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L'ordre du jour appelle le débat sur l'identité nationale. L'organisation du débat ayant été demandée par le groupe UMP, la parole est à M. Jean François Copé, premier orateur de ce groupe.
Monsieur le président, monsieur le ministre de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du développement solidaire, mes chers collègues, il y a quelques semaines, le Gouvernement a annoncé l'ouverture d'un grand débat sur l'identité nationale. À peine lancé, ce débat a suscité toutes les polémiques, et c'est bien normal : nous payons au prix fort le fait d'avoir évacué depuis trente ans, sans état d'âme, ce qui est pourtant au coeur du débat public français. Je veux vo...
Ils ont ainsi feint de ne pas voir que bien des plaies restaient ouvertes, multipliant les incompréhensions entre nos compatriotes, toutes générations et origines confondues. « Identité nationale » : ces deux mots méritent, sans nul doute, au début de ce débat, d'être décryptés.
Au sujet du premier mot, l'« identité », l'essentiel est de réfléchir à ce que nous sommes, au regard de nos parents, de nos enfants et de notre pays, la France. Le xixe siècle a été le siècle de la constitution des nations ; le xxe siècle, celui du choc des idéologies, dans ce qu'il a eu de pire. Le xxie siècle est quant à lui celui de la mondialisation. Le besoin d'être pleinement identifié à sa terre, à ses racines, de trouver sa ...
...ujourd'hui que l'argent à la bouche. Ils demandent : comment va-t-on payer les retraites ? Comment ferez-vous lorsque nous serons décédés ? Cette fissure-là est peu apparente, mais bien réelle. La troisième fissure apparaît entre ceux qui pensent qu'il n'y a pas de problème d'égalité entre les hommes et les femmes et ceux qui voient bien, tous les jours, que cette inégalité est un sujet majeur d'identité pour notre pays. La quatrième fissure, dont on parle encore moins que des trois autres, sépare ceux qui habitent les villes et ceux qui habitent les campagnes. À la ville, on pense que, quand on vit à la campagne, tout va bien, que c'est le bonheur permanent.
Pas de pollution, pas de difficultés, pas de stress, mais les oiseaux et la nature ! Quand on habite à la campagne, on sait que c'est un peu plus compliqué. Cette césure est, elle aussi, une partie constitutive du débat sur l'identité française.
...s, puisque nous avons la chance de vivre dans un pays comme le nôtre, est la suivante : comment redonner un peu de ce que notre pays nous a donné ? Derrière cette question, il y a l'idée que l'on doit quelque chose à son pays. Cette idée, qui est tellement taboue, nous renvoie à l'essentiel de ce que sont nos missions et de ce que doit être notre vie. C'est également pour cela que le débat sur l'identité nationale est aussi fort : c'est grâce à cette clé que nous pourrons proposer à chacun de nos concitoyens, quelles que soient ses origines et ses sensibilités philosophiques ou religieuses, de réussir sa vie, pour lui-même, pour ses enfants, demain, et pour son pays, la France. (Bravo ! et applaudissements nourris sur les bancs des groupes UMP et NC.)
La parole est à M. Éric Besson, ministre de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du développement solidaire.
C'est de désigner l'immigré ou le musulman comme fauteur d'une « dénaturation » de l'identité française.
...questionnaire de préfecture « Qu'est-ce qu'être Français », onze questions sur les quinze ont trait à l'immigration. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) Dans chacune de vos interventions, vous brandissez la burqa comme le nouveau chiffon noir de la République. Dans chacun de vos exemples des « fissures » j'ai entendu ce mot tout à l'heure dans la bouche de Jean-François Copé de l'identité nationale, vous pointez le cas de musulmans, vous alimentez les préjugés, vous semez les graines de la discorde on ne peut que le regretter. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)
...ge qui les unit, vous érigez un mur de suspicion entre eux. Là où ils aspirent à trouver un espoir qui les transcende, vous leur présentez des boucs émissaires. « La France, tu l'aimes ou tu la quittes. » Jamais je ne croyais pouvoir entendre une telle apostrophe dans la bouche d'un Président de la République ! (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.) Si c'est ça votre vision de l'identité nationale, alors soyez sûrs qu'elle ne sera jamais aimée ! L'amour d'une nation, c'est l'adhésion du coeur, pas un décret de la peur. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur quelques bancs du groupe GDR.) À cette conception craintive, nous opposons notre vision d'une fraternité nationale.
Nous partageons cette préoccupation avec Jean-François Copé, je l'ai entendu. Parce qu'une citoyenneté qui se réduit à la consommation n'est plus la citoyenneté. Nous avions déposé il y a quelques années une proposition de loi que vous aviez rejetée. Nous sommes prêts ; faisons-le ensemble, ce service civique ! Le troisième pilier de notre identité, que vous refusez de voir en face, c'est le modèle social. Il a été évoqué par le Président de la République à Versailles, à propos du Conseil national de la Résistance. Le modèle social français, c'est l'abolition des privilèges qui fait partie de notre patrimoine, au même titre que la langue, l'histoire ou la culture.
