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Intervention de Dominique Raimbourg

Réunion du 13 décembre 2011 à 15h00
Limite d'âge des magistrats de l'ordre judiciaire — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Raimbourg :

Ces cavaliers qui surgissent de la nuit et qui se sont élancés vers le texte au galop (Sourires) sont tout simplement inconstitutionnels.

Les ajouts au texte initial sont, à mon sens, sans rapport avec la retraite des magistrats. Le Conseil constitutionnel pourra donc censurer le projet de loi organique au motif que certaines dispositions introduites n'ont rien à voir avec l'objet du texte.

Quatre amendements du Gouvernement ont été adoptés en commissions. Trois d'entre eux sont des cavaliers qui ne posent aucun problème : ils concernent la mobilité des magistrats, les compétences du comité médical national et la création du comité médical national d'appel, et le quota d'affectation des conseillers non référendaires à la Cour de Cassation. Ce sont des dispositions techniques et complexes dont l'adoption nous paraît nécessaire.

Il n'en est pas de même de l'amendement du Gouvernement relatif au délai maximum pour l'emploi d'un magistrat placé. Sans vouloir réduire la dignité de la fonction, je rappelle que, dans les faits, un magistrat placé est un magistrat « volant » ou intérimaire qui fait office de remplaçant lorsqu'un poste est vacant au sein d'une cour d'appel. Ces magistrats sont absolument nécessaires. La souplesse de leur affectation permet aux juridictions de travailler dans de bonnes conditions, de remplacer des magistrats absents pour cause de congé maladie ou de congé maternité, ou d'occuper un poste temporairement non pourvu faute de candidats.

En revanche, en limitant la durée maximale d'exercice de ces fonctions à six ans consécutifs et, surtout, à douze ans sur l'ensemble de la carrière, on renforce la précarité. Ce faisant, on touche à l'inamovibilité et donc, indirectement, à l'indépendance de la magistrature, car l'impossibilité de changer l'affectation d'un magistrat sans son accord est une des garanties de cette indépendance. Ce point justifie donc également un renvoi du texte en commission.

Par ailleurs, les quatre amendements gouvernementaux portant sur le statut de la magistrature sont issus d'un projet de loi organique en attente d'examen, qui comporte également des dispositions relatives aux juges de proximité, lesquels, je le rappelle, ont été créés par une loi organique de 2003 modifiant l'ordonnance de 1958 portant statut de la magistrature. Actuellement, les juges de proximité, qui aident les magistrats de plein exercice – et il n'y a là rien de péjoratif pour les premiers –, ne peuvent, aux termes de l'article 41-19 de l'ordonnance de 1958, exercer plus de sept ans. Or, leur création datant de 2003, bon nombre d'entre eux arrivent à la fin de cette carrière extrêmement courte de sept ans. Le projet de loi organique initial prévoyait de porter la durée maximale de leurs fonctions à deux fois cinq ans, soit dix ans. En s'abstenant de faire voter ce texte, on se prive donc de juges de proximité en poste et dotés d'une certaine expérience. Cette difficulté supplémentaire justifie, là encore, le renvoi du texte en commission afin qu'il soit amélioré.

Enfin, je veux dire un mot d'un amendement, déposé par M. Dosière et cosigné par d'autres membres du groupe SRC, dont moi-même, visant à introduire dans le statut de la magistrature l'interdiction pour les magistrats de recevoir certaines décorations, telles que la légion d'honneur et le mérite. Cette interdiction, qui frappe les parlementaires, est un hommage à la magistrature, car il s'agit de souligner la nécessité de son indépendance. Il est donc tout à fait extraordinaire de qualifier cette mesure de vexatoire.

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