C'est cela, la réalité de ce budget ! En réalité, pour la deuxième année consécutive, le budget d'investissement – c'est-à-dire le pouvoir d'achat de nos armées – augmente de 11 % à plus de 17 milliards d'euros au lieu des 15 milliards de la loi précédente qui avait amorcé le redressement capacitaire de nos armées.
Aujourd'hui, dans une situation économique des plus contraintes, le Président de la République et vous-même, monsieur le ministre, avez hiérarchisé les priorités.
Ces choix nous les approuvons. Quels sont-ils ? Tout d'abord celui d'un financement effectif des engagements stratégiques. Quoi qu'il puisse être exposé dans cet hémicycle, ce financement demeure une réalité. Les 2 milliards de ressources supplémentaires sont au rendez-vous, que ce soit sous la forme de recettes exceptionnelles, du plan de relance, du déblocage effectif de reports de crédits ou de l'emploi systématique de la réserve de précaution gouvernementale.
Nos armées ont entrepris ainsi une recapitalisation sans précédent de leurs moyens. Une telle constance financière n'avait plus été au rendez-vous depuis la présidence du général de Gaulle, depuis la constitution de notre force de dissuasion.
Ensuite, vous avez fait le choix de la cohérence capacitaire. Ce budget conforte les instruments qui lui sont dédiés. J'ai particulièrement apprécié, lors des auditions de nos chefs militaires, l'adhésion des armées à cette démarche qui vise la mutualisation et l'interarmisation des moyens opératifs et de soutien. C'est une démarche génératrice d'économies et de meilleure capacité opérationnelle.
Enfin, vous avez choisi de rendre nos forces aptes à s'insérer dans les commandements et dispositifs de nos alliances, tant au titre de la défense européenne qu'à celui de l'OTAN.
L'expertise de la France est unanimement reconnue. Je n'énumérerai pas ici les missions auxquelles elle contribue avec succès au titre de l'ONU, de l'Union européenne ou de l'OTAN sur tous les points de la planète. Mais ne boudons pas notre plaisir devant les éloges que lui adressent nos alliés.
Bien au-delà de cette fierté, nous percevons les premières traductions de l'influence de la France au sein d'un axe stratégique qui se dessine de l'Occident à 1'Orient, de l'Europe au sous-continent indien.
Cette dernière observation nous invite, monsieur le ministre, à être très attentifs à certains choix qui dessinent ce budget. Celui de nos capacités stratégiques de projection en cours d'affirmation pour la marine, mais toujours incertaines pour celles concernant l'aérien.
À ce sujet, permettez-moi de mettre en exergue certaines craintes : la possible perte de compétence tactique des équipages et son impact opérationnel ; les lacunes capacitaires touchant notre aéromobilité.