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Intervention de François Pupponi

Réunion du 5 février 2008 à 15h00
Commercialisation et utilisation de certains engins motorisés — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Pupponi :

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, permettez-moi tout d'abord de vous faire part de mon émotion alors que je prends la parole pour la première fois à cette tribune et sur un sujet aussi important, à quelques semaines du drame qui, à Villiers-le-Bel, a coûté la vie à deux adolescents. J'ai une pensée pour eux et leurs familles, mais aussi pour les policiers qui ont été fortement traumatisés à l'occasion de cet accident. D'ailleurs, certains de ces fonctionnaires n'ont toujours pas repris leur travail. J'ai également une pensée pour la population de Villiers-le-Bel.

Non, monsieur Calméjane, il n'y a pas eu, après l'accident, un début d'émeute : il y a eu des événements comme jamais notre pays n'en avait connu. J'étais aux côtés du Premier ministre et du ministre de l'intérieur, à Villiers-le-Bel, le lundi soir : 180 policiers essayaient d'y rétablir l'ordre, 54 sont rentrés au centre de secours de Villiers-le-Bel avec du plomb dans la peau, un avec une balle, destinée normalement à un sanglier, dans le bras. Tout cela après la mort de deux adolescents, conduisant illégalement une moto interdite sur la voie publique.

Cela faisait plusieurs jours que ces adolescents utilisaient leur moto. Cela faisait plusieurs jours que les habitants de Villiers-le-Bel téléphonaient à la police pour s'en plaindre. Cela faisait plusieurs jours que la police essayait, sans en avoir les moyens, de mettre un terme à ces nuisances.

Je me réjouis donc de prendre la parole pour l'examen d'un texte aussi important. Mais je tiens à vous faire part à cette occasion de mon inquiétude. Je n'ai pas le sentiment qu'après avoir voté ce texte, qui va dans le bon sens, qui permet de réglementer la vente et l'utilisation de ces engins de mort, nous aurons tout à fait terminé notre travail, nous aurons vraiment réglé le problème.

Je vous le dis comme je le pense, certains adultes – parents ou frères des utilisateurs – et certains délinquants n'auront aucun scrupule à acheter une moto, quitte à être condamnés à une contravention de 1 500 euros, pour la mettre à disposition d'un mineur.

Par ailleurs, cette proposition de loi ne permet pas de régler le problème des trente ou quarante mille véhicules qui roulent déjà dans nos villes et nos quartiers.

Enfin, la police n'a pas les moyens d'intervenir. J'irai même jusqu'à dire que, lorsque jeunes ou moins jeunes utilisent ces véhicules sur la voie publique, la police ne doit pas intervenir, sous peine de mettre en danger non seulement les jeunes qui conduisent mais également ses propres fonctionnaires.

Certains amendements proposés vont dans le bon sens. S'ils sont retenus, il faudra que nous nous remettions au travail pour trouver des solutions pérennes. Voter ce texte dont je sais qu'il ne réglera pas tout me gêne un peu, et je souhaiterais que, sur un sujet aussi important – vital pour les plus jeunes de nos concitoyens dans les quartiers –, nous prenions le temps de travailler ensemble, plus sereinement, pour que jamais des événements comme ceux de Villiers-le-Bel ou de Bondy ne se reproduisent et que nous trouvions des solutions définitives, susceptibles d'éradiquer ces phénomènes.

Bien entendu, nous voterons cette proposition de loi qui constitue un premier pas. Il faudra en accomplir d'autres encore si nous voulons être vraiment efficaces. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)

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