Monsieur le président, monsieur le rapporteur spécial, madame et messieurs les rapporteurs pour avis, mesdames et messieurs les députés, avant de répondre aux différents orateurs, que je tiens à remercier pour l'attention qu'ils ont portée à l'examen des crédits de la mission « Action extérieure de l'État », je souhaite rappeler très brièvement le contexte dans lequel s'est déroulée la préparation de ces crédits.
Les crédits pour l'année 2012 s'inscrivent, je n'y reviens pas car les rapporteurs l'ont dit, dans un triennium budgétaire qui ne permettait par nature que des évolutions mesurées au regard de celles définies par la loi de programmation. Ce cadrage pluriannuel, contraignant, n'en est pas moins nécessaire dans un contexte où la trajectoire de nos finances publiques ne peut s'accommoder de revirements incessants.
Je tiens plutôt à souligner la responsabilité qui – dans les troubles financiers auquel notre pays, comme l'ensemble de la zone euro, fait face – nous incombe collectivement. L'économie mondiale traverse, depuis près de trois ans, une crise d'une extrême gravité, inédite depuis celle qui a marqué l'entre-deux-guerres. À une crise financière d'une grande violence succède désormais une crise de l'endettement, qui affecte durement la confiance et se traduit par une révision des perspectives de croissance, avec les conséquences que chacun connaît sur l'équilibre de nos finances publiques.
Dans ce contexte que je n'hésite pas à qualifier de chaotique, je tiens à redire ma conviction que la solution aux défis auxquels nous sommes confrontés passe par des efforts collectifs au niveau européen comme au niveau national. Tirant les conséquences de la révision des hypothèses de croissance pour 2012, le Premier ministre a annoncé hier un nouveau plan d'économies de 18,6 milliards d'euros sur 2012 et 2013, dont 7 milliards au titre de 2012. En complément de ce que l'on a appelé le « coup de rabot » d'un milliard d'euros sur les dépenses 2012, auquel ce ministère doit contribuer à hauteur de 13 millions d'euros, le nouveau plan comprend 500 millions d'euros d'économies nouvelles, dont les modalités de répartition entre les ministères n'ont pas encore été établies.
C'est un effort important, qui illustre bien la détermination du Gouvernement à prendre les mesures qui s'imposent pour garantir que nos finances publiques demeurent soutenables.
Lorsque j'ai pris mes fonctions au Quai d'Orsay au mois de février 2011, la situation n'était pas celle que nous connaissons aujourd'hui ; elle n'en était pas moins déjà marquée par une forte contrainte budgétaire. J'ai ainsi indiqué d'emblée que je n'avais pas de baguette magique, mais que je m'attacherais à défendre au mieux les moyens de notre outil diplomatique.
Cette question des moyens de notre action extérieure me tient en effet, vous le savez, particulièrement à coeur. Je considère qu'elle est par nature solidaire des objectifs politiques que poursuit notre diplomatie, et j'ai d'ailleurs constaté, devant la commission des affaires étrangères de votre assemblée comme devant celle du Sénat, combien cette préoccupation était partagée par le Parlement et transcendait les clivages politiques.
À de nombreuses reprises au cours des dernières années, j'ai eu l'occasion d'indiquer les raisons pour lesquelles notre outil diplomatique doit se voir garantir des moyens à la hauteur des ambitions de notre pays dans le monde. J'observe avec satisfaction que l'un des textes que j'ai cosignés avec Hubert Védrine me vaut une popularité extrême dans cette assemblée. (Rires.) Jamais je n'ai entendu citer aussi souvent un modeste papier publié dans la presse nationale.
Cette position, je l'ai défendue lors des travaux du Livre blanc consacré à notre politique étrangère ; je l'ai évidemment maintenue lorsque ce ministère s'est trouvé en butte à des critiques, voire à des attaques, qui ont injustement altéré la confiance de notre pays dans l'efficacité de son outil diplomatique.
Certains d'entre vous m'ont rappelé, au cours des dernières semaines, que la fragilisation de notre outil diplomatique n'était pas nouvelle, qu'elle résultait d'une longue décroissance des moyens humains et budgétaires dédiés à notre action diplomatique.