Madame la présidente, messieurs les rapporteurs, mesdames et messieurs les députés, la politique culturelle, dans nombre de pays voisins du nôtre, a été l'une des premières victimes des turbulences économiques que nous traversons depuis 2008. Même si le budget de la culture contribue comme toutes les autres missions, et c'est bien normal, à l'effort collectif de redressement des finances publiques, la France, elle, s'est refusée à revoir à la baisse ses ambitions en matière culturelle.
Ce choix exprime, bien sûr, la place particulière que tiennent dans notre pays la création, la diffusion des oeuvres et la préservation de notre patrimoine. Mais il est aussi le fruit de l'effort de réduction des déficits engagé depuis trois ans : parce que nous avons pris des mesures pour maîtriser nos dépenses publiques, nous avons pu préserver notre modèle national. Nous avons pu ainsi rester fidèles à notre vision exigeante des responsabilités de l'État en matière de culture.
Ces responsabilités sont au nombre de trois : nous avons le devoir de sauvegarder, de protéger et d'ouvrir au plus grand nombre notre patrimoine culturel, qui est tout simplement exceptionnel ; nous avons l'obligation de soutenir la création sous toutes ses formes ; nous devons développer les pratiques et les enseignements artistiques, et ce dès le plus jeune âge. C'est ainsi que nous maintiendrons vivante cette singularité française qu'est la passion de la culture partagée par tous.
Pour honorer ces trois engagements, la mission « Culture » bénéficiera de 2,7 milliards d'euros de crédits en 2012, soit un budget en hausse de 1,8 %. Cette augmentation, supérieure aux plafonds prévus par la loi de programmation des finances publiques, permettra notamment de poursuivre la réalisation de deux projets phares qui traduisent toute l'ambition du Président de la République et du Gouvernement en matière de culture : je pense bien entendu à la Philharmonie de Paris et à la Maison de l'Histoire de France.
La première de nos responsabilités est de protéger, sauvegarder et ouvrir au plus grand nombre notre patrimoine culturel.
En 2012, l'État y consacrera 871 millions d'euros, soit un budget en progression de 1 %. Cette hausse bénéficiera en particulier à la protection de nos monuments historiques, notamment aux grands chantiers de restauration.
Depuis bientôt cinq ans, nous avons beaucoup fait pour redonner tout leur lustre aux joyaux parisiens. En 2012, nous allons poursuivre le rééquilibrage en direction des régions, afin d'y préserver nombre de monuments exceptionnels : la proportion de nouveaux chantiers lancés en région augmentera ainsi de 3 % l'année prochaine.
Au coeur de cette politique de transmission du patrimoine, il y a deux projets d'une envergure toute particulière. Je pense à la Maison de l'Histoire de France, voulue par le Président de la République pour rassembler en un lieu unique l'héritage hors du commun qui est le nôtre : 10 millions d'euros seront consacrés à son fonctionnement et à la rénovation de son siège.
Deuxième projet exceptionnel, le Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, le MUCEM, qui ouvrira ses portes au printemps 2013 à Marseille, au moment même où la cité phocéenne deviendra capitale européenne de la culture. Et le MUCEM en sera le symbole, en rendant visible le dialogue et les échanges qui n'ont jamais cessé d'unir les peuples de Méditerranée. Pour arriver à son terme, ce projet bénéficiera de 41,3 millions d'euros.
Préserver notre patrimoine, c'est aussi préserver les archives que nous avons accumulées et qui jouent le rôle de mémoire nationale. Pour les conserver dans des conditions satisfaisantes, nous pourrons compter en 2012 sur le nouveau Centre des archives nationales de Pierrefitte-sur-Seine. Le chantier sera en effet achevé et l'ouverture au public est prévue en 2013. Ce grand projet bénéficiera donc d'une fraction significative des 49 millions d'euros qui seront affectés aux missions archivistiques.
Loin d'être figé, notre patrimoine ne cesse au contraire de s'enrichir de nouvelles créations, bien sûr, mais aussi de nouvelles découvertes. L'archéologie, qui est au coeur de la politique conduite par Frédéric Mitterrand, disposera en 2012 de moyens en augmentation de près de 30 % par rapport à 2011. Cela permettra notamment de rénover et de construire les centres d'études et de conservation où sont rassemblés les résultats des fouilles préventives et programmées.
Enfin, pour mettre en valeur notre patrimoine, nous consacrerons 28 millions d'euros à l'architecture, ce qui constitue une progression des crédits de 8,4 % par rapport à 2011. Le Gouvernement affirme ainsi son soutien aux innovations mises en place dans le cadre du Grenelle de l'environnement, comme le développement des aires de mise en valeur de l'architecture et du patrimoine, à la réflexion sur le Grand Paris ainsi qu'à la diffusion de l'architecture en France et à son rayonnement à l'étranger.
Je le disais à l'instant, notre patrimoine ne cesse de s'enrichir. C'est le fruit de la vitalité des scènes artistiques françaises, bien sûr, mais aussi de notre politique déterminée de soutien à la création.
En 2012, les crédits que nous y consacrerons progresseront de 6 %, pour atteindre 788 millions d'euros. Cela nous permettra notamment de poursuivre nos efforts en faveur du spectacle vivant, avec des moyens en hausse de 7,5 %.
Cette augmentation traduit notamment la mise en oeuvre du plan présenté par Frédéric Mitterrand en juillet dernier, pour renforcer le rayonnement des artistes français, renforcer leur présence dans les réseaux et labels et mieux structurer l'emploi grâce à la constitution de troupes permanentes au sein des centres nationaux : 3,5 millions d'euros seront consacrés à cette nouvelle ambition pour le spectacle vivant.
Nous poursuivrons également notre action pour rénover les grandes scènes françaises. Je pense ainsi à la rénovation de l'Opéra comique, d'ores et déjà engagée, mais aussi au lancement de la rénovation du Théâtre national de Chaillot. Vous le savez, avec la Philharmonie de Paris, nous offrirons également à notre capitale le lieu musical qu'il lui manquait pour être l'égale de Berlin, de Londres ou de New York.
Soutenir la création, c'est aussi soutenir les arts plastiques, qui bénéficieront de 69 millions d'euros. Ils seront mis au service de notre politique de soutien aux grandes manifestations et institutions comme le Palais de Tokyo. Ils permettront également de renforcer l'action engagée par le Gouvernement en direction de la photographie. Enfin, nous poursuivrons notre politique en faveur des fonds régionaux d'art contemporain de seconde génération.
La troisième de nos responsabilités culturelles est de permettre à tous les Français d'accéder au patrimoine et à la création.
C'est pourquoi nous maintenons notre effort au service de la démocratisation de la culture à hauteur de 1,07 milliard d'euros, avec deux priorités : poursuivre la réforme de l'enseignement supérieur sous tutelle du ministère de la culture et renforcer notre politique d'accès de tous au patrimoine et à la création.
Première priorité : poursuivre la réforme de l'enseignement supérieur relevant du ministère de la culture, tout d'abord, avec des crédits en hausse de 4,3 % par rapport à 2011. Cet effort supplémentaire permettra de renforcer nos investissements dans ces établissements et de développer leur attractivité internationale.
Celle-ci passe par une meilleure reconnaissance européenne des cursus et des diplômes auxquels aboutissent nos écoles d'art et de culture. De nombreuses avancées ont été réalisées dans ce domaine au cours des derniers mois, grâce à une coopération étroite entre le ministère de l'enseignement supérieur et celui de la culture.
Je pense, par exemple, aux campagnes d'attribution du grade de master au diplôme national supérieur d'expression plastique : l'adossement à la recherche de ces diplômés se construit grâce au renforcement des liens entre universités et écoles sous tutelle du ministère de la culture et à la montée en puissance progressive de la recherche artistique. Ce décloisonnement bénéficie à l'ensemble des étudiants.
Deuxième priorité : poursuivre notre effort de démocratisation de la culture. Toutes les actions engagées en région seront ainsi consolidées, avec des moyens qui s'établissement à 75,7 millions d'euros. De même, notre politique de rayonnement international verra son budget reconduit à 9 millions d'euros.
L'année 2012 verra la consolidation de l'Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture, l'OPPIC, dont la dotation budgétaire est stabilisée. L'établissement poursuivra en 2012 la réalisation de plusieurs grandes opérations d'investissement du ministère, parmi lesquelles la construction du centre des archives de Pierrefitte-sur-Seine ou la rénovation du Palais de Tokyo.
Nous ferons porter nos efforts d'économie sur les dépenses de fonctionnement du ministère : la baisse de 6 % en 2011 sera poursuivie, avec une nouvelle diminution de 2 %. C'est le fruit de la politique de réorganisation profonde du ministère, qui permet de mutualiser les moyens et d'optimiser leur gestion.
Cet effort d'économies, vous le savez, nous l'accentuons dans le cadre de la réduction supplémentaire des dépenses demandée par le Premier ministre le 24 août dernier. La mission « Culture » contribuera à ce milliard d'économies à hauteur de 8 millions d'euros.
Cet effort se traduira par une diminution des subventions de fonctionnement versées aux opérateurs du ministère. De plus, les crédits destinés aux nouvelles acquisitions de patrimoines seront réduits de 1,8 million d'euros, tout comme les moyens consacrés aux opérations menées par l'OPPIC, qui diminueront de 4,4 millions d'euros.
Voilà, mesdames et messieurs les députés, les principaux points sur lesquels je voulais revenir devant vous aujourd'hui, sachant que Frédéric Mitterrand a déjà eu l'occasion de vous présenter en détail ce budget le 27 octobre dernier. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)