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Intervention de Jean-Jacques Urvoas

Réunion du 13 décembre 2011 à 15h00
Responsabilité civile et pénale du président de la république — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Jacques Urvoas :

Ce fut encore le cas en juillet 2010, quand le tribunal de grande instance de Paris a condamné la société Sonora Média, éditrice d'un journal satirique pastiche du Monde.

Un tel déséquilibre – bénéficiaire d'une immunité d'un côté, procédurier de l'autre – peut-il se poursuivre ? Nous ne le pensons pas. Une conception aussi étendue de l'irresponsabilité présidentielle nous semble contraire au principe du droit au procès équitable posé par l'article 6 de la Convention européenne des droits de l'homme.

Évidemment, il faut protéger le Président de la République pour les actes qui relèvent de sa fonction. Mais il est tout aussi logique qu'un « Président de la République réponde pénalement des actes détachables de sa fonction devant les juridictions de droit commun ». Je viens de citer Jean Foyer, juriste aussi respectueux de la fonction présidentielle qu'attaché aux institutions de la Ve République.

Or le Président de la République est actuellement le seul Français, le seul élu « sous cloche immunisante » comme le disait Robert Badinter en février 2007. Il ne répond de rien pendant la durée de son mandat.

Certes, je le concède aisément, il ne peut exister de système juridique pleinement satisfaisant pour traiter d'une situation qui ne devrait pas se rencontrer : celle d'un Président ayant maille à partir avec les tribunaux.

Aussi, ne serait-il pas plus simple d'en revenir à une évidence, c'est-à-dire au principe fondamental du droit civil en vertu duquel tous les Français sont égaux devant la loi civile ? Cela s'appliquait sous Napoléon ; cela devrait pouvoir être encore valable sous Nicolas Sarkozy.

Ce texte le propose ; le principe nous sied ; des modalités étaient discutables, mais le Gouvernement a refusé que le débat ait lieu. Nous allons donc voter en faveur de cette proposition de loi, qu'il faut entendre comme le souhait de réformer le statut du Président de la République. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)

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