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...taire d'État, mes chers collègues, nous inaugurons ce soir une nouvelle forme de pratique institutionnelle, puisque nous devons débattre d'une proposition d'origine présidentielle. C'est en effet le 20 avril, quelques jours après des élections régionales qui n'ont pas été un succès pour la majorité, que le Président de la République a demandé à M. Ciotti de rédiger une proposition de loi contre l'absentéisme scolaire. Je suis tenté de vous féliciter, monsieur le rapporteur, pour la force de conviction que vous mettez
à proposer un texte qui ne répond en aucun cas au réel problème de l'absentéisme scolaire, en ressortant de vieilles ficelles qui ont montré à la fois leur insuffisance et leur inefficacité.
Votre rapport, monsieur Ciotti, constitue la démonstration que la solution que vous préconisez n'est pas la bonne, tant le décalage est grand entre la réalité du problème et les solutions préconisées. Quelle est la réalité de l'absentéisme scolaire ? J'ai lu votre rapport avec beaucoup d'attention : l'absentéisme représente 7 % des effectifs tous établissements confondus, ce chiffre recouvrant d'ailleurs une grande diversité.
Ainsi, nous notons 6 % d'absentéisme dans les lycées d'enseignement général, 3 % dans les collèges et 15 % dans les lycées d'enseignement professionnel. Mais le plus important est sans doute que plus du tiers des élèves absentéistes est concentré sur 10 % des lycées professionnels.
Votre rapport met aussi en évidence les facteurs d'absentéisme, en un diagnostic que nous partageons. Il s'agit des conditions de vie de l'élève, matérielles ou affectives, et d'une orientation jamais choisie, toujours subie. Au fond, l'absentéisme scolaire est le prolongement quasi naturel de l'échec scolaire, qui est lui-même le produit très inégalement réparti d'une misère matérielle et sociale. Échec scolaire et absentéisme touchent d'abord les enfants ...
Cette femme de ménage qui élève seule son fils de quinze ans et qui part à cinq heures du matin pour un travail qu'elle effectue aussi le soir quand les bureaux sont fermés, peut-elle être considérée comme responsable de l'absentéisme de son fils ? (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
C'est la réalité qui serait démagogique, mon cher collègue, mais vous la connaissez fort peu. Mon deuxième exemple est celui d'un adolescent, bon élève et aîné de quatre enfants, dont l'un décroche. Ce jeune est-il responsable de l'absentéisme de son frère ?
Le jeune décrocheur lui-même, orienté, après un ou deux redoublements, dans une filière professionnelle qu'il n'a pas choisie, dont on lui dit quotidiennement qu'elle ne débouche que sur le chômage ou les petits boulots, est-il responsable d'une démotivation qui le pousse à l'absentéisme ? Il y a bien d'autres moyens, monsieur le rapporteur, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, de lui redonner le désir d'école, que celui consistant à punir ses parents d'un échec qu'ils vivent souvent comme leur propre échec. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
Les principes mis en avant par l'Académie de Lille, qui a passé un contrat de partenariat avec la région Nord-Pas-de-Calais pour lutter contre le décrochage et l'absentéisme, sont simples. Il s'agit d'abord du dépistage précoce des difficultés de langage, notamment à l'école maternelle. Or, à qui allez-vous faire croire que vous n'êtes pas en train de détruire volontairement l'école maternelle. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
Votre deuxième réponse à l'absentéisme est tout aussi inefficace, elle est même dangereuse puisqu'il s'agit de suspendre et de supprimer les allocations familiales.
Vous dites dans votre rapport que, souvent, les décrocheurs ont eu eux-mêmes des parents en échec scolaire. Voilà ce qu'il faut combattre et non punir ! Les réponses à l'absentéisme scolaire sont multiples, et vous l'avez dit. Pour notre part, nous essayons de faire des propositions. ( « Ah ! sur les bancs du groupe UMP.)
...rticipants aux états généraux contre la violence scolaire : tout faire pour que les jeunes considèrent l'école comme leur maison. On est loin de la suspension des allocations familiales. Croyez-vous que c'est en rendant responsables leurs parents que vous allez donner à ces élèves le goût, l'envie de voir dans l'école, le collège, le lycée, leur maison ? Pourtant, les pistes pour lutter contre l'absentéisme scolaire existent. Il s'agit de créer des conditions de vie qui soient acceptables, agréables à l'intérieur des établissements scolaires, avec de véritables équipes éducatives stables, qui aient le temps de travailler. Donnez aux enseignants la liberté et le temps, donnez-leur la formation nécessaire pour ce faire. Il faut permettre aux associations de mettre en place des projets éducatifs locau...
..considérant que ce n'est pas le sujet. Monsieur le rapporteur, s'il est question aujourd'hui d'absentéisme scolaire, ce n'est pas votre sujet. L'objectif de votre proposition de loi n'est pas en effet de lutter efficacement contre l'échec scolaire : il s'agit de donner des gages à l'électorat le plus conservateur (Exclamations sur les bancs du groupe UMP)...
..celui qui fait que les inégalités s'accroissent. Cela demande certainement un peu plus de courage que quelques coups de menton. Cela demande le courage de s'attaquer à une institution qui aujourd'hui génère des inégalités malgré le travail acharné de ses enseignants. Je conclurai par une remarque. Monsieur le ministre, la meilleure manière de lutter contre l'absentéisme scolaire ne serait-ce pas de nommer des remplaçants en nombre suffisant, alors que la majorité des heures perdues par les élèves n'est pas due à l'absentéisme des élèves mais au non-remplacement des professeurs du fait de votre politique ? (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)
Face à cette proposition de loi, nous ne ferons pas preuve d'angélisme ni ne donnerons de coup de menton. L'absentéisme scolaire pose un véritable problème, nous en sommes d'accord avec vous, monsieur le rapporteur, mais il faut y apporter de véritables remèdes. Pour cela, encore faut-il ne se tromper ni de diagnostic ni de cible. Comme en attestent des documents émanant du ministère de l'éducation nationale lui-même, l'absentéisme touche en moyenne de 5 à 7 % des élèves, avec de très fortes disparités à la fois ...