peut être, pour le consommateur, aussi utile que dangereux, si on prend en considération certaines clauses. Pour la première fois, un projet de loi évoque l'activité de rachat et de regroupement des crédits. Le texte peut être encore enrichi pour éviter les abus. M. le rapporteur a notamment étudié la difficile question du regroupement alors que les crédits rechargeables restent ouverts.
Madame Vautrin, en ce qui concerne l'identité du conjoint et la solidarité entre époux, je suis sensible à l'argument de M. Suguenot relatif au risque qu'il y aurait à engager le conjoint si cela devait aboutir à interdire tout recours.
Monsieur Suguenot, vous avez également évoqué la question des cartes confuses. Comme le texte le prévoit, il ne doit pas y avoir de liaison automatique entre carte de fidélité et carte de crédit. Désormais, pour les cartes de fidélité avec fonction de paiement comptant, le crédit ne pourra être activé que sur demande expresse du consommateur.
M. le rapporteur pour avis de la commission des lois a soulevé la question des cadeaux, des bonifications et des incitations à l'entrée dans le crédit à la consommation : un mécanisme doit être prévu qui ne conditionne pas tel ou tel avantage particulier à l'entrée dans le crédit à la consommation ou l'activation de la carte.
Messieurs Gaubert et Sirugue, vous avez évoqué l'idée que le crédit renouvelable serait aujourd'hui utilisé massivement pour financer des dépenses courantes : tel n'est pas le cas. En effet, alors que la vente par correspondance réalise 40 % de son chiffre d'affaires grâce au crédit à la consommation, seulement 5 % des ventes des grandes surfaces commerciales sont financées par ce type de crédit.
Monsieur Léonard, il convient, non pas d'interdire le démarchage, mais de trouver un point d'équilibre, comme l'a souligné M. Gérard. En effet, de nombreux intérêts sont en jeu : ceux des consommateurs, surendettés ou non, ceux des salariés rattachés directement ou indirectement aux secteurs d'activité concernés, ainsi que ceux de l'activité du crédit à la consommation elle-même. L'interdiction du démarchage tuerait le crédit à la consommation. En revanche, comme l'a suggéré M. le président Ollier, il convient d'arrêter le démarchage intensif, le harcèlement ou les relances téléphoniques auprès de tiers, visant à culpabiliser l'emprunteur. Il faut rédiger un texte équilibré, permettant de maintenir le crédit à la consommation tout en évitant le harcèlement.
Monsieur Dumas, il est tout à fait possible, pour un parlementaire, de participer à une commission de surendettement, n'est-ce pas, monsieur le rapporteur ?
Certes, mais dans le département où je suis élu, j'ai dû obtenir l'autorisation du préfet.
C'est sans doute en raison du caractère très personnel des dossiers traités.
Les préfets peuvent autoriser des représentants de la nation à assister à de telles commissions. Si vous rencontrez des difficultés, contactez-moi.
Ce n'est pas l'objet du texte.
CRÉDIT À LA CONSOMMATION
Chapitre Ier : définitions et champ d'application
Article 1er A (nouveau) [article L. 313-3 du code de la consommation] : Seuils de l'usure
La Commission est saisie de l'amendement CE 49 de M. Jean Gaubert, visant à supprimer l'article 1er A.
En matière de seuils de l'usure, le texte est d'autant moins à la hauteur des enjeux que le rapport du Sénat lui-même explique que, dans de nombreux cas, nous assisterons non pas à une diminution mais à une augmentation du taux des prêts.
Le législateur doit prévoir un cadre à l'intérieur duquel les opérateurs pourront agir.
Avis défavorable, car le dispositif prévu dans le texte entraînera la baisse globale du taux de l'usure, du fait que, à l'intérieur de chaque tranche, et non plus pour chaque famille de crédit, un seul taux d'usure sera prévu pour les crédits renouvelables et un autre pour les crédits amortissables.
Je rappelle que les taux d'intérêt sont plus élevés pour les petits crédits en raison notamment des frais de dossier à la charge des prêteurs.
Le Gouvernement est défavorable à cet amendement mais il souhaite entrer dans le vif du débat.
Précisément, cet amendement nous permet d'entrer dans le vif du débat ! Je le répète : cet article entraînera une hausse de certains seuils de l'usure. Or, nous voulons que les prêts soient les plus abordables possibles pour nos concitoyens afin qu'ils puissent les amortir, ce que des taux trop élevés leur interdiront de faire, comme l'a souligné M. Delevoye, le Médiateur de la République.
