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L'ordre du jour appelle une déclaration du Gouvernement sur la situation en Afghanistan et le débat sur cette déclaration. La parole est à M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes.
...lement rendre hommage aux initiatives de Sandrine Mazetier et du groupe socialiste, qui demande qu'une initiative parlementaire soit prise pour une protection temporaire de ces Afghans réfugiés chez nous, tenant compte du fait que ce pays est en guerre. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) Monsieur le ministre, ma deuxième pensée, à moi aussi, ira vers les soldats français qui sont en Afghanistan. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) Je le ferai avec le sens des responsabilités aussi, parce qu'ils y mènent un combat difficile, douloureux, dangereux.
Je suis l'élu de Tarbes ; deux régiments stationnés dans cette ville ont servi ces derniers mois en Afghanistan et ont payé un lourd tribut à ces combats. Nous nous sommes rencontrés, monsieur le ministre, lors de cérémonies bien tristes. Je sais le prix que les soldats et leurs familles paient pour cet engagement, et le lien entre l'armée et la nation, qui est un lien essentiel en République, mérite que la responsabilité des élus à l'égard des militaires ne soit pas affaire de politique policitienne et de...
J'en viens à l'analyse concrète de la situation en Afghanistan. On peut employer le mot d'enlisement ou d'impasse.
...pelé, de la coalition internationale qui a renversé le régime taliban, ce régime barbare. Ce n'était pas une mince affaire et ce n'est pas un mince succès. Nous devons le saluer. Mais cela date de 2001. Depuis 2001, c'est l'enlisement, l'impasse, l'échec militaire, quoi qu'on en dise, puisque le président Obama considère qu'il faut changer de stratégie, parce que la sécurité n'est pas assurée en Afghanistan. L'échec politique avec une élection présidentielle faite de fraudes massives et d'absence de deuxième tour. L'échec moral avec cette corruption qui se répand tous azimuts et cette culture de pavot que l'on n'arrive pas à éradiquer. L'échec de l'aide civile, car nous savons tous que la communauté internationale fait des efforts considérables, par milliards de dollars ou d'euros, pour l'Afghanista...
... peu trop outre-Atlantique. Je ferai trois observations. D'abord, il y a eu beaucoup de déclarations plutôt hasardeuses de notre président, qui disait un jour pendant la campagne des présidentielles, il n'était pas encore Président de la République : « Nos troupes n'ont pas vocation à rester », mais elles y restent. Ou qui disait, il y a six mois : « Nous n'enverrons pas un soldat de plus en Afghanistan ! » On verra ! Je voudrais surtout parler d'un camouflet, car la révision stratégique à laquelle nous venons d'assister, décidée unilatéralement par le président Obama, a-t-elle associé les responsables politiques et militaires français ? Vous le savez tous : non ! Alors que nous sommes rentrés, dans le commandement intégré de l'OTAN, il y a quelques mois, en disant : « Maintenant, nous aurons d...
...nt : alors que de Gaulle avait quitté le commandement intégré en 1966 parce qu'il n'avait pas pu obtenir, en huit ans, la moindre des garanties et qu'il prenait garde à ne pas être entraîné dans l'enlisement au Vietnam, aujourd'hui, c'est le président Sarkozy - il a sûrement obtenu, en quelques mois, toutes les garanties, mais nous n'en voyons pas la trace qui prend le risque d'un enlisement en Afghanistan. Au-delà de ce camouflet, il y a surtout des réactions à contre-temps. Car on peut dire ce que l'on veut du président Obama, ce que je sais, ce que nous pensons, c'est que le président Bush allait droit dans le mur. Et que le président Obama se pose aujourd'hui des questions, impulse des décisions stratégiques en cherchant une porte de sortie, une solution. De ce point de vue, c'est un progrès n...
Monsieur le président, messieurs les ministres, mes chers collègues, chacune et chacun d'entre nous a conscience de la gravité de notre débat et de la difficulté de la situation en Afghanistan. Ce débat, contrairement à l'orateur précédent, j'estime qu'il intervient à un moment crucial, après la décision du président Obama d'envoyer des renforts très importants en Afghanistan. Débat tellement crucial que l'on peut penser que cette décision représente la dernière chance pour stabiliser cette région du monde et s'assurer que nous n'ayons pas fait tant de sacrifices en vain. Il faut ra...
...u'il s'agit d'une guerre juste, au sens que le président Obama a donné non sans courage à ce terme lorsqu'il a reçu le prix Nobel de la paix à Oslo. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.) Est-ce à dire que nous, parlementaires, ne devrions pas nous interroger sur les sacrifices et les coûts humains et budgétaires en jeu ? Est-ce à dire que nous aurions vocation à rester éternellement en Afghanistan ? Évidemment non. Il est nécessaire et légitime que nous en débattions devant la représentation nationale. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SRC.) En le faisant, nous montrons que nous sommes une nation lucide et capable d'affronter des débats difficiles. Saluons donc le Gouvernement, qui a voulu que ce débat ait lieu. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
J'irai même plus loin : il faut dire à nos concitoyens que nous sommes dans une situation très difficile et que nous risquons véritablement d'échouer en Afghanistan. (Même mouvement.) Du reste, j'ai présenté avec Jean Glavany ce qui montre qu'au-delà des polémiques et des effets de manche, nous pouvons dépasser les clivages partisans pour nous rejoindre sur l'essentiel un rapport dont la commission des affaires étrangères a autorisé la publication à l'unanimité, et qui contient vingt-cinq propositions pour gagner la paix en Afghanistan. Dans ce rapport,...
, voire comme menant une croisade contre les moeurs et les traditions afghanes. Je suis donc cette fois d'accord, bien entendu, avec Jean Glavany : il faut le répéter inlassablement, notre présence n'a d'autre but que de permettre aux Afghans de prendre leur destin en main. Je ne peux naturellement résumer en quelques mots la mosaïque afghane et pakistanaise. Rappelons tout de même que l'Afghanistan n'est pas, et ne sera pas avant très longtemps, un État-nation au sens occidental du terme. Il s'agit d'une addition de vallées, de tribus, de clans où l'intérêt de la famille, du clan, de la tribu passe évidemment avant l'intérêt national afghan. Quant au Pakistan, nous connaissons tous les ambiguïtés de son armée. Là encore, la France a raison de vouloir encourager le pouvoir civil à reprendre ...
...ncipe de non-refoulement garanti par la convention européenne des droits de l'homme et par la convention de Genève. Elles témoignent du cynisme de ce gouvernement, qui n'hésite pas à mettre en péril, au nom d'une politique du chiffre, la vie d'hommes qui ont fui un pays en guerre. Les députés communistes, républicains et du Parti de gauche demandent donc l'arrêt immédiat de toute expulsion vers l'Afghanistan, plongé dans le chaos. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur plusieurs bancs du groupe SRC.) Huit ans après le début de la guerre, la coalition internationale est incontestablement en situation d'échec, de l'aveu même du commandant des forces internationales, Stanley McChrystal, qui est allé jusqu'à ajouter : « Soit on met 450 000 hommes à disposition, soit on s'en va ! » En effet...
Pourra-t-elle revoir ses deux enfants ? Le défenseur du concept d'ingérence humanitaire que vous êtes ne se doit-il pas d'intervenir ? Pour construire la paix en Afghanistan et ailleurs, il importe que la communauté internationale soit crédible. Aussi faut-il d'urgence cesser l'application à deux vitesses des résolutions des Nations unies, que ce soit pour les Palestiniens ou les Sahraouis. La France est grande dans le monde, non lorsqu'elle fournit des militaires, mais lorsqu'elle a le courage politique de défendre ses valeurs fondamentales. (Applaudissements sur le...
Monsieur le président, messieurs les ministres, mes chers collègues, depuis 2001, trente-six de nos soldats ont payé de leur vie l'engagement de la France en Afghanistan. Avant toute chose, monsieur Glavany, monsieur Lecoq, je veux, au nom du Nouveau Centre - car nous ne nous trompons pas, nous, dans l'échelle des valeurs -, rendre une nouvelle fois hommage à leur mémoire. (Applaudissements sur les bancs du groupe NC et sur plusieurs bancs du groupe UMP.) J'ai une pensée toute particulière pour le 8e RPIMA de Castres et pour les familles des soldats de ce régime...
Au-delà des débats qu'a pu susciter sur ces bancs le sens politique de notre engagement en Afghanistan, il demeure que la tragédie d'Uzbeen a sans doute joué, tant pour la classe politique que pour la société française dans son ensemble, un rôle de brutal révélateur de la situation à laquelle faisait face notre armée en Afghanistan, à travers des actions de guerre d'une intensité sans précédent depuis les événements d'Algérie. Après que la coalition eut, en 2001, rapidement atteint ses premiers o...
Depuis l'origine, nous sommes présents en Afghanistan sur la base d'un mandat des Nations unies pour empêcher le retour au pouvoir du régime barbare des talibans, pour prévenir la reconstitution d'un sanctuaire du terrorisme international, pour éviter la déstabilisation du Pakistan voisin figurant au rang des puissances nucléaires, enfin pour y faire reconnaître les droits de l'homme en général et ceux de la femme en particulier. En dépit de la fai...
S'il n'y a de la part de la coalition aucune volonté hégémonique durable sur l'Afghanistan, il n'est cependant pas possible pour la France de se retirer à court terme sans trahir les responsabilités qu'elle prétend assumer au sein de la communauté internationale en tant que membre permanent du Conseil de sécurité.
Mais nous débattons aujourd'hui dans un contexte particulier puisque le président Obama a, le 1er décembre, dévoilé ses intentions et sa stratégie pour l'Afghanistan en annonçant notamment l'envoi dans le courant de l'année 2010 de 30 000 hommes supplémentaires et en validant, par ailleurs, la stratégie de contre-insurrection proposée par le général McChrystal. Si nous saluons les options retenues et l'ambition américaine de réunir rapidement les conditions d'un succès en Afghanistan, qu'il nous soit cependant permis de regretter l'apparence - sinon le carac...
... renforts sur le théâtre afghan. Notre dispositif, récemment renforcé et largement réorganisé en novembre dernier, semble en effet suffisant en l'état pour remplir les missions confiées à nos troupes par le commandement de la FIAS. Pour m'être rendu sur place, je tiens à souligner la nécessité d'assurer une certaine continuité dans la nationalité des troupes prenant en charge chacune des zones en Afghanistan. Ainsi, les succès dans la Kapisa et la Surobi seront les nôtres, les éventuels revers aussi. Pour des raisons tenant tant à la problématique des caveats qu'à la connaissance du terrain, il me semble utile que ce soient des soldats d'une même armée qui se succèdent sur une même zone lors des rotations d'effectifs. Notre armée a démontré à maintes reprises lors d'opérations extérieures son savoi...