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Pourtant, contrairement à ce que vous prétendez, il reste profondément vrai que l'art d'enseigner ne s'improvise pas : il s'apprend. La mastérisation ne suffira jamais à faire d'un étudiant, même savant, un enseignant qui fasse honneur au métier qu'il exerce. La Cour des comptes vient d'ailleurs de nous rendre, aujourd'hui même, un rapport qui permet à l'éditorialiste du Monde de titrer sa une sur ce sujet, en soulignant l'échec cinglant de la formation des maîtres telle que vous l'avez initiée en 2008. Cela ne surprendra pas ceux d'entre nous qui, dès cette époque, vous avaient alerté sur la nocivité de cett...
...tion des maîtres. Ainsi, en 1969, on a fort opportunément porté d'un à deux ans la durée de la formation, selon les préconisations du plan Langevin-Wallon. Vingt ans plus tard, avec la création des IUFM en 1989, la majorité de gauche et le ministre de l'éducation nationale d'alors, Lionel Jospin, ont voulu rapprocher la formation professionnelle, jusqu'alors cloisonnée, de ces différents corps d'enseignants intervenant dans le même domaine de l'enseignement obligatoire, primaire et secondaire. Ce rapprochement avait pour objectif de tirer au niveau de la formation des enseignants les conséquences de l'unification de fait du système scolaire : collège unique, scolarisation obligatoire jusqu'à l'âge de seize ans, développement de l'accès au baccalauréat. Ce n'est donc pas un hasard si les différents...
..ce texte amplifierait la désaffection pour le métier d'enseignant, déjà largement engagée, et l'aggravation des performances médiocres de la France en matière d'éducation nationale. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je veux d'abord faire une remarque sur la forme. À écouter M. le rapporteur défendre sa proposition de loi, j'ai eu l'impression qu'il avouait que la suppression de la formation initiale des enseignants était illégale : en évoquant la nécessité de transcrire, dans la loi, une réforme déjà mise en oeuvre dans la pratique, il reconnaissait pour le moins qu'un passage en force avait eu lieu. C'est sans la moindre concertation, sans le moindre débat, que le Gouvernement a profondément modifié le système de formation des enseignants dans notre pays. Je constate d'ailleurs que, sur cinq ans de manda...
Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, la proposition de loi dont nous discutons est un étrange objet législatif, dans la mesure où son examen, a priori justifié par un souci de cohérence juridique, peine à mettre en évidence sa pertinence. Elle vient en conclusion de la réforme de la formation des enseignants, qui est apparue pour ce qu'elle est, à savoir un expédient pour faire des économies à court terme, sans souci de l'efficacité des conditions de transmission des savoirs et de l'apprentissage du savoir vivre ensemble. Cette proposition vise à faire juridiquement des universités la seule référence en matière de formation des maîtres en tirant la conséquence de l'intégration des IUFM dans les univ...
...r leur questionnement, tout mettre en oeuvre pour qu'ils puissent devenir des citoyens éclairés. Pour enseigner, il faut maîtriser le savoir ; c'est évident. Qui peut penser, d'ailleurs, qu'avec un master, c'est-à-dire une formation à bac plus cinq, un adulte n'aurait pas les savoirs académiques indispensables ? C'est d'autant plus vrai en ce qui concerne l'école primaire. Mais, pour être un bon enseignant, il ne suffit pas de maîtriser les connaissances requises : il faut être en capacité de transmettre le savoir, il faut maîtriser la pédagogie, et cela s'apprend dans les écoles normales, pendant des décennies, au sein des IUFM depuis une vingtaine d'années , ou plutôt s'apprenait car les IUFM, ou ce qu'il en reste, ne peuvent plus assurer correctement leur mission pédagogique. Votre majorité,...
...nd cette dernière, que vous donnez tant en exemple, a régressé dans les évaluations Pisa, elle a élevé le niveau de la formation des maîtres ; c'était donc vraiment une évolution en sens inverse de la nôtre. Tout le monde s'accorde à considérer que, pour lutter contre la crise et le chômage, il est nécessaire d'accroître la formation initiale, voire la formation tout au long de la vie. Seuls les enseignants échapperaient à cette règle : voilà qui est un peu étonnant ! Enseigner plusieurs l'ont dit est un métier qui s'apprend. Je vous imagine, les uns et les autres, après un master, passer toute une journée dans une classe d'école maternelle, tenir une classe de CP et apprendre à lire aux élèves ! Vraiment, je vous invite, mes chers collègues, à essayer. Allez donc dans un collège. Je vous mets...