Du reste, si les défaillances ne représentent que 2 % de l'encours des crédits à la consommation, en raison notamment du rechargement par d'autres prêts et de la terreur exercée sur les emprunteurs, comment expliquer de tels taux ?
Madame la ministre, ce sont aujourd'hui les plus pauvres qui paient les marges des banques – je pourrais en donner un témoignage personnel – Est-ce normal ? Il est clair que c'est la question de la solidarité à l'intérieur du système bancaire qui nous séparera.
Ce sont des organismes financiers spécialisés qui accordent les crédits renouvelables tandis que la plupart des crédits affectés ou amortissables sont consentis par le réseau bancaire. En fondant les seuils de l'usure sur des tranches par montant, le texte permettra de réintroduire de la concurrence car certains taux baisseront uniquement en raison de l'augmentation du nombre des opérateurs. Il appartiendra évidemment à la direction générale de la concurrence de s'assurer de l'absence de tout mécanisme d'action concertée.
Si nous effectuons un parallèle avec la crise bancaire et économique, en dépit de la concurrence entre les banques, celles-ci ont récupéré la moitié de la différence entre les taux actuels de la banque centrale européenne (BCE) et ceux d'il y a un an. J'ignore si les établissements se sont entendus entre eux : en tout cas, ils ont tous eu recours à la même pratique.
La Commission rejette l'amendement de suppression.
Elle examine ensuite l'amendement CE 48 de M. Jean Gaubert.
Aujourd'hui, les taux d'intérêt peuvent atteindre 20 %, ce qui ne permet pas aux emprunteurs de les rembourser. Ils sont donc très rentables pour le secteur bancaire, notamment pour les sociétés spécialisées dans ce type crédit. Or, cet argent provient de ceux de nos concitoyens qui connaissent les plus grandes difficultés. Je rappelle que le Médiateur de la République a lui-même souligné que les emprunteurs ne pouvaient plus rembourser le principal avec un taux supérieur à 10 %. Dois-je également rappeler que le Congrès américain examinera bientôt une proposition visant à limiter à huit points au-dessus du taux interbancaire le taux des prêts à la consommation ?
Cet amendement vise donc, pour chaque catégorie de prêt, à arrêter un mécanisme équitable et souple – entre 5 et 10 points – de fixation du taux de l'usure, le Gouvernement ou la Banque de France pouvant le réglementer.
Défavorable. Le texte permet de réaliser des progrès par rapport au dispositif actuel. Du reste, l'article 1er A laisse au gouverneur de la Banque de France la possibilité de faire des propositions adaptées aux circonstances ; un comité est mis en place à cette fin.
Le Gouvernement est également défavorable à la mise en place d'une indexation des taux d'intérêts sur l'Euribor. Cela aurait pour effet d'écarter du crédit à la consommation nombre de nos concitoyens, auxquels aucun prêt ne serait plus accordé.
Avant toute chose, nous ferons le bilan du mécanisme instauré par le projet de loi.
Ce que propose le texte est une étape par rapport à ce que nous proposons. Vous avez du reste répondu avec franchise, madame la ministre : si les organismes n'ont pas la possibilité de prêter à des taux très élevés, de nombreuses personnes seront écartées du crédit. Alors que nous préconisons l'instauration d'un prêt social encadré pour les personnes en grande difficulté, nous ne saurions accepter qu'elles soient soumises au taux maximal pour avoir accès au crédit.
Madame la ministre, les banques, même avec un taux à 10 %, gagneront encore de l'argent – moins, assurément, mais elles en gagneront – Est-il normal qu'elles réalisent leurs marges sur les pauvres ?
Par ailleurs, monsieur le rapporteur, le gouverneur de la Banque de France prend beaucoup de libertés en envoyant régulièrement des lobbyistes nous convaincre que nos propositions, relatives notamment au fichier positif, sont mauvaises.
La Commission rejette l'amendement.
Elle examine ensuite l'amendement CE 137 de M. Lionel Tardy.
Le projet de loi prévoit désormais la création d'un comité consultatif – dès l'article 1er A pour ce texte –, alors qu'une telle disposition relève du domaine réglementaire. Il existe pour ce type d'institutions une procédure fixée par décret avec une étude d'impact préalable et une durée de vie limitée de l'organisme créé, que ne prévoit pas l'alinéa 8. C'est pourquoi je propose la suppression de cet alinéa.