Eh bien, le malaise français, il est d'abord là : dans le saccage de notre patrimoine social, dans le sentiment que l'effort et le mérite ne protègent plus du déclassement et que le principe héréditaire l'emporte sur le principe égalitaire j'imagine que cela vous rappelle quelque chose. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur plusieurs bancs du groupe GDR.) Où est notre identité quand le marché envahit toutes les sphères de la société, quand l'argent devient la seule valeur de référence, quand le monde du travail est relégué tout en bas de la hiérarchie des priorités ? Que veut dire la fraternité quand les ouvriers et tous ceux qui vivent de leurs mains sont de plus en plus marginalisés et précarisés ? Non, ce n'est pas la France qui est coupable d'égoïsme, ce n'est pas...
De la même manière, n'était-il pas hasardeux que le Président de la République veuille réformer nos principes de laïcité, ce cinquième pilier de notre identité, qui apparaît, aux yeux mêmes de nombreux pays étrangers, comme l'une des réponses les plus adaptées à la résurgence des conflits religieux ? La France laïque est mieux qu'une marque de fabrique : elle est aujourd'hui un produit d'exportation et un facteur de concorde. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur plusieurs bancs du groupe GDR.) La France laïque doit, sans hésitation, dir...
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, permettez-moi un mot sur les conditions dans lesquelles se déroule notre débat sur l'identité nationale, des conditions iniques qui ne sont pas dignes du rôle de notre assemblée. Le courant communiste, malgré son rôle dans la construction de notre nation, ne dispose dans cet hémicycle que de dix minutes pour aborder un sujet aussi grave. Pourtant, aucune personne, aucun courant de pensée ne détient le monopole de la nation, et je suis choqué que les formations de cet hémicycle ne soient ...
... ont eu pour nom Dreyfus, ils ont eu le visage de ces étrangers internés par la République à la veille de la Seconde guerre mondiale, sous la pression des fascismes de droite. L'histoire semble bel et bien bégayer et, pour masquer une politique économique et sociale en échec, pour débaucher un électorat ultra, le Président de la République sème la division dans le peuple français. Son concept d'identité nationale est scientifiquement inexistant, mais politiquement dangereux. L'intrusion de l'État dans la définition de la nation, instrumentalisée à travers la création d'un ministère de l'immigration et de l'identité nationale, est un fait grave. Avec les chercheurs et les intellectuels, j'en demande ici solennellement la suppression, car on ne peut présenter l'immigration comme une menace pour la...
...ne relation de coopération et de dialogue. Comme le rappelait Jean Jaurès, cet internationalisme-là ne nous éloigne pas de la nation. Il nous en rapproche, à l'inverse d'un capitalisme mondialisé qui met les peuples en concurrence, attisant hier les guerres coloniales, aujourd'hui les guerres économiques et impériales. Je ne cesse de m'étonner d'une contradiction : les initiateurs du débat sur l'identité, les défenseurs des symboles de la nation, sont ceux-là mêmes qui fragilisent le rôle des États en promouvant la liberté absolue de circulation des capitaux ; ceux-là mêmes qui soutiennent une construction européenne coupée du peuple ; ceux-là mêmes qui abaissent les solidarités nationales en défendant la directive Bolkenstein. Ces élites capitalistes apatrides, dignes héritières des réfugiés de ...
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, au moment de prendre la parole au nom des députés du Nouveau Centre, je tiens à saluer l'occasion qui nous est offerte de débattre enfin pleinement, dans cet hémicycle, de la question de l'identité nationale. Ce débat, d'aucuns ont tenté, exercice paradoxal dans une démocratie, d'en contester l'opportunité. Le Gouvernement aurait des visées électoralistes ?
Sur le fond, nous nous réjouissons de cette opportunité de débattre, car, à nos yeux, le sujet est essentiel. L'enjeu, c'est de définir ce qu'est la France aujourd'hui, à l'heure où la mondialisation et les différences parfois criantes de niveaux de vie conduisent à un métissage accéléré des populations comme de leurs cultures. Se poser la question de son identité, c'est s'interroger sur son rapport à l'altérité, c'est chercher ce qui aujourd'hui nous distingue, nous Français, mais aussi ce qui nous rassemble, c'est savoir qui nous sommes pour mieux porter notre message dans le monde. Dès lors que l'on évoque la nation, on oppose traditionnellement, un modèle germanique, la Heimat, théorisé par Fichte, reposant sur des critères objectifs et tournés vers l...