...exte de la proposition de loi précise que la formation des maîtres serait assurée « notamment » par les universités, ce qui signifie ouvertement que cette formation ne serait plus uniquement de leur seule responsabilité. Quel est votre objectif, monsieur le rapporteur ? Voulez-vous faire disparaître les IUFM pour permettre à des établissements ou officines privés de participer à la formation des enseignants ? L'adverbe « notamment » doit être supprimé afin de maintenir l'indispensable équité nationale quel que soit le lieu de formation. L'université doit rester chargée de la formation des enseignants dans toutes ses dimensions, universitaires et professionnelles. C'est le lieu idéal de la création, de la recherche en éducation, de la transmission de savoirs avec une réelle volonté d'insertion prof...
Monsieur le ministre, à ce stade du débat, permettez-moi de poser quelques questions centrales. La nouvelle formation des enseignants, la mastérisation, répond-elle aux besoins de formation pratique, professionnelle, pédagogique, des enseignants ? La réponse est unanime, tant de la part des enseignants ou du rapporteur lui-même, qui a dénoncé les défauts de la formation, que de la part de la Cour des comptes, qui aujourd'hui même a démontré que les objectifs initiaux de la réforme n'étaient pas atteints. Nous sommes en train d...
...de connaissance de l'enfant et des méthodes pédagogiques. Par ailleurs, les IUFM ont-ils un rôle à jouer dans la formation pédagogique des professionnels ? L'université elle-même peut transmettre le savoir, mais ne peut, à elle seule, transmettre la façon de transmettre le savoir. Il faut donc faire appel à des spécialistes. La France serait-elle l'un des seuls pays où l'on n'apprendrait pas aux enseignants à exercer leur métier ? Les IUFM ont bel et bien un rôle à jouer. Peut-être fallait-il les réformer, peut-être devaient-ils subir certaines évolutions, mais on ne réforme pas en supprimant purement et simplement. Or la proposition de loi ne précise nullement ce que sera leur rôle. Ce texte était-il nécessaire maintenant ?
Il l'était si l'on a l'idée de verrouiller. Pour ma part, j'ai plutôt celle de construire quelque chose qui profite aux générations à venir. Chaque année, monsieur le ministre, ce sont 15 000 enseignants qui ne reçoivent plus de formation pratique et pédagogique, et il faut déjà multiplier ce chiffre par quatre années. Si nous perpétuons ce système, si nous n'innovons pas tout de suite, il faudra encore ajouter une année, ou plusieurs ! Vous imaginez les dégâts que cela peut entraîner tant chez les élèves que chez les enseignants. Ce texte ne s'imposait pas en ce moment, ni même pour répondre a...
...le texte. Si vous aviez voulu réserver cela aux seuls instituts publics, vous auriez écrit « les établissements publics d'enseignement supérieur », et non pas uniquement « les établissements d'enseignement supérieur ». Vous ne l'avez pas fait. Ainsi, même si vous ne le voulez pas, vous ouvrez la porte de la formation à n'importe quoi. Je reviendrai sur la question essentielle de la formation des enseignants à propos des amendements à l'article 2.
Le coût calculé par la Cour des comptes est de 370 millions d'euros. Monsieur le ministre, pour 370 millions d'euros d'économies, l'État est peut-être en train de sacrifier l'avenir d'un certain nombre de jeunes scolarisés, voire de compromettre la carrière professionnelle d'un certain nombre d'enseignants. Je ne peux pas l'accepter, et c'est pourquoi je propose la suppression de l'article 1er.
...ng, pour tous les niveaux. L'article 1er abroge aussi ce qui ne fonctionnait pas trop mal, le principe de l'alternance entre la formation théorique et la formation pratique, et prévoit surtout de se passer de l'avis du Haut Conseil de l'éducation, c'est-à-dire d'un cadrage national. Pourquoi voulez-vous absolument que le Haut Conseil de l'éducation n'ait plus d'avis à donner sur la formation des enseignants ? C'est pourquoi nous proposons de supprimer l'article 1er.
