J'aurais aimé la prononcer ! Je retiens simplement votre observation sur l'effort européen. L'effort européen, cela peut être la meilleure des choses, mais cela peut être aussi la tarte à la crème. Nous avons, ensemble, à construire l'Europe. Je connais vos convictions européennes et nous les partageons. Je rappelle simplement qu'en matière de défense il y a de véritables écarts culturels entre les vingt-sept pays de l'Union.
La France a une singularité, c'est que, sur le terrain de l'euro, elle est avec l'Allemagne, et sur le terrain de la défense avec la Grande-Bretagne. Elle est en réalité, du fait de sa position géographique et culturelle, le point commun de toute l'Europe. Le seul ennui, c'est que certains de nos partenaires européens n'ont pas encore compris que la défense réclamait un effort de long terme, qui ne supportait pas un système alternatif et ne pouvait être sous-traité. On n'achète pas à l'extérieur une sécurité, nous avons subi trop d'épreuves sur notre sol pour oublier cela.
Je comprends parfaitement que de nouveaux adhérents de l'Union européenne aient encore l'image de la bipolarisation de la guerre froide mais, aujourd'hui, nous nous situons dans une logique toute différente et nous sommes rejoints petit à petit par d'autres pays.
Le Danemark – dont je recevais récemment le ministre de la défense – est ainsi marqué par une singularité étonnante : ce pays a choisi ne de pas participer à la politique européenne de sécurité et de défense et, pourtant, il s'est montré très présent à nos côtés dans l'affaire libyenne. Cela prouve bien qu'il ne faut pas désespérer de nos partenaires.
La force de la France en matière de défense, c'est qu'elle fait preuve de détermination, pour les raisons constitutionnelles que j'évoquais tout à l'heure, tout en ayant une position européenne, ce qui n'est pas tout à fait le cas de la Grande-Bretagne, reconnaissons-le.
Certes, une petite épreuve nous attend avec le programme AGS, Alliance Ground Surveillance. On en connaîtra sans doute l'issue lors de la prochaine réunion de l'OTAN à Chicago.
Il ne faut pas se contenter de sauter sur sa chaise comme un cabri, en disant : « l'Europe ! l'Europe ! », pour reprendre les mots du général de Gaulle. Il faut amener nos partenaires européens à prendre chacun leurs responsabilités.
Bernard Cazeneuve a évoqué dans sa longue intervention les économies réelles. Je précise que le solde net des économies dégagées par la réforme sur la période 2008-2016 sera de 6, 682 milliards. Au 31 décembre de cette année, la diminution d'effectifs épousera exactement la pente de la diminution globale de 54 000 postes, qui concernera, je le répète, un tiers de combattants et deux tiers de personnels de support. Il est vrai que ces personnels connaissent des difficultés, mais c'est principalement parce qu'ils doivent encaisser le plus gros de l'effort de suppression. L'économie réalisée est aujourd'hui de 540 millions, car nous avons aussi dépensé, vous avez raison, monsieur le député. Toutefois, il faut bien voir que le coût des restructurations est toujours plus élevé au début. C'est en fin de période, en 2016, que nous bénéficierons pleinement des économies dégagées par la réforme, sans que des dépenses viennent peser sur le solde. Avec 6,682 milliards d'économies finales en huit ans, nous nous situons à environ 800 millions d'économies par an.
S'agissant du projet de Balard, je ne rouvrirai pas le débat dans sa totalité. Les partenariats public-privé sont difficiles à comprendre et ils divisent toutes les familles politiques. Je crois savoir, madame Lebranchu, que le grand stade de Lille repose sur un PPP.