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Intervention de François de Rugy

Réunion du 2 novembre 2011 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2012 — Écologie développement et aménagement durables

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois de Rugy :

Mais cette démarche est également soutenue par notre collègue de Debout la République…

Cette étude qui réévalue un certain nombre de critères remet en cause plusieurs des postulats sur lesquels repose votre projet. Ainsi, les projections de croissance de la demande des passagers – ce qui concerne l'ensemble du transport aérien – sont particulièrement optimistes, car elles ne tiennent pas compte de l'augmentation, désormais constatée, des prix du pétrole. Plus incroyable encore pour une étude commandée par l'État, ces projections de passagers ne prennent pas non plus en compte le fait que l'aviation sera incluse dans le marché européen des émissions de CO2, argument auquel vous devriez être sensible, madame la ministre. Enfin, les scénarios présentés dans cette étude sont fondés sur des hypothèses de croissance économique, là encore très optimistes au vu des prévisions actuelles qui prévoient une stagnation, voire une récession de l'activité.

Par ailleurs, des calculs ont été effectués sur les améliorations globales attendues de cet aéroport pour la collectivité, en termes de temps de trajet. Or les chiffres de l'État se révèlent quatre fois plus optimistes que ceux qui touchent aux autres projets d'infrastructures pilotés par l'État : en effet, on considère ici qu'une heure gagnée vaut cent euros, quand elle est d'ordinaire évaluée à vingt-cinq euros.

Je me permettrai donc, madame et monsieur les ministres, de vous remettre à chacun une copie de notre contre-expertise, que vous pourrez consulter. Vous verrez ainsi que les nouvelles projections modifient radicalement les résultats de l'analyse SCBA. En effet, selon cette dernière, le bénéfice global du projet, qui intègre entre autres le temps de trajet, la sécurité, le bruit et les émissions de gaz à effet de serre, se chiffrait à 607 millions d'euros, tandis que la nouvelle expertise aboutit, avec une hypothèse basse de réévaluation des coûts, à un déficit de 91 millions d'euros, et, avec des hypothèses de coûts plus réalistes, à un déficit de 614 millions d'euros pour la collectivité !

Ma conclusion sera donc simple, madame la ministre de l'écologie, monsieur le ministre des transports. Nous sommes en période de difficultés budgétaires. Chacun cherche à faire des économies, et nous tenons ici l'occasion d'une économie de 140 millions d'euros pour le budget de l'État, tout en respectant les intentions du Grenelle dont l'un des objectifs était de ne pas augmenter la capacité aéroportuaire de la France.

Je vous invite donc à me répondre sur les conclusions de cette nouvelle étude, souhaitant que la déclaration d'utilité publique soit abrogée et, en attendant, que le projet soit remis à plat. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)

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