Face à l'aggravation de la crise des dettes souveraines, notamment celle de la Grèce, la détermination sans faille du Président de la République a été déterminante pour parvenir à un nouvel accord européen.
Il fallait, en effet, montrer haut et clair que l'Union européenne prenait les mesures nécessaires pour défendre l'un des membres de la zone euro, mais aussi bien sûr, l'euro lui-même, devenu aujourd'hui, onze ans seulement après sa création, deuxième monnaie mondiale. Nous n'avons pas connu une situation aussi grave et complexe depuis 1929. Au-delà de la Grèce, ce qui est en jeu c'est un conflit sans merci entre les spéculateurs et l'Europe.
En aidant la Grèce, nous ne répondons pas à un simple devoir moral d'assistance, nous nous aidons nous-mêmes. Et nous lui apportons les moyens de mettre en oeuvre les très difficiles mais indispensables réformes.
Au-delà du seul cas grec, les décisions du 21 juillet, par l'extension des modalités d'intervention du Fonds européen de stabilité financière – possibilité d'intervention à titre préventif, de recapitalisation des établissements financiers, d'intervention sur les marchés secondaires – l'instituent comme un véritable fonds monétaire européen.
Que de chemin déjà parcouru sur la voie du gouvernement économique, idée française partagée depuis toujours par les gouvernements de droite comme de gauche, mot tabou en Allemagne il y a encore deux ans, et aujourd'hui concrètement mise en place !
Depuis la crise bancaire de 2008 et celle de Lehman Brothers, sous présidence française de l'Union, la capacité d'entraînement du couple franco-allemand pour protéger l'Europe et l'euro des agressions des spéculateurs, et approfondir ainsi l'intégration européenne, a été décisive. En un an, les compromis trouvés ont fait ainsi sauter la clause du Traité de Lisbonne qui interdisait le renflouement d'un État défaillant, permis à la zone euro d'intervenir en Grèce, au Portugal, en Irlande et obtenu la création d'un Fonds européen de stabilité financière.
Il faut souligner, dans ce contexte de crise, l'esprit de responsabilité dont a su faire preuve, dans des conditions politiques difficiles, la chancelière Merkel, pour conserver le cap européen, et saluer le rôle majeur qu'a joué la Banque centrale européenne.
Au-delà des décisions prises le 21 juillet, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy sont convaincus que, pour sortir de la crise, il faut, non pas moins mais plus d'Europe. Dans cet esprit, ils ont présenté conjointement, le 17 août, un ensemble de propositions phares pour aller encore plus loin sur la voie du gouvernement économique : le renforcement de la gouvernance de la zone euro, sous la responsabilité d'Herman Van Rompuy, la taxe sur les transactions financières dont on parlait tout à l'heure, l'harmonisation de l'impôt sur les sociétés en France et en Allemagne.
Le Président de la République et la chancelière ont également proposé que les dix-sept pays de la zone euro adoptent avant l'été 2012 la règle d'or sur l'équilibre budgétaire.
La responsabilité financière de chacun est, en effet, le complément indispensable de la solidarité financière européenne. On le voit à travers les sondages, les Français sont aujourd'hui très conscients de la gravité de la situation et de la nécessité que constitue la règle d'or. Lorsque l'intérêt de l'Europe et celui de la France sont en jeu, lorsque la crise est aussi aiguë, il faut savoir surmonter les différends de politique intérieure.
Le parlement portugais a su le faire sur son plan de réformes et le parlement espagnol vient de le faire sur la règle d'or. L'exemple espagnol mérite d'ailleurs d'être souligné : en pleine campagne législative, le président du gouvernement espagnol José Luis Zapatero a finalement repris la proposition de règle d'or faite en juin 2010 par son adversaire du Partido Popular, Mariano Rajoy.