Monsieur le directeur général, je perçois votre arrivée comme une véritable bouffée d'oxygène pour le groupe Renault. Je vous demande d'excuser par avance la brutalité de mes questions, qui n'entame en rien l'estime que je vous porte et la confiance que j'ai dans votre entreprise. Le management de Renault a, à une certaine époque, sauvé le groupe Nissan mais n'y a-t-il pas eu depuis, siphonage du savoir-faire de Renault par Nissan ? Le salon de Detroit a ouvert ses portes il y a deux jours. Les constructeurs américains étaient en très mauvaise posture en 2009, en situation de quasi faillite, mais ils se sont redressés en sortant de nouveaux modèles. La faiblesse actuelle de Renault ne tient-elle pas précisément à l'absence de nouveaux modèles, même si vous avez mentionné la Clio 4 et Zoé. Est-ce suffisant ? Votre groupe ne souffre-t-il pas de l'absence de modèles haut de gamme, par rapport aux autres grands groupes, tel Volkswagen, qui offrent un spectre plus large ? L'alliance Renault-Nissan devrait permettre des échanges de ce type, puisque Nissan commercialise à l'étranger des modèles de haut de gamme qui ne sont pas aujourd'hui proposés en France, et qui pourraient l'être en étant logotypés Renault… Sur le plan de la technologie et de l'image de marque, vous avez cité vos résultats exceptionnels en Formule 1. Renault Sport dépose un nombre important de brevets tous les ans. Cela étant, on voit qu'aux Etats-Unis, en matière de downsizing, General Motors vient de sortir un moteur 2l qui fait 270 chevaux. N'avez-vous pas une certaine faiblesse en ce domaine, de même qu'en ce qui concerne les boîtes de vitesse automatiques ? Volkswagen, BMW et Mercedes sont parvenus aussi à sortir des véhicules très performants. Pour le véhicule connecté, comment vous situez-vous par rapport à vos concurrents étrangers ? Pouvez-vous nous en dire davantage sur vos partenariats en matière de recherche et développement ? La gamme Premium DS chez Citroën est-elle pour vous un exemple à suivre ? La technologie des véhicules électriques évolue en permanence, du lithium ion au métal polymère. Envisagez-vous toujours de construire vos propres batteries ? Ne risquez-vous ce faisant de prendre du retard par rapport aux technologies développées par les spécialistes ? S'agissant de Sandouville, pouvez-vous nous dire si tout ce qui concerne les véhicules utilitaires et les chaînes de fabrication respecte le calendrier fixé initialement ? Que pensez-vous de la filière de déconstruction qui pourrait être développée par votre entreprise, notamment sur un site comme Sandouville caractérisé par des disponibilités foncières et immobilières importantes ?