Il est extraordinaire qu'on nous propose en fin de texte un tel article qui – je le dis comme je le pense – est scandaleux.
Comme vient de le dire René Dosière, on nous propose par ces ordonnances de nous dessaisir de nos prérogatives. À l'heure où l'on parle de la revalorisation du Parlement, aucun parlementaire sur ces bancs ne devrait accepter une telle procédure. Il s'agit ensuite d'un cavalier, sans rapport avec la mobilité dans la fonction publique, et qui porte de surcroît sur un domaine aussi important que le fonctionnement de la justice administrative.
Mais pour qui nous prend-on ! Cela en dit long sur la considération que le Gouvernement porte aujourd'hui au Parlement et à l'Assemblée nationale. Je me permets de vous renvoyer aux propos d'un ancien président du Conseil constitutionnel, parlementaire chevronné et unanimement apprécié sur ces bancs, ancien président de la commission des lois, Pierre Mazeaud pour ne pas le nommer, qui déclarait en 2005 que le recours immodéré aux ordonnances était le symptôme d'un dérèglement juridique et politique.
C'est d'autant plus vrai sur un sujet aussi important, puisqu'il s'agit de modifications gravissimes apportées aux procédures de droit administratif, la suppression notamment de l'automaticité de l'intervention du rapporteur public dans certains contentieux, ce qui porte atteinte à la notion de procès équitable, telle que l'interprète la Cour européenne des droits de l'homme.
Inutile de vous dire, monsieur le ministre, que ces dispositions suscitent la très vive inquiétude de l'ensemble des magistrats de l'ordre administratif. Et il est bien évident que sur des questions aussi importantes, c'est au Parlement et nulle part ailleurs que les débats doivent avoir lieu. Je demande donc que l'Assemblée adopte cet amendement de suppression : il en va, mes chers collègues, de l'honneur du Parlement !