Oui, la grève est toujours un échec du dialogue social. En l'espèce, comment ne pas constater l'absence de dialogue et de propositions des entreprises concernées – elles-mêmes, il est vrai, largement pressurisées par les donneurs d'ordre ?
La seule vraie réponse réside dans le dialogue social et dans des protocoles d'alarme sociale qui fixent un cadre et une méthode à la négociation. C'est d'ailleurs la position que l'UMP et le gouvernement de droite défendaient dans cette assemblée jusqu'en juillet 2006. Je tiens à votre disposition, monsieur le ministre, une déclaration de Dominique Perben, le 4 juillet 2006, qui, j'en suis sûr, vous intéressera beaucoup. Lors d'une audition réunissant les commissions des affaires sociales et des affaires économiques, on lui demanda s'il fallait une loi sur le service minimum, puisque le sujet était évoqué dans quelques documents de l'UMP. Sa réponse fut extraordinaire : il ne fallait surtout pas que le législateur intervienne, parce que des progrès tels avaient été faits à la SNCF et à la RATP que l'alarme sociale avait déjà réglé la question et qu'on ne ferait qu'envenimer les débats.
Autrement dit, votre fameuse loi sur le service minimum, c'est un peu la stratégie du coucou : vous êtes venus après coup recueillir le fruit de ce que l'alarme sociale et les partenaires sociaux avaient déjà réglé. Mme Idrac elle-même avait d'ailleurs demandé, à cette époque, que l'on n'intervienne pas.
On est donc aujourd'hui dans une situation compliquée. Vous avez réussi votre opération médiatique, puisque les médias ne parlent que de service minimum.