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Intervention de Jean-Jacques Candelier

Réunion du 9 novembre 2011 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2012 — Défense

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Jacques Candelier :

…de la direction générale de l'armement, complètement éclaté depuis les réorganisations. Seule une partie des personnels du site dépend directement du directeur.

La nouvelle organisation matricielle de la DGA, censée améliorer son fonctionnement et son efficacité, allongerait en réalité les délais de traitement.

De même, d'après les syndicats, la création des bases de défense est davantage source de dysfonctionnements que de progrès. Les forces connaîtront 184 transferts ou dissolutions d'unités en 2012. Outre le prix exorbitant de ces transferts, très supérieur aux estimations initiales, la situation financière et morale des familles a été affectée. La mutation forcée a engendré des dépenses importantes, non compensées par les aides du plan d'accompagnement des restructurations, et a provoqué une modification de la cellule familiale, allant du célibat géographique à des séparations. Nombre de conjoints ont perdu un emploi stable. Le personnel civil est donc lourdement touché. Nous sommes passés de 145 000 personnels civils, il y a à peine quinze ans, à quelque 68 000 aujourd'hui. Le sous-dimensionnement des équipes et le manque de recrutements placent les agents dans des conditions de travail difficiles et leur font subir un grand stress. Des risques psychosociaux et des drames sont constatés.

Le privé rogne toujours un peu plus les tâches. On constate une progression sans fin, depuis près de dix ans, des domaines qui lui sont concédés. En 2009, les dépenses d'externalisation représentaient 5 % du budget de la défense, soit 1,7 milliard d'euros. Elles ont triplé par rapport à 2001 ! Le périmètre du recours à l'externalisation s'étend désormais à des procédures coordonnées à l'échelle du territoire métropolitain, à la formation, à la projection et au soutien des forces déployées en opérations extérieures. Si les externalisations ont touché, jusqu'à présent, des services périphériques comme les cantines ou l'entretien des locaux, elles concernent aujourd'hui des missions de sécurité. La bataille engagée par les industriels pour reprendre la maintenance des matériels des armées est symptomatique d'une envie de privatisation de l'ensemble du soutien. Le maintien en condition opérationnelle représente environ 70 % du coût global de possession d'un matériel. Forcément, les appétits s'aiguisent. Monsieur le ministre, quel sera l'avenir pour nos régiments de soutien, pour nos ateliers industriels aéronautiques ou pour notre service de soutien à la flotte ? Nous considérons, pour notre part, qu'il faut garder la maîtrise étatique de la défense, domaine régalien, et qu'il faut redonner toute sa place aux personnels civils. D'ailleurs, le Livre blanc proposait de leur accorder une place plus importante dans le soutien des forces et de l'administration. Nous déplorons aujourd'hui que cela n'ait pas été fait, alors qu'il s'agissait pourtant d'un gisement d'économies substantiel. On parle beaucoup de mesures de rigueur, ces derniers temps…

Enfin, alors que l'on est en train d'adapter le « dispositif des forces prépositionnées sur l'arc de crise » décrit par le Livre blanc, avec la création du pôle de coopération régionale du Sénégal, l'achèvement de la montée en puissance de la base aux Émirats arabes unis et la réduction du dispositif en Côte d'Ivoire, je propose de fermer purement et simplement nos bases permanentes à l'étranger. Celles-ci relèvent d'une posture offensive et non défensive. Je rappelle que nos bases à Djibouti, aux Émirats arabes unis, au Gabon et au Sénégal nous coûtent 4 000 hommes.

Pour conclure, je dénonce le fait que notre armée soit mise au service d'une orientation ultra-sécuritaire sur le plan intérieur, comme pour le plan Vigipirate ou encore la sécurité du récent G20 à Cannes. Nos forces sont également utilisées pour défendre nos intérêts économiques, comme en Côte d'Ivoire et en Libye. Cette orientation ne peut en aucun cas assurer une paix durable du monde.

J'aurai un mot pour nos forces qui accomplissent de difficiles missions. Il faut saluer leur professionnalisme et leur réactivité.

Nous voterons contre ce budget de la défense.

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