Les propos que vient de tenir notre collègue Patricia Adam sont empreints de sagesse. Comme souvent sur les questions sociétales, les clivages ne sont pas ceux auxquels nous sommes habitués dans cette enceinte, car chacun se détermine en réalité par rapport à des convictions profondes qui méritent, de toute façon, le respect.
Quand il s'agit de questions sociétales, il faut certainement se garder de légiférer sur tout ou, du moins, se garder de légiférer dans la hâte. Qu'en sera-t-il dans vingt ans ? Personne ne le sait mais la préservation de la liberté de la mère qui, à un moment, a été amenée par les circonstances de la vie à accoucher sous X, de sa liberté de donner ou non son identité est extrêmement importante. Gardons-nous de légiférer sous l'emprise de l'émotion. La lecture d'un texte bien écrit ne remplace pas la confrontation rationnelle, et nous devons, nous qui sommes ici pour légiférer, prendre du recul et rester objectifs, même si – cela ne fait pas de doute – nous ne sommes pas dans le champ de la science exacte.
La transparence absolue, à laquelle vous semblez aspirer, chère collègue, parce qu'elle supprimerait, peut-être, la souffrance de ceux qui sont en recherche de leur filiation, c'est aussi la création, peut-être, de beaucoup de nouvelles souffrances, quand la réalité découverte n'est pas conforme à la filiation qui a pu être fantasmée. C'est aussi le réel, et nous connaissons tous de telles histoires, qui ne peuvent qu'inciter à la prudence.
Si, comme le disait Saint-Just, le bonheur reste une idée neuve en Europe, veillons à ce que la quête du bonheur ne devienne pas impossible dans des cas particuliers, dans l'intimité familiale, du fait de mesures que nous prendrions, nous, et qui ne préserveraient pas le plus important, ce secret de l'intimité, chaque fois que c'est nécessaire.
Il me semble que le législateur doit se garder de porter son regard partout.