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Intervention de Michel Françaix

Réunion du 10 novembre 2011 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2012 — Culture

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Françaix :

La part du rêve, celle de l'esprit et de l'émotion partagée, ce n'est pas un luxe, c'est une nécessité. Cela contribue au vivre ensemble, au lien social, à donner un sens à la vie, à la survie.

Rationner la culture est inacceptable. Expliquez à vos amis, qui ne veulent pas le comprendre, que pouvoir compter, même lorsqu'on a plus rien, sur ce qui ne s'achète pas et pouvoir s'ouvrir aux autres, au monde, lui donner un sens, est essentiel. Cela n'a pas de prix, et c'est ce que nous devons défendre.

Nous étions prévenus, vous étiez prévenue que, pour la culture aussi, le président Nicolas Sarkozy souhaitait la rupture. Nous étions prévenus de ce que, en fan d'Eurodisney, il parlait d'obligation de résultat en matière culturelle. Il nous expliquait que les lois du libéralisme devaient s'appliquer à ce marché-là comme aux autres, il insistait sur sa volonté de rompre avec une politique de l'offre pour aller vers une politique de la demande.

« Il y a des oeuvres qui font passer le temps, d'autres qui expliquent le temps », disait André Malraux. Voilà peut-être une vérité à remettre à l'ordre du jour.

L'État ne peut plus faire face ou, plus exactement, ne veut plus faire face, et les collectivités locales n'en ont plus les moyens. Le poids insurmontable des transferts de charges non compensés et la réforme des collectivités territoriales organisent le calendrier de l'étranglement et de l'incapacité des collectivités à intervenir dans ce domaine essentiel à l'émancipation et au bien-vivre ensemble.

Ces renoncements sont ceux du pouvoir, Ils ne sont pas les nôtres ; j'espère qu'ils ne sont pas les vôtres.

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