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Intervention de Jean-Christophe Lagarde

Réunion du 4 octobre 2011 à 21h30
Protection des consommateurs — Après l'article 10

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Christophe Lagarde :

J'ai eu la chance, l'honneur, non depuis quinze ans comme Charles de Courson, qui a le privilège de l'ancienneté dans cet hémicycle, mais depuis 2002 de tenter d'appeler l'attention de nos collègues de la majorité comme de l'opposition. Et je remercie mon groupe de m'avoir permis de le faire à plusieurs reprises, à travers des propositions de loi sur un sujet qui, dans un premier temps, j'en suis sûr, nous rassemble tous, tant il est simple.

Nous avons tous connu ces situations dans nos permanences. Je vous renvoie au rapport que j'ai réalisé voilà quelques années : chaque année, 200 000 familles – pas seulement 200 000 personnes – entrent en surendettement. Sur ces 200 000 familles, grosso modo 40 000 sont victimes de « compulsifs », c'est-à-dire d'un membre de la cellule familiale qui, pour des raisons psychologiques ou autres, s'est mis à surconsommer. Quarante mille autres sont réellement victimes de ce que l'on appelle des accidents de la vie : après un train de vie normal, une consommation normale, survient un décès, un divorce ou autre, qui bouleverse le cours des choses sans que l'on ait eu le temps de s'adapter. Et pour cause : on veut s'en sortir, c'est normal, sans pour autant adapter immédiatement son niveau de vie ; on cherche le moyen de lisser les choses. Et souvent, c'est le crédit revolving, principal responsable du surendettement, qui apparaît comme une planche de salut. Mais, pour la plupart de ces familles, c'est planche pourrie : on avance dessus, on tombe et on ne se relève pas.

Ces cas-là, mes chers collègues, vous les avez tous rencontrés dans vos permanences. Ce qui donne ce chiffre extravagant : environ 60 000 à 70 000 familles par an, sur une législature, cela fait 350 000 familles ; et si l'on compte trois personnes par famille, cela fait un million de personnes. Un million de gens qui se retrouvent dans une situation dont nous avons tous vu les conséquences, simplement parce qu'au moment où ils roulaient à 180 kilomètres-heure sur l'autoroute, il n'y avait ni panneau pour rappeler la limitation à 130, ni gendarme pour leur dire de s'arrêter !

Celles et ceux qui n'ont pas l'habitude de ces débats ne me croiront peut-être pas mais, tout est vérifiable, constatable, constaté, y compris, au bout du compte, par la commission.

L'enjeu n'a rien de partisan ; c'est un enjeu que nous partageons tous dans nos circonscriptions, et c'est également un enjeu national, car le seul obstacle véritable depuis maintenant plus de dix ans, c'est qu'on nous explique au ministère des finances que cela freinerait la croissance en France ! Selon les périodes, en données corrigées des variations saisonnières, ou du conseiller chargé de l'affaire, on nous explique que cela représente entre 0,6 et un point de croissance. Passons sur le fait que générer 0,1, 0,2 ou 0,3 point de croissance en misant sur l'effondrement de milliers de familles est absurde…

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