Sur un sujet tel que la bioéthique, je ne m'exprime pas au nom d'une appartenance à un mouvement ou à une majorité politique. En fait, au cours de ce débat, nous nous appuyons tous sur nos convictions les plus profondes : c'est compliqué ; c'est même parfois déchirant.
L'amendement présenté par le Gouvernement vise à maintenir la législation en l'état en supprimant l'article adopté par notre commission spéciale.
Un événement de la vie que nul ne maîtrise doit-il interrompre un projet parental qui visait à faire naître un enfant, à l'élever, à lui permettre de grandir, de s'épanouir et de rejoindre notre société ? Les amendements de suppression plaident pour l'interruption, et j'entends tous les arguments concernant les droits de l'enfant. Pourtant, aujourd'hui, la science et la vie nous ont permis de dépasser les aléas rencontrés – les surmonter est d'ailleurs sans doute le fait même de l'homme.
Nos situations personnelles ne doivent à aucun moment interférer dans notre activité de législateur puisque nous faisons la loi pour l'ensemble de la société. Nous pouvons toutefois donner des exemples.
Parce qu'il était médecin, le père de ma mère est décédé quelques jours seulement après la conception de cette dernière. En 1942, il avait choisi de rejoindre l'Algérie frappée par une épidémie de typhus ; à l'époque, les antibiotiques n'existaient pas encore. Il est mort avant même de savoir qu'il attendait un enfant. Cet exemple compte pour moi mais il ne doit pas influencer le législateur ; il montre seulement que, à quelques jours près, la vie et le projet parental peuvent basculer en fonction d'événements fortuits ou volontaires.
L'essentiel est donc que la « volonté » du couple soit bien réelle, même lorsqu'il se fait assister pour enfanter.