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Intervention de Jean Mallot

Réunion du 14 septembre 2010 à 21h30
Réforme des retraites — Après l'article 27 ter, amendements 726 528 729

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Mallot :

Monsieur le président, je crains que vous ne souhaitiez aller un peu plus vite que la musique !

Même si j'ai bien compris dans quel état d'esprit vous présidez cette séance, il n'en reste pas moins que les parlementaires que nous sommes ont des droits, et que, sur chacun des amendements, nous avons dix minutes de temps de parole supplémentaire.

Je ne vois pas très bien pourquoi on ferait l'impasse dessus, surtout s'agissant d'un sujet extrêmement important. Les agriculteurs, chacun en conviendra, jouent un rôle majeur dans notre pays. Ainsi, lorsque le Gouvernement prétend étendre le dispositif dit de pénibilité aux agriculteurs, conformément à ce qu'a dit le Président de la République mercredi dernier, on peut s'interroger : pourquoi n'était-ce pas prévu dès l'origine ?

Dès l'instant où vous prétendez prendre en compte la pénibilité dans les régimes de retraite, on a du mal à imaginer que vous segmentiez la population active et que vous n'ayez pas, d'entrée de jeu, considéré toutes les activités et toutes les professions de notre pays, notamment donc les agriculteurs. En effet, s'il est une profession dont les caractéristiques en termes de pénibilité ne sont discutées par quasiment personne, c'est bien celle-ci. Notre ami André Chassaigne pourrait d'ailleurs en parler longtemps pour décrire le monde de l'élevage, en Auvergne comme ailleurs, par exemple en période de vêlage.

On connaît les difficultés du monde agricole. Dans les plaines céréalières, c'est plutôt l'usage du matériel qui cause notamment des troubles musculo-squelettiques et crée des conditions directement en lien avec la pénibilité, donc avec la réduction de l'espérance de vie, puisque tel est le débat que nous avons.

Première observation : le monde agricole n'aurait pas dû être écarté à l'origine de votre raisonnement. Deuxième observation : s'il est un secteur dans lequel les conditions d'âge sont particulièrement sensibles, c'est bien celui-là. En repoussant les bornes d'âge – de soixante à soixante-deux ans et de soixante-cinq à soixante-sept ans –, et sans développer l'argumentaire, que vous connaissez certainement maintenant, les effets sont probablement encore plus visibles sur le monde agricole qu'ailleurs : je vous laisse imaginer, s'agissant des activités dont nous parlons, ce que cela représente comme difficultés pour les personnes âgées de soixante-cinq à soixante-sept ans. La difficulté physique d'exercer ce métier est une évidence.

À partir de là, il faut envisager la compensation. En effet, la prise en compte de la pénibilité suppose, soit la détermination d'un âge anticipé pour le départ à la retraite, soit une remise à niveau du montant des retraites. Or vous le savez – et nous avions déposé une proposition de loi sur ce sujet en janvier dernier, sur laquelle vous avez voté contre –, il y a beaucoup à faire, puisque le montant des retraites agricoles est largement inférieur à ce qui est nécessaire pour assurer une vie convenable.

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