Il s'agit d'un sujet difficile qu'il faut aborder avec beaucoup de délicatesse et d'objectivité. Je remercie tous les intervenants, d'autant plus qu'il est difficile de s'exprimer sur un sujet lorsque l'on est concerné de près ou de loin.
Madame la rapporteure, je vous rappelle que le secrétaire d'État à la famille m'avait confié une mission en 2010 afin d'envisager une évolution de la loi du 22 janvier 2002 relative à l'accès aux origines des personnes adoptées et pupilles de l'État. Il ne s'agissait pas de lever le secret. Nous faisons une confusion dans nos débats entre le secret et l'anonymat. Le secret est éminemment respectable ; les femmes peuvent vouloir abandonner leur enfant pour des raisons que nous avons déjà invoquées, des raisons économiques, familiales, ou en cas de viol. Il faut maintenir et respecter le secret. Mon amendement ne touche pas au secret, il concerne l'anonymat.
L'anonymat est une serrure inviolable qui enferme le secret de manière définitive. Il empêche celui qui le désire de jamais retrouver ce qui a été le premier maillon de sa vie. On se place toujours du côté des femmes – Dieu sait qu'il faut les soutenir dans le moment de désarroi extrême qu'elles traversent ! –, mais vingt ou trente après, quand les enfants nés sous X deviennent parents et qu'ils cherchent souvent à savoir la vérité, la situation est différente. J'ai recueilli des témoignages de mères qui avaient abandonné leur enfant dans l'anonymat à une époque ou le statut de fille-mère relevait encore de l'interdit social. Elles n'ont pas pu le retrouver lorsqu'elles l'ont voulu à cause du verrou de l'anonymat.