Monsieur le ministre d'État, six mois avant votre arrivée à la tête de la diplomatie française, dans une tribune du Monde intitulée « Cessez d'affaiblir le Quai d'Orsay », vous souligniez la faiblesse structurelle de ce budget, mais aussi les suppressions de postes à vos yeux excessives et la compression des moyens au moment où les grands pays occidentaux et émergents font de leur diplomatie une priorité, avec des budgets augmentés chaque année de 4 % à 5 %. Ce constat se vérifie particulièrement en matière de rayonnement culturel. À l'heure où nous examinons ce budget, force est de constater que la stabilité que vous vous félicitez d'avoir pu obtenir est très loin des ambitions que vous nourrissiez avec raison pour notre diplomatie.
Pour la diplomatie culturelle et d'influence, le budget est certes stabilisé à hauteur de 674 millions d'euros, mais les moyens humains continuent de disparaître avec la suppression de 134 équivalents temps plein, soit une baisse de 11 %. Surtout, chacun s'accorde à regretter une stabilisation à un niveau historiquement bas. Nous avons vécu depuis dix ans la fermeture d'un tiers de nos centres culturels en Europe et, encore récemment, vous avez suspendu brutalement la mission culturelle au Mexique. Depuis cinq ans, le nombre des bourses accordées aux étudiants étrangers a baissé de 30 % et la moitié des bourses d'apprentissage du français a été supprimée. Depuis trois ans, les subventions accordées aux services de coopération et d'action culturelle des ambassades et aux centres ou instituts culturels ont baissé de 20 % à 30 %.
En réalité, le financement de la totalité de notre action culturelle à l'étranger ne dépasse guère aujourd'hui le budget d'une seule institution parisienne – je pense à l'Opéra ou à la BNF. C'est dire que nous sommes face à une politique de saupoudrage où chacun de nos cent quarante-quatre instituts doit faire avec des subventions comprises entre 50 000 et 70 000 euros par an. Certains de nos ambassadeurs et attachés culturels ne cachent plus leur désarroi de voir leur métier évoluer principalement vers la recherche de partenaires financiers et de devoir soumettre leurs propres objectifs aux impératifs d'entreprises privées.
Je souhaite également revenir sur la prise en charge de la scolarité de nos élèves expatriés, promesse de campagne d'apparence généreuse de M. Sarkozy mais dont mon groupe n'a cessé, année après année, de dénoncer les effets pervers.