Je proposerai un amendement visant à donner à ce comité une durée de vie de deux ans non renouvelables afin de lui permettre d'évaluer le dispositif que nous mettons en place. Je demande donc à M. Tardy de bien vouloir retirer son amendement.
Je me rallie à cette solution.
Nous sommes en droit de supposer que ce comité ne servira à rien. D'autre part, M. le rapporteur pourrait-il nous expliquer comment les oppositions seront représentées dans ce comité, puisqu'il ne comprendra qu'un seul député et un seul sénateur ?
L'amendement CE 137 est retiré.
La Commission adopte ensuite les amendements CE 327, CE 297 et CE 326 de M. le rapporteur.
Puis elle adopte l'article 1er A ainsi modifié.
Article 1er B : Coordination légistique
La Commission est saisie de l'amendement CE 241 du rapporteur.
Si la Commission décide d'adopter cet amendement, qui modifie la rédaction de l'article, les amendements CE 50 rectifié et CE 51 de M. Jean Gaubert n'auront plus d'objet. Dans un souci de courtoisie à l'égard de l'opposition, je propose à leur auteur de les présenter avant que la Commission n'examine l'amendement du rapporteur.
Merci, monsieur le président.
L'amendement CE 50 rectifié tend à interdire les crédits renouvelables, qui nous paraissent dangereux par nature, quelles que soient les améliorations apportées par le présent texte de loi.
En effet, même si l'on fixe un délai maximal pour ce type de crédits, lorsqu'un emprunteur ne pourra pas rembourser le montant dû à l'échéance, il n'aura pas d'autre solution que d'en contracter un autre, chez un autre établissement de crédit, voire chez le même. C'est comme le gamin qui va creuser des trous de plus en plus profonds dans le sable, à cette différence près qu'en matière bancaire, on ne peut pas compter sur la mer pour aplanir le terrain !
Privilégions donc plutôt le crédit amortissable, qui était, jusqu'à il y a une quinzaine d'années, l'unique solution de crédit proposée à nos concitoyens.
L'amendement 51 est de cohérence.
J'émets un avis défavorable sur les deux amendements, dans la mesure où le texte met en place un dispositif d'amortissement obligatoire du capital emprunté pour les crédits renouvelables. La situation que vous décrivez ne pourra donc plus se produire.
Avis défavorable. Nous avons déjà longuement débattu de cette question : en introduisant l'obligation de prévoir un amortissement minimum du capital emprunté, le projet de loi limite les risques du crédit renouvelable. Ce qui importe, c'est que le montant pour lequel le crédit renouvelable a été souscrit diminue au fur et à mesure des mensualités. Si, en fin de compte, l'emprunteur s'ouvre de nouvelles facultés de crédit, il aura entre-temps acquis un bien.
Ce point constitue la réelle source de clivage entre nous, madame la ministre : si vous aviez proposé un crédit renouvelable qui soit amortissable sans être rechargeable, nous aurions soutenu ce texte. Fixer un délai maximal au crédit est une bonne mesure ; mais si les gens peuvent recharger leur dette, cette mesure ne servira à rien : ils pourront arriver au terme du crédit avec une dette quasiment égale au capital initialement emprunté.
Mais entre-temps, ils auront utilisé ce crédit !
Oui, pour acheter des carottes et des pommes de terre ! Vous savez bien qu'il existe deux types d'achats à crédit : les dépenses d'équipement, pour lesquels il vaut mieux privilégier le crédit amortissable – ce dont vous convenez ; et le substitut au manque de pouvoir d'achat, problème hautement politique, aujourd'hui financé en partie par des crédits renouvelables. Si les emprunteurs ont la possibilité de recharger ceux-ci, lorsqu'ils arriveront à leur terme, ils seront obligés de contracter un autre crédit pour effectuer le remboursement.
L'amendement 241, qui récrit l'article, est assez technique. Le texte de loi modifiant de nombreux articles du code de la consommation, il convenait de procéder à une remise en ordre.
En somme, l'amendement tire la conséquence de ce que nous n'avons pas encore voté. Il aurait fallu l'examiner à la fin du texte, non au début. Que se passerait-il si la Commission n'adoptait pas les dispositions prévues ?
