Je ne peux laisser le rapporteur qualifier notre amendement d'incantatoire : il s'agit au contraire d'inscrire dans le marbre de la loi une notion essentielle, devenue centrale depuis deux mois.
Il ne vous a en effet pas échappé, chers collègues, que la notion même de service public a soudainement changé de nature. En quelques semaines, l'opinion publique est devenue plus réceptive à l'idée selon laquelle l'intérêt général peut s'incarner dans le service public. La notion de régulation publique a même trouvé parmi vous des défenseurs alors qu'il y a seulement trois mois, vous n'aviez pas de mots assez durs pour condamner tout ce qui pouvait ressembler à l'expression de l'intérêt collectif. C'était la réussite des champions qui primait, comme le prônait le grand mouvement des idées qui s'est développé après l'élection de Ronald Reagan en 1980