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J'ai assisté hier à une cérémonie à Reims : pour la première fois, on a rendu hommage à l'armée noire. Il y avait eu un monument, que les nazis se sont empressés de détruire quand ils ont occupé Reims. La décision a enfin été prise d'en reconstruire un. Qui connaît l'histoire de ces tirailleurs sénégalais, qui ont défendu Reims de toutes leurs forces ? Cela aussi, c'est bien peu enseigné. Et qui parle des batailles de la Somme, de ces hommes de quarante-trois nationalités, tous volontaires, venus défendre le pays des droits de l'Homme ? Il faut faire quelque chose pour que cela se sache.
La question de l'histoire et de la manière dont elle est enseignée est très importante pour l'avenir de notre peuple. Savez-vous qui a dit « un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir » ? (Sourires.) Les grands intellectuels ne répondent pas !
Je sais que vous voudriez bien mettre l'histoire à votre main, mais heureusement, il n'en est rien chez nous, et j'espère que cela durera. Pour moi, l'histoire ne doit pas être utilitaire et ne peut pas être traitée positivement ou négativement. Elle est l'histoire telle qu'elle est, faite par des hommes, des femmes, à des époques données, elle est tout ce qui a fondé notre nation et le monde. Je suis défavorable à l'idée de la traiter plus po...
... des propositions de loi ont été déposées tendant à instituer une journée nationale de la Résistance. On m'a répondu qu'il y avait le 18 Juin, mais la Résistance n'est pas que cela ! Certes, le jour anniversaire de l'Appel du 18-Juin est très important, et je me rends aux commémorations chaque année, mais réduire la Résistance à cela, c'est être à côté de la plaque ! Donc, pas d'utilisation de l'histoire. Enseignement le plus large possible de l'histoire. On peut toujours faire mieux, et à cet égard, je réserve une question à M. Bockel.
...ent français ? Certaines commémorations, comme la journée de commémoration des harkis, ne l'ont pas été par le Parlement. A partir de l'achèvement des travaux de la présente mission d'information, c'est le Parlement qui doit décider des grandes célébrations nationales. Sinon, elle n'aura servi à rien. C'est le Parlement qui doit déterminer quels sont les grands faits historiques qui ont jalonné l'histoire de France, qu'ils soient positifs ou négatifs. Plus que les caractéristiques des commémorations, ce qui est intéressant est leur préparation : il faut les préparer avec les jeunes, en en discutant avec eux sur ce que représente la date choisie. Quand des enseignants viennent à une cérémonie avec des enfants, après l'avoir préparée avec eux, cela change la donne. Lier le maintien d'une commémora...
Je suis Français et j'assume toute l'histoire de la nation française, et pas seulement de la République. Les jeunes Français ne devraient pas savoir cette histoire ? Ce serait une vision bien étriquée : quelqu'un n'a-t-il pas dit : « Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir » ? Pourquoi valoriser les aspects positifs de la République et passer sous silence tout ce qui n'est pas beau ?
Les commémorations sont très formelles. Nos jeunes ont besoin qu'on leur donne des explications de fond. Il conviendrait de préparer ces commémorations, y compris dans les écoles. Certains ne savent même pas de quoi l'on parle au cours de ces cérémonies ; ils ne savent pas à quoi correspondent, dans notre histoire, 1789, la Commune, etc. Je ne partage pas l'idée selon laquelle on devrait abandonner une date de commémoration, à partir du moment où il n'y a plus de survivants. Il ne s'agit pas simplement d'honorer les survivants. On ne célébrerait plus le 11 novembre parce qu'il n'y aurait plus de Poilus ? Cette guerre a tout de même tué 1 600 000 personnes, et on la barrerait d'un trait ? Ce serait amputer...
J'entends bien. La loi dont j'ai parlé n'est pas une loi mémorielle. Elle s'appuie sur les valeurs de la République et sur des faits établis. Elle est indiscutable. Si elle n'existait pas, cela signifierait que tout est permis et alors ce sont toutes les lois qui seraient remises en cause. Je ne vois pas non plus comment on pourrait encadrer l'histoire par une loi. Celle-ci appartient au domaine de la recherche à partir de faits établis et incontestables. C'est l'interprétation de ces faits qui, ensuite, peut donner lieu à controverse. Personne ne conteste que la France ait été un pays colonisateur. Les discussions portent sur l'apport de cette colonisation pour les peuples concernés. La négation par le gouvernement turc du génocide arménien es...
... j'observe que cela devient une corvée pour tout le monde. Il faut continuer à s'y soumettre parce que ces événements ont un côté officiel mais il existe des langages multiples pour commémorer. Dans mon département, des jeunes ont pris l'initiative de créer pour le 14 juillet une animation rappelant les événements de cette journée. Il faut inciter des façons nouvelles de se souvenir. Sinon, notre histoire va se perdre. Sur la Résistance, je partage votre avis. Il ne faut pas oublier les anonymes de la Résistance. Cela étant, il ne faut pas avoir une vue idyllique de celle-ci et oublier que l'immense majorité des Français étaient passifs ou collaborateurs. Des gens, qui ne sont pas historiens de métier, se sont mis en tête de rechercher tous les résistants d'Amiens et viennent de publier le fruit...
On lit dans la presse française d'aujourd'hui pas dans L'Humanité ! que Walesa, l'ami dont vous étiez le conseiller, n'était qu'un piteux valet au service du parti communiste. Personnellement, je n'en crois pas un mot, mais je constate que l'on peut écrire l'histoire ainsi, uniquement à coup d'affirmations et de déclarations. Je partage votre façon d'apprécier l'histoire en se plaçant sur les plans national, européen et mondial. On ne peut pas comprendre aujourd'hui la situation d'un pays comme la Pologne en laissant de côté les événements européens et internationaux. Il faut en effet prendre en compte le contexte historique. Les jeunes ont tendance à ne ja...
L'histoire n'est pas une science mais la recherche permanente de la vérité à partir de faits en croisant les regards. Une science est figée et formule des définitions qui se transforment en dogme. Or tout est en mouvement. Ce qui est sûr, c'est que l'histoire existe et que les historiens travaillent, à partir de matériaux variés. Des recherches nouvelles obligent à revoir certains événements, ce qui donne à...
Pourquoi prenez-vous en grippe la loi Gayssot ? Ce n'est pas l'Histoire qui est en cause, mais bel et bien « la lutte contre le racisme et la xénophobie ». Si nous n'avions rien fait, nous aurions été en dessous de tout.
Le Parlement, en tant qu'émanation du peuple, représente aussi la République. Néanmoins, il n'est pas question d'instrumentaliser l'Histoire et nous aurions tout intérêt à parler plus souvent de cette « vérité historique » qui, si l'on s'en approche toujours, ne s'atteint jamais. Ainsi certaines analyses historiques sont-elles aujourd'hui caduques. En ce qui me concerne, je ne suis en rien favorable à l'idée d'une histoire officielle mais la question se pose : comment enseigner cette discipline ? Je ne suis pas très fier de l'état act...
Que pensez-vous des livres d'histoire ?