...inexact. Premièrement, la proposition de loi ne supprime pas les vingt je dis bien « vingt » articles du code de l'éducation consacrés aux IUFM et je ne comprends pas d'où vient l'affirmation selon laquelle ce texte aurait pour objectif de faire disparaître les instituts. Deuxièmement, si le texte prévoit d'acter la suppression de l'année de formation en alternance en IUFM, la formation des enseignants est en pratique organisée sur trois ans, c'est-à-dire pendant les deux années de master, avec l'organisation de stages pratiques accompagnés et en responsabilité, et pendant l'année de stage au cours de laquelle les enseignants stagiaires suivent une formation complémentaire équivalente à un tiers de leur obligation réglementaire de service. Concernant, troisièmement, l'intervention d'autres ét...
Concernant cet article, permettez-moi de rappeler que la modification proposée tend à abroger le quatrième alinéa de l'article L. 721-1 qui dispose notamment que « dans le cadre des orientations définies par l'État, les instituts universitaires de formation des maîtres conduisent les actions de formation professionnelle initiale des personnels enseignants », et à supprimer au cinquième alinéa le mot « continue ». Autrement dit, la formation initiale et continue des enseignants disparaît alors que, figurant dans le code de l'éducation, elle marquait le rôle des IUFM. Si vous prétendez, monsieur le rapporteur, monsieur le ministre, que vous ne voulez supprimer ni la formation initiale et continue des enseignants ni les IUFM, je ne vois pas pourquo...
J'ai déposé cet amendement pour les mêmes raisons que celles que j'ai évoquées pour l'ensemble du texte. Était-il vraiment opportun de glisser dans la proposition de loi cet article 2 qui écarte les IUFM de la formation continue ? De même que la formation initiale des enseignants était « justifiée » à la base par le ministère, par l'obole qu'il devait verser à Bercy sous la forme de postes de stagiaires, la formation continue des enseignants suppose il ne faut jamais l'oublier des postes de remplacement. Or, sur quoi a-t-on fait porter l'effort au ministère de l'éducation nationale, ces dernières années, pour ajuster les crédits selon la règle du non-remplacement, la...
Je tiens à revenir, avec cet amendement, sur la suppression du mot « continue » dans l'article 2. Nous insistons sur la nécessité d'une formation continue tout au long de la vie. Nous l'avons déjà dit, le métier d'enseignant car il s'agit bien d'un métier serait le seul à ne pas pouvoir bénéficier d'une formation complémentaire, d'une remise à niveau appelons-la comme on veut tant disciplinaire que pédagogique, en fonction de l'évolution de la société ou de la recherche universitaire. Les enseignants en ont besoin pour garder ce plaisir d'enseigner dont j'ai déjà parlé. Car, ne l'oublions pas, il s'agit tout ...
...ducation les références aux formations initiale et continue des maîtres. Avec cet article, l'État renonce à définir des orientations en termes de formation. C'est la fin de tout cadrage. Chaque université construira librement sa maquette de masters. Chaque recteur définira les priorités en fonction des budgets académiques consacrés à la formation continue qu'il souhaite donner à la formation des enseignants stagiaires. Depuis la mastérisation, l'année de fonctionnaire stagiaire, vous le savez, est appelée « formation continuée », terme qui a été inventé pour supprimer la formation initiale présente dans la loi. La suppression du mot « initiale » entérine donc celle de la formation pendant l'année de fonctionnaire stagiaire telle qu'elle existait auparavant, et la suppression du terme « continue » ...
...tion. Je développerai, hélas, la même argumentation avec la même force et la même inquiétude que pour les deux précédents articles. Pourquoi sommes-nous ici cette nuit ? Telle est la question que je me pose en abordant cet article 3. On nous affirme que ce texte est uniquement technique, ce que nous contestons tous. Il est, en effet, profondément politique, car il remet en cause la formation des enseignants, donc la conception même que l'on se fait de l'enseignement, par conséquent de l'école. C'est donc tout sauf un texte technique, lequel pose de nombreux problèmes, comme le prouve la réaction des enseignants eux-mêmes et notamment de leurs représentants. Alors que les syndicats enseignants ne sont en général pas tous d'accord sur la formation des professeurs, vous avez d'ailleurs réussi, ce qui ...