Cette loi de finances pour 2012, en revanche, évite ces écueils, s'inscrivant dans la continuité du sérieux, de la constance, de la volonté lucide des quatre qui l'ont précédée. Puisse-t-elle être exécutée aussi rigoureusement. Notre crédibilité, et notre sort, tout simplement, en dépendront
Revient, comme chaque année, le sempiternel débat sur l'hypothèse de croissance. J'ai assez ironisé sur les prévisionnistes, du surnom de Nostradartus donné à l'un des plus éminents à la citation de Pierre Dac : « On a inventé les économistes pour que les météorologues et les cartomanciennes se sentent moins seuls ». (Sourires.) Mais, plus sérieusement, regardons l'année 2011. Un premier trimestre à 0,9 %, bonne surprise suivie immédiatement d'une mauvaise : 0 % au deuxième ; peut-être 0,3 % au troisième ; et, soyons clairs, la bouteille à l'encre pour le quatrième. Et pour 2012…
Les prévisions de l'an dernier, fondées sur les éléments de l'économie réelle, auraient sûrement été dépassées sans les soubresauts liés à l'affolement financier de ces derniers mois.
Quand on regarde sereinement les résultats réels des entreprises, y compris et surtout des banques – il en sera publié bientôt –, et l'exposition de ces mêmes banques aux dettes des pays à risques, on peut difficilement admettre qu'à coup de fausses rumeurs et de high frequency trading, on ait effondré les cours, et les capitaux qu'ils représentent, dans des proportions infiniment supérieures aux risques encourus. Après tout, le PIB de la Grèce, ce n'est que 3 % de celui de l'Union. Après tout, de quel droit considérer un grand pays, l'Italie, comme étant un pays à risque ? Certes sa dette est de 120 % du PIB, mais l'Italie est en excédent primaire, ce qui va la faire baisser, alors que nous serons encore éloignés de l'excédent primaire de 32 milliards en 2012.
Si, comme nous l'espérons, le sommet européen puis le G20 donnent des résultats positifs, on peut observer un regain d'optimisme financier, cessant de freiner artificiellement l'économie réelle, permettant que l'effort de fond accompli en faveur de la recherche et de l'innovation, la disparition de la taxe professionnelle, l'utilisation à plein des sommes dégagées pour les dépenses d'avenir jouent pleinement. Alors l'estimation de croissance à 1,75 % – 1,50 % suffisant pour ne rien changer au budget – s'avérera fondée.
Mais compte tenu de la volatilité des marchés financiers, l'important, c'est l'engagement de respecter, quoi qu'il arrive, la réduction à 4,5 % du PIB de notre déficit en 2012 et les précautions nécessaires pour ajuster scrupuleusement les dépenses à ce chiffre. S'il vous plaît, les dépenses de fonctionnement seulement : l'abandon par l'État de l'investissement a déjà causé suffisamment de dégâts !
Et puis, l'angle de vision que m'offrent mes fonctions relatives à l'immobilier de l'État sur le fonctionnement d'ensemble de nos administrations et de nos opérateurs me permet d'affirmer haut et fort que le champ des économies est très loin d'avoir été entièrement exploré, que des comportements, des habitudes anciennes, voire séculaires, extrêmement coûteuses prévalent encore, y compris à des niveaux ministériels qui devraient être exemplaires.