Madame la présidente, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, discuter et voter le budget des anciens combattants, pour une génération qui a eu la chance de ne point connaître le feu, est une nécessité morale et éthique, qui nous renvoie immanquablement au lien entre les générations, à cette transmission de la dette indéfectible qui lie les grands peuples et les grandes nations, les maintenant ainsi dans l'histoire.
Vous me permettrez d'être quelque peu lyrique, en nous projetant dans un temps mythologique, fondateur. Souvenons-nous d'Énée portant Anchise sur ses épaules. Souvenons-nous des deux commémorations entre lesquelles survient ce débat. Nous étions sans doute quelques-uns, il y a quarante-huit heures, au carré militaire, pour nous souvenir de celles et ceux tombés au champ d'honneur, quelles que soient leurs convictions, quels que soient les régimes, parce que français, parce que la jeunesse française a toujours su se soulever lorsque cela était nécessaire. Souvenons-nous que c'est grâce à eux que nous pouvons continuer à parler notre langue et à assurer un avenir à nos enfants et à nos petits-enfants. Le 11 novembre, également, le Mort-Homme, le colonel Driant, la cote 304 : ces noms portent notre histoire nationale et cette épopée lyrique à laquelle nous devons tous, les uns et les autres, appartenir.
Plus encore, plus lointainement, qui se souvient qu'à la fin de novembre 511 s'éteignait le premier roi fondateur, Clovis, que révérait autrefois la République, si oublieuse qu'elle fût des régimes qui l'ont précédée ?
Nous discutons du budget des anciens combattants à un moment où les tensions, la dislocation, menacent parfois l'unité nationale, à un moment où les tensions dans le couple franco-allemand sont si perceptibles,…