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Intervention de Philippe Houillon

Réunion du 13 décembre 2011 à 15h00
Responsabilité civile et pénale du président de la république — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Houillon :

Monsieur le président, mes chers collègues, nous examinons aujourd'hui un texte proposé par le groupe GDR, qui ne tend à rien de moins qu'à supprimer la Cour de justice de la République et l'inviolabilité dont bénéficie le Président de la République pendant son mandat. Je le dis immédiatement : ce texte ne peut recueillir notre accord et nous ne le voterons pas.

La réforme constitutionnelle de 2007 a retenu un dispositif équilibré, conforme à celui de la quasi-totalité des pays démocratiques ; nous en avons débattu et nous avons modifié les articles 67 et 68 de la Constitution. L'article 67 consacre le principe de l'irresponsabilité du Président de la République pour les actes accomplis en cette qualité. Cette irresponsabilité est définitive mais limitée dans son champ. Le même article établit, en outre, un régime d'inviolabilité absolue, mais temporaire, du chef de l'État. Quant à l'article 68, il permet à la Haute Cour de destituer le Président de la République « en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l'exercice de son mandat ». Cette double protection est conforme à l'esprit de notre constitution aux termes de laquelle le Président de la République est la clé de voûte de notre système institutionnel. L'importance de ses fonctions justifie qu'il puisse exercer le mandat dont il est investi en toute indépendance, à l'abri de toute pression qui l'empêcherait de mener à bien sa mission. Il ne peut être considéré comme un justiciable comme les autres.

En fait, la seule innovation véritable de la proposition de loi se situe dans le régime de l'inviolabilité du Président de la République, à laquelle elle souhaite mettre fin en permettant la poursuite du chef de l'État pour les actes commis antérieurement à l'exercice de ses fonctions ou qui n'ont aucun lien avec celles-ci et en sont détachables, ainsi que son arrestation et son incarcération après autorisation de l'Assemblée nationale. Cela pose nombre de problèmes, notamment du fait de la séparation des pouvoirs. Et puis, la réponse existe déjà : si le chef de l'État a commis un acte d'une gravité telle qu'elle pourrait conduire à son incarcération, c'est la procédure de l'article 68 qui serait utilisée pour mettre fin à son mandat. Des réponses existent donc déjà, dans les textes que nous avons adoptés récemment et encore dans celui que la commission des lois a voté il y a une dizaine de jours à peine.

Quant à la suppression de la Cour de justice de la République, notre collègue Noël Mamère nous a expliqué en commission que rien ne justifie que les membres du Gouvernement bénéficient d'un privilège de juridiction leur permettant d'être jugés par des magistrats et des parlementaires pour des infractions de droit commun commises dans l'exercice de leurs fonctions. Mais, malgré tout, il maintient un système dérogatoire de filtre qui, au bout du compte, ressemble à s'y méprendre à la commission des requêtes de la Cour de justice de la République. C'est bonnet blanc et blanc bonnet.

Voilà pourquoi nous ne soutiendrons pas un texte qui, en l'état, ne présente strictement aucune utilité. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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