Nos invités portent un diagnostic voisin : la divergence entre les économies, que, à rebours de ce que nous croyions, l'euro a peut-être favorisée ; l'absence d'un prêteur en dernier ressort ; la menace d'une récession. De même, aucun d'eux ne se satisfait des réponses apportées par le projet de traité européen. En ce qui me concerne, je le considère comme hémiplégique, dans la mesure où il n'est destiné à rien d'autre qu'à restaurer la stabilité budgétaire, à laquelle les Allemands sont extrêmement attachés. Rien n'est prévu pour mutualiser la dette ni pour relancer l'économie au niveau européen. En tout état de cause, il devra donc être renégocié pour éviter à l'Europe de plonger dans une récession extrêmement préoccupante. Sera-ce possible ?
La semaine dernière, le Parlement européen a voté, à une très large majorité, une résolution dénonçant le projet de traité, y compris sur le plan juridique, dans la mesure où la discipline budgétaire ne suffit pas et où il faut relancer. Le texte évoque ainsi les euro-obligations et la taxe sur les transactions financières. Il existe donc, au niveau européen, une expression politique qui peut peser.
La clé du problème se situe en Allemagne. La République fédérale, où le débat s'est installé, évoluera-t-elle si elle reprend confiance dans ses partenaires et si elle prend la mesure du risque de déflation ? Acceptera-t-elle un compromis entre, d'un côté, l'assainissement nécessaire des finances publiques et la relance, et, de l'autre, la mutualisation de la dette ?