L'amendement est la conséquence, non de ce que nous allons voter, mais du texte adopté par le Sénat.
Si nous modifions le texte du Sénat, nous devrons rédiger un autre amendement de coordination !
Monsieur le président, la nouvelle procédure d'examen des projets de lois, qui accorde à la Commission un rôle plus important que par le passé, nécessiterait que l'on procède autrement pour ce genre de « toilettage ». Vous avez eu la courtoisie de nous permettre de présenter nos amendements, mais ceux-ci, en tout état de cause, ne pourront pas être mis aux voix, puisque la Commission aura préalablement adopté celui du rapporteur. Cela pose un problème, non politique, mais technique.
Je comprends le problème que cela pose, mais je vous remercie de faire confiance à la présidence.
La Commission adopte l'amendement CE 241 du rapporteur, les amendements CE 50 rectifié et CE 51 devenant alors sans objet.
L'article 1er B est adopté dans sa nouvelle rédaction.
Avant l'article 1er
La Commission est saisie de l'amendement CE 52 de M. Jean Gaubert, portant article additionnel avant l'article 1er.
Cet amendement tend à abroger le dispositif de l'hypothèque rechargeable, introduit en 2006. Heureusement que cette disposition est arrivée trop tard et que le dispositif n'a pas fonctionné, cela nous a évité une situation similaire à celle des États-Unis !
Notre économie reste très fragile et la bulle immobilière n'a pas totalement éclaté. Afin d'éviter une nouvelle catastrophe, nous souhaitons retirer l'hypothèque rechargeable de l'offre de crédits française.
Avis défavorable. D'abord, l'hypothèque rechargeable diffère du mortgage américain, puisqu'elle permet à l'emprunteur de réutiliser une hypothèque déjà inscrite à l'appui d'un prêt pour obtenir un nouveau crédit, à hauteur des remboursements déjà effectués, et non de la valeur du bien, comme aux États-Unis – le risque étant que, lorsque cette valeur diminue, l'hypothèque ne permette plus de garantir la totalité du prêt.
Ensuite, ce dispositif a son utilité ; d'ailleurs, quelque 15 000 hypothèques rechargeables ont été contractées.
On a dénombré 3 611 rechargements d'hypothèques en 2009, contre 14 417 en 2008. Ce tassement est en grande partie dû à la sécurité et au formalisme dont on a entouré le mécanisme français.
D'abord, toutes les conditions du code de la consommation s'y appliquent. Ensuite, on ne peut recharger l'hypothèque que dans la limite de la valeur pour laquelle le bien immobilier était inscrit – ce qui constitue une grande différence avec les subprimes ; il n'est pas possible de réévaluer, en cours de crédit, le bien apporté en garantie. Le rechargement doit être fait par l'intermédiaire d'un notaire. Enfin, on ne peut utiliser l'hypothèque rechargeable pour garantir un crédit renouvelable.
Ce mécanisme, peu utilisé, est néanmoins utile pour les personnes ayant souscrit un crédit avec une constitution de garantie sous forme d'hypothèque. J'émets par conséquent un avis défavorable à l'amendement de M. Gaubert.
Nous avons déjà évoqué le sujet en séance plénière le 15 octobre dernier. Je suis d'accord avec Mme la ministre : plutôt que de s'attaquer à l'instrument, il faut en réglementer l'usage. La crise des subprimes est due à l'imprudence des banques américaines, qui ont fait un mauvais usage des outils à leur disposition. Il convient de modifier le comportement des banques, en leur imposant davantage de règles prudentielles et de contrôles. Je ne suis pas opposé à une évolution du dispositif, mais le débat ne doit pas être purement idéologique.
Nous ne souhaitons pas engager un débat idéologique, mais protéger nos concitoyens, y compris contre leurs propres comportements. Aucun d'entre nous ne peut prétendre qu'il ne pourrait pas, en pareille situation, tomber dans ce piège.
La crise des subprimes est certes imputable aux Américains, mais les banquiers français y ont très largement participé en achetant imprudemment des produits financiers pourris. Peut-être cela fut-il dû à une réaction de solidarité – mais, plus certainement, à l'appât d'un gain facile.
Par ailleurs, madame la ministre, vous venez de démontrer que l'hypothèque rechargeable ne servait à rien, ou presque ; or maintenir un dispositif inutile est extrêmement dangereux !
