Nous, nous sommes des adeptes du renforcement du pouvoir des salariés dans les entreprises, aussi bien pour le partage des richesses créées dans le travail que pour les choix qui doivent être faits dans les entreprises. Il faut bien dire que nous en sommes aujourd'hui à la préhistoire de ce qui est pourtant nécessaire.
Jean-Pierre Balligand se rappellera certainement la discussion qu'il y eut du temps du gouvernement Jospin sur l'épargne salariale, avec un travail méticuleux, difficile, avec les organisations syndicales.
Qu'ont fait les gouvernements depuis 2002 ? Ils ont vidé l'épargne salariale de son contenu. Pourquoi ?
Jean Jaurès, que le Président de la République cite souvent, certainement sans l'avoir lu, disait dans La Dépêche de Toulouse, le 11 novembre 1888 – vous allez voir l'actualité, la modernité, comme diraient les jargonneux, de Jaurès – : « Il y a la haute finance et la haute banque, qui veulent pouvoir à leur aise dévorer l'épargne, piller et rançonner le travail, et qui essaient de se sauver à la fois par la réaction, qui abaisse le travail, et par la corruption, qui abaisse les consciences. » Cela reste d'une cruelle actualité.
Tout à l'heure, M. Bertrand parlait du comité d'éthique du MEDEF. C'est à mourir de rire : comme si « éthique » et « MEDEF » pouvaient cohabiter ! C'est par nature contradictoire, les marxistes parleraient même d'une contradiction antagonique.
Il nous parlait aussi de la rémunération des dirigeants. Je pense que, dans les cocktails en ville, c'est un sujet de plaisanterie. Je vous vois bien, monsieur Bertrand, disserter sur ce que vous allez dire ou ce que vous avez dit à l'Assemblée nationale, en finissant par ce commentaire : on amuse la galerie avec tout ça mais, rassurez-vous, dormez tranquilles, on n'a rien fait et on ne fera rien.
Vous parliez également de la loi TEPA et des parachutes dorés, mais vous avez oublié de parler du bouclier fiscal. Votre loi était évidemment totalement immorale.
Nous avons donc des discours lénifiants, mais n'oublions pas M. Forgeard, Mme Russo, M. Tchuruk, après M. Bon, M. Messier et M. Ghosn, qui, en ce moment, gagne d'autant plus qu'il supprime des emplois et hypothèque l'avenir de l'entreprise.
Évidemment, vous ne faites rien ! Or, vous pourriez faire quelque chose, puisque l'État possède une partie du capital.
Quant à moraliser le capitalisme, on aura décidément tout entendu ! Je vois bien Nicolas Sarkozy essayer de moraliser Bouygues et Bolloré ! Ou bien il a des talents de magicien que je ne lui connaissais pas et une conviction enfouie au fond de son être qu'il ignorait certainement lui-même, ou bien on est encore dans le théâtre.
Ce que nous souhaitons, c'est une augmentation du salaire direct négociée collectivement ainsi que davantage de pouvoir pour les salariés dans les entreprises – y compris dans les conseils d'administration –, tant sur la question des rémunérations que sur les choix de gestion. Vos propositions sont à des années lumière de cela !
Tout ce qui moralise ne fût-ce qu'un peu est toujours bon à prendre. Que M. Lefebvre ait copié une proposition de M. Balligand en la présentant comme étant UMP pour se donner un cachet social, ne change rien à l'affaire. M. Lefebvre, qui est tenancier d'un magasin de farces et attrapes, (Rires sur les bancs des groupes SRC et GDR) ne saurait tromper personne !