Des interrogations qui ne devraient pas infléchir la politique du ministre de l'agriculture qui peut-être s'adressait aussi à vous lorsqu'il dénonçait, le 13 septembre, au grand salon agricole de Rennes « les gens qui de Paris ou du fond de je ne sais trop quelle capitale, vont critiquer les agriculteurs ». Il ajoutait : « soyons pragmatiques. N'essayons pas systématiquement d'appliquer des règles environnementales plus strictes que celles de nos voisins. »
L'actualité de ces derniers jours aura aussi été marquée par le retour du Président de la République sur la scène de l'écologie, à l'occasion de son déplacement électoral dans le département de la Mayenne. Amnésique depuis sa tonitruante déclaration faite en mars 2010 au salon de l'agriculture, le Président, content de lui, donneur de leçons, n'aura pas manqué de tenter de brouiller à nouveau les cartes et de nous faire prendre des vessies pour des lanternes, en nous faisant de nouvelles promesses.
Alors que le rapport commandé par vous-même, madame la ministre, au centre d'analyse stratégique sur les aides publiques défavorables à la biodiversité, dont le montant s'élève à plusieurs dizaines de milliards d'euros, était depuis de nombreux mois en interministériel, il réapparaît comme par enchantement le 21 octobre pour conduire le Président de la République à suggérer la création d'un fonds national de préservation de la biodiversité dans les meilleurs délais, qu'il se fait fort de financer au moins par le redéploiement de toutes les incitations fiscales largement inefficaces qui existent.
En vous chargeant de présenter des propositions sur ce sujet avant la fin de l'année, le Président vous fit peut-être un cadeau empoisonné. Comprenant parfaitement bien la pensée du Président, vous devriez donc, comme le recommande le rapport, proposer, entre autres, la hausse à 19,6 % de la TVA sur les engrais et les produits phytosanitaires, la création d'une TGAP sur les polluants atmosphériques, voire la réduction des dépenses fiscales qui contribuent à l'étalement urbain.
Sachez-le, madame la ministre, tous nos voeux vous accompagnent à quelques mois de cette élection présidentielle. Vous devez le reconnaître et l'admettre, vous nous présentez un budget dans un contexte qui n'est pas favorable, parce que la crise est là, parce que le Premier ministre ne porte que peu d'intérêt aux problèmes environnementaux…