Mais pourquoi ? Parce que c e que se demandent aujourd'hui ces marchés, c'est ce qui arrivera en cas d'explosion de la zone euro en deux groupes : la France fera-t-elle partie du groupe des pays du Sud, les plus fragilisés, ou bien du groupe des pays du Nord, les plus solides ?
J'en viens à la décision prise par le Gouvernement de lancer un projet de loi de finances rectificative afin de maintenir coûte que coûte l'objectif de réduction du déficit, à terme, du budget français. Pourquoi veiller à tout prix au respect de cet objectif ?
C'est simple : nous devons garder notre crédibilité sur les marchés ; nous devons rester crédibles aux yeux des investisseurs, qui doivent avoir confiance dans notre capacité à faire face à nos échéances. Nous resterons ainsi dans le groupe de tête des économies de la zone euro.
Ce matin, le spread – c'est-à-dire la différence de risque entre l'Allemagne et la France – était de 85 points de base, ce qui est très faible. Nous empruntons, Gilles Carrez l'a rappelé, à des taux absolument exceptionnels, historiquement bas. Voilà la réalité de la France d'aujourd'hui : les investisseurs lui font confiance, mais certains doutent de la stabilité de la zone euro.
Je ne donnerai qu'un autre chiffre : le price, c'est-à-dire le prix, la confiance que l'on a d'être remboursé lorsqu'on investit en obligations d'État. On estime qu'avec la dette grecque, on a 100 % de risque de recevoir au bout de dix ans 50 % de la somme investie. Autrement dit, la Grèce ne suscite pour l'heure aucune confiance sur les marchés. Mais nous sommes solidaires de ce pays parce que, demain, ce pourrait être le tour de la France, de l'Italie, de l'Espagne, de la Belgique – bref, de tous les pays de la zone euro, si l'on n'y prête pas garde.
Voilà quel doit être l'objectif de la France, du Gouvernement, de la majorité et même, je l'espère, de l'opposition : veiller à ce que ce projet de loi de finances rectificative soit conduit à son terme dans cette épure, afin de respecter l'objectif de 5,7 % de déficit en 2011.
Le président Cahuzac a parlé tout à l'heure d'un plan sans cohérence et sans mesure de soutien à l'économie, ce qu'il regrettait.