Enfin, certains biens immobiliers, achetés à l'aide d'un crédit quasiment total il y a deux ans, ont perdu 30 % de leur valeur. Le rechargement de l'hypothèque sur la base d'une estimation de la valeur du bien datant de trois ans est donc dangereux. Évitons de provoquer des drames !
La Commission rejette l'amendement CE 52.
Article 1er [articles L. 311-1 à L. 311-3 du code de la consommation] : Définitions et champ d'application du crédit à la consommation
La Commission adopte successivement l'amendement de coordination CE 251 et les amendements rédactionnels CE 252 et CE 253 du rapporteur.
Elle examine ensuite, en discussion commune, l'amendement CE 84 de M. Louis Cosyns et l'amendement CE 131 de M. Jean-Louis Léonard.
Mon amendement vise à mieux encadrer l'utilisation du crédit renouvelable. Je considère pour ma part qu'un tel crédit doit être amortissable dans un délai de 36 mois.
Mon amendement tend à conditionner l'octroi d'un crédit renouvelable à la vérification de la capacité de l'emprunteur à le rembourser dans un délai de douze mois. On favoriserait ainsi la bonne gestion de ce qui n'est qu'une ligne de trésorerie.
Avis défavorable : ces amendements sont partiellement satisfaits par le dispositif d'amortissement minimal du capital emprunté. Si l'on allait plus loin et que l'on limitait à un an ou à trois ans la durée du remboursement, il ne s'agirait plus d'un crédit renouvelable, mais d'une ligne de trésorerie.
Je suggère à leurs auteurs de retirer ces amendements. S'agissant des délais de remboursement, le texte prévoit de limiter à trois ans la durée des crédits renouvelables portant sur un montant inférieur à 3 000 euros, et à cinq ans celle des crédits renouvelables portant sur un montant supérieur à 3 000 euros. On souhaite ainsi éviter que les crédits se succèdent sans fin.
Par ailleurs, s'il est vrai que les crédits renouvelables correspondent parfois à des lignes de trésorerie, ils sont également utilisés pour réaliser de petits achats. Ne restreignons pas leur champ d'application !
Les auteurs des amendements accepteraient-ils de travailler avec le Gouvernement à une nouvelle rédaction dans le cadre de l'article 88 ?
S'agissant des crédits portant sur un montant inférieur à 3 000 euros, je suis d'accord avec la proposition de Mme la ministre ; mais il faudrait que les autres crédits renouvelables soient également limités dans le temps.
Ils le seront, puisque la durée maximale des crédits renouvelables sera de cinq ans.
M. le rapporteur prendra contact avec vous afin de trouver une solution dans le cadre de l'article 88.
En ce qui me concerne, je ne suis pas convaincu par les explications de Mme la ministre et de M. le rapporteur, compte tenu des durées et des sommes en jeu : une dette de 3 000 euros ne vous paraît peut-être pas grand-chose, mais, pour certaines personnes, c'est grave.
Je prends toutefois bonne note de votre proposition, et si M. le rapporteur s'engage à prendre contact avec nous en vue du dépôt d'un nouvel amendement au titre de l'article 88, je suis prêt à retirer celui-ci.
Le texte prévoit la rédaction d'un décret en Conseil d'État. Nous travaillerons avec le Gouvernement sur vos propositions dans le cadre, non de l'article 88, mais de la préparation de ce décret.
Ce qui importe, c'est que les signataires des amendements soient assurés que leurs demandes seront prises en compte.
L'amendement CE 131, retiré par M. Léonard, repris par M. Brottes, est rejeté par la Commission.
Celle-ci examine ensuite l'amendement CE 57 rectifié de M. Jean Gaubert.
Cet amendement tend à interdire que la distribution et l'ouverture de crédits se fassent dans le même lieu que la vente des produits. Cette pratique risque en effet de rendre inopérant votre dispositif visant à garantir au consommateur une offre conjointe de crédit amortissable et de crédit renouvelable.
Certains organismes ne pratiquent que le crédit renouvelable et, surtout, la rémunération du vendeur est également fonction de l'ouverture de crédit – le crédit renouvelable étant en général le plus intéressant pour lui. Il convient donc de séparer physiquement l'acte de vente d'un produit et l'acte d'ouverture d'un crédit.
Avis défavorable : si nous adoptions cet amendement, nous interdirions l'ouverture de crédits chez les concessionnaires automobiles !
Même avis. Les réaménagements qu'implique une telle mesure imposeraient aux magasins des investissements trop importants, eu égard à la conjoncture. Et puis, soyons réalistes : ceux qui en auront les moyens pourront toujours, dans une même galerie marchande, assurer d'un côté, la vente de biens de consommation, de l'autre, la distribution de crédits. Cet amendement me paraît donc artificiel.
Par ailleurs, le projet de loi a précisément pour objet d'obliger tout organisme de financement à proposer à la fois du crédit amortissable et du crédit renouvelable. La pratique que vous dénoncez sera donc rendue impossible.
Ce n'est pas la première fois que vous rejetez cette proposition ; à chaque fois, faute de meilleur argument, vous nous opposez l'exemple de la vente d'automobiles !
Ce qui n'est pas moral, c'est qu'un vendeur perçoive une commission à la fois sur la vente d'un produit et sur la vente d'un crédit. Seriez-vous d'accord pour interdire cette double rémunération ? Dans ce cas, nous pourrions réécrire l'amendement.
Ne compliquons pas les choses ! Comment fera-t-on pour les zones frontalières ? Et sur Internet, devra-t-on jongler entre les sites pour acheter l'objet et obtenir le crédit ?
Madame la ministre, vous affirmez que le dispositif mis en place garantira une offre conjointe de crédit amortissable et de crédit renouvelable. Mais il suffit d'aller dans un supermarché pour observer comment on oriente le consommateur vers un produit plutôt qu'un autre. En l'occurrence, on privilégiera celui qui est le plus rentable pour l'entreprise – et pour le vendeur.
Monsieur Brottes, votre demande sera satisfaite par un amendement ultérieur du rapporteur pour avis de la Commission des lois. Monsieur Gaubert, la fiche d'information précontractuelle permettra précisément de lutter contre les pratiques que vous dénoncez.
Le Gouvernement émettra un avis favorable aux amendements du rapporteur et du rapporteur pour avis de la Commission des lois tendant à modifier le système des commissions, afin que les vendeurs ne soient pas incités à faire ouvrir des crédits renouvelables à leurs clients. En revanche, il ne me paraît pas anormal que la distribution de crédits fasse l'objet d'une rémunération distincte.
La Commission rejette l'amendement.
Membres présents ou excusés
Commission des affaires économiques
Réunion du mercredi 9 décembre 2009 à 10 heures
Présents. - M. Alfred Almont, M. Jean-Paul Anciaux, M. Thierry Benoit, M. Gabriel Biancheri, M. François Brottes, M. Louis Cosyns, Mme Catherine Coutelle, M. Jean-Michel Couve, M. Jean-Pierre Decool, M. Jean Dionis du Séjour, M. Marc Dolez, M. William Dumas, Mme Corinne Erhel, M. Daniel Fasquelle, Mme Geneviève Fioraso, M. Jean-Louis Gagnaire, M. Claude Gatignol, M. Jean Gaubert, M. Bernard Gérard, M. Daniel Goldberg, M. Jean-Pierre Grand, M. Jean Grellier, M. Louis Guédon, M. Antoine Herth, Mme Laure de La Raudière, M. Pierre Lasbordes, M. Jean-Yves Le Bouillonnec, M. Jean-Yves Le Déaut, M. Michel Lefait, M. Michel Lejeune, Mme Annick Le Loch, M. Jean-Louis Léonard, M. François Loos, Mme Jacqueline Maquet, Mme Marie-Lou Marcel, M. Jean-René Marsac, Mme Frédérique Massat, M. Kléber Mesquida, M. Jean-Marie Morisset, M. Jean-Pierre Nicolas, M. Patrick Ollier, M. Daniel Paul, M. Michel Piron, M. Serge Poignant, Mme Josette Pons, M. Jean Proriol, M. François Pupponi, M. Michel Raison, Mme Chantal Robin-Rodrigo, M. Francis Saint-Léger, M. Alain Suguenot, M. Lionel Tardy, M. Jean-Charles Taugourdeau, Mme Catherine Vautrin, M. Jean-Michel Villaumé
Excusés. - Mme Pascale Got, M. Henri Jibrayel
Assistaient également à la réunion. - M. Éric Diard, M. Jean-Pierre Gorges, Mme Martine Lignières-Cassou, M. Christian Ménard, M. Jean-Luc Pérat, M. Christophe Sirugue