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Intervention de Christian Ménard

Réunion du 9 novembre 2011 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2012 — Défense

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristian Ménard :

Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le président de la commission de la défense, messieurs les rapporteurs, mes chers collègues, les forces françaises engagées sous mandat international représentaient, en milieu d'année, 9 812 hommes, répartis sur dix opérations, dont cinq importantes.

Si, en Afghanistan, le départ progressif de nos troupes a été programmé – 200 hommes sont déjà partis en octobre, 200 devraient le faire fin décembre et encore 200 fin mars 2012 –, il n'en demeure pas moins que 1 300 sont toujours positionnés au Liban dans des conditions pour le moins discutables. En témoignent leur récente attaque, dans le village d'Aita al-Shaab, par des membres du Hezbollah, ou encore les multiples obstructions dont elles sont victimes.

Au Kosovo, où 300 hommes sont encore stationnés, les incidents qui se sont déroulés il y a peu dans le nord du pays peuvent laisser penser qu'un retrait de nos forces serait prématuré dans une région qui cependant accède, peu à peu, à la stabilité. La volonté commune de la Serbie et du Kosovo d'intégrer l'Union européenne constitue notre meilleure arme pour obtenir leur réconciliation.

Les 3 800 hommes engagés dans l'opération Harmattan, en Libye, ont fait la démonstration du rôle majeur joué par la France, sous l'impulsion du Président de la République, pour la libération de ce pays.

Et on ne louera jamais assez le courage de nos troupes. Parties de Solenzara, d'Italie, de nos navires, de nos hélicoptères de l'armée de terre, elles ont multiplié leurs interventions, dans des conditions extrêmes, à la merci de missiles sol-air. Elles méritent d'être saluées aujourd'hui.

Cette guerre aura également été l'occasion de démontrer l'efficacité de notre matériel : Rafale, Mirage, hélicoptères Tigre, Puma, Gazelle. Avec deux bémols cependant : nous avons constaté notre dépendance vis-à-vis de nos collègues américains concernant les ravitailleurs – et sur ce point, il nous faudra bien trouver des solutions palliatives –, l'autre bémol résidant dans la limite de l'exercice et la nécessité d'effectuer des choix. Notre Atlantique 2 a ainsi dû quitter l'océan Indien et le Sahel pour se rapprocher du théâtre libyen, pendant que nos SNA désertaient quelques mois l'Atlantique. En juillet, la mission Corymbe dans le golfe de Guinée a dû être interrompue, alors que les actes de piraterie se multipliaient. Et je ne parle pas de la lutte contre le narcotrafic.

L'autre sujet dont je voudrais vous entretenir est la piraterie maritime dans l'océan Indien. Si l'opération Atalante a été exemplaire, l'on en voit aujourd'hui les limites. Se cantonner, comme nous le faisons, comme le fait le reste du monde, à une protection des vaisseaux qui y transitent est une erreur. Les actes de piraterie se multiplient et cela nous coûte très cher. Tant que le monde n'aura pas compris que la résolution des problèmes est à terre et passe par des solutions économiques, humanitaires, environnementales, judiciaires, rien n'évoluera !

Alors que cette région de la Corne de l'Afrique doit constituer l'une des priorités essentielles, l'Europe n'affiche pas cette volonté. La France, qui dispose de 2 900 hommes à Djibouti, ne doit pas l'oublier. C'est là que se situent les principaux enjeux de demain. Qu'il me soit permis, à cette occasion, de rappeler le rôle essentiel de l'hôpital Bouffard, en termes d'image et d' « d'indispensabilité ». Cet établissement ne doit pas disparaître, mais évoluer dans des solutions de coopération, pourquoi pas européennes.

Je ne puis citer ici toutes nos forces présentes dans le monde, mais tout au moins rappeler les missions exercées par nos gendarmes dans nos DOM-TOM, dans des conditions extrêmement périlleuses et dont on parle peu en métropole. Certains de mes collègues, tout comme moi-même, dans le cadre de missions ou de stages, avons eu l'occasion de le découvrir. Ils honorent la France.

Toutes ces opérations ont bien sûr un coût. Coût humain d'abord, et c'est ce que nous déplorons. À cet égard, je tiens à saluer nos soldats qui, en Afghanistan, ont fait le sacrifice de leur vie. La France ne les oubliera pas.

Coût financier, ensuite. Il faut savoir que nous avons dépensé 430 millions d'euros – coût direct – pour l'opération Harmattan, et 520 millions pour l'Afghanistan. Pour Atalante, les chiffres varient beaucoup, de 30 à 300 millions. Aujourd'hui, l'ensemble des surcoûts des opérations extérieures pour la France a été évalué entre 1,2 et 1,3 milliard d'euros, soit un débordement de 600 millions d'euros par rapport à l'enveloppe votée pour 2011.

Aujourd'hui, nous allons voter 630 millions d'euros pour les OPEX en 2012, alors qu'il nous faudrait 1,2 milliard.

La France ne peut malheureusement plus assumer seule certaines de ces dépenses, même si elle en a la volonté. Alors que l'Europe s'inquiète à juste titre de la situation grecque, de l'avenir de l'euro, il est plus que temps qu'elle s'interroge sur la situation de sa défense. Il y va de son avenir et de sa crédibilité. Demain, il sera trop tard ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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