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Intervention de Catherine Coutelle

Réunion du 11 janvier 2012 à 10h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCatherine Coutelle :

Un rapport de la Documentation française paru l'an dernier analyse la situation de l'industrie automobile française comme étant à la croisée des chemins, après la crise de 2008, d'une intension sans précédent, qui doit entraîner des mutations fondamentales. Ce rapport dresse une analyse comparée des situations de Renault et PSA. Si j'en crois ce rapport, votre entreprise aurait tellement souhaité devenir un constructeur normal que son management aurait évolué vers une culture de la défiance par rapport aux usines françaises, en réduisant leur taille et en faisant en sorte qu'elles soient le moins possible en situation de monopole. Nous pouvons également faire ce constat sur le terrain. Vous avez notamment affaibli vos sous-traitants, en pesant fortement sur les coûts, jusqu'à l'insupportable, en exigeant par exemple que le coût d'un piston passe de 3 € à 1 €. De même, vous avez dit à un fabricant de volants que vous ne compreniez pas qu'il continue de baser sa production en France. Tout ceci conduit à une forte décrue des effectifs et à une forte externalisation. Renault a perdu 5 000 emplois entre 2007 et 2010 sur notre territoire. Tout ceci pèse également sur notre commerce extérieur puisque 80 % de la valeur des véhicules est désormais liée à des productions délocalisées. On peut toujours s'efforcer d' « acheter français » mais venant d'acheter une Scenic, je me pose la question : ai-je vraiment « acheté français » ? À l'inverse, les arguments donnés pour la gamme électrique à Flins soulignent que lorsqu'on est innovant, on a soin de fabriquer à proximité du coeur du dispositif de conception et d'ingénierie. Quelle part comptez-vous donc prendre à la réindustrialisation de la France ? Quelle est votre responsabilité à cet égard envers vos sous-traitants ?

Cela m'amène à évoquer le sort des Fonderies du Poitou, à Montupet dans la Vienne, et de ses 480 salariés. Je n'entrerai pas dans les détails de cette situation particulière, vous connaissez certainement le dossier et je suis déjà intervenue ici à plusieurs reprises à ce sujet. Je vais vous remettre la lettre du Président de la République que les salariés ont reçue, dans laquelle il confirme que M. Carlos Ghosn s'est engagé personnellement à maintenir les approvisionnements de ce constructeur et à annoncer un plan de charge suffisant pour les repreneurs potentiels. Je vous rappelle cependant que la première revendication des salariés est de retourner dans le giron de Renault. Vous nous avez parlé de relocalisations mais irez-vous jusqu'à réinternaliser ? Lors de son passage à Poitiers le 5 janvier dernier, M. Nicolas Sarkozy a reçu un courrier des salariés : au grand regret de tout le monde, M. Carlos Ghosn n'a pas tenu ses promesses, à tel point que le Président de la République a demandé à M. René Ricol de se saisir du dossier. À la mi-janvier, les commandes ne sont que de 11 000 pièces alors qu'il était question de 18 000 pièces par semaine et le site en redressement judiciaire connaît des périodes de chômage partiel. Le manque de réponses sur le plan de charge et l'insuffisance des commandes annoncées rendent difficile l'engagement d'un éventuel repreneur et risquent de faire de gros dégâts en matière d'emploi en cas de reprise. Le sous-traitant a appris la montée vertigineuse du moteur R9M et serait preneur d'éventuelles commandes des pièces de ce moteur. Je crois d'ailleurs qu'une réunion importante à ce sujet doit avoir lieu le 20 janvier. Allez-vous donc redonner du travail aux salariés de Montupet et, à défaut d'une reprise par Renault, leur redonner une visibilité stratégique ?

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