Je m'associe à tous les propos qui ont été tenus et je veux dire deux choses très simples.
La première, c'est que Jean-Jacques Urvoas n'a pas dépassé les limites, il s'est contenté de faire son travail de législateur en essayant de comprendre.
La seconde : je comprends tout à fait que l'on ait besoin d'une loi symbole permettant à ceux qui ont été en contact direct avec des événements dramatiques, comme vous, monsieur Bénisti, de se retourner vers les familles en leur expliquant symboliquement que nous avons pris une mesure, mais nous ne dépassons pas par la loi le stade du symbole.
Vous nous demandez quelles solutions nous proposons, et nous allons être un peu en désaccord. Nous devons analyser dans le détail ce qui s'est passé à Grenoble, qui est particulièrement grave. C'est l'une des premières fois où l'on a vu une population se solidariser non pas derrière la famille d'adolescents ayant trouvé la mort dans des conditions dramatiques mais à la suite de la mort d'un délinquant déjà condamné deux fois aux assises. Parmi cette population, il y avait certainement des trafiquants de stupéfiants dont le commerce a été dérangé mais aussi peut-être, et c'est ce qui est le plus grave, des honnêtes gens qui défendent une espèce de territoire. C'est à de telles réactions sur des territoires qu'il faut répondre.
Nos solutions vous les connaissez, et nous allons être en désaccord. Nous devons réfléchir aux trafics de stupéfiants. Il faut les démanteler mais il faut en même temps trouver du travail à tous les smicards du deal qui n'ont pas grand-chose. Je vais vous proposer des emplois-jeunes, vous allez me répondre que nous avons déjà essayé cent fois et que ce n'est pas une bonne solution. Je vais vous suggérer que nous partagions un peu le travail, et les 35 heures n'étaient pas une si mauvaise idée, mais nous allons à nouveau être en désaccord. Bref, il faut un plan d'ensemble.
S'il s'agit d'une mesure symbolique en direction de la police et de la population pour affirmer qu'il est absolument impossible de s'en prendre aux forces de l'ordre parce qu'elles incarnent la société, elles incarnent un ordre favorable à tous, nous sommes d'accord, mais à condition que ce soit prolongé par un plan d'ensemble adapté aux phénomènes que nous voulons combattre, et ce plan d'ensemble, nous ne l'avons pas.
Loin de nous l'idée de faire injure à ceux qui sont tombés, au contraire. Loin de nous l'idée de faire de la peine inutile. Nous faisons simplement une critique rationnelle sur un sujet hautement émotionnel, avec toute la difficulté que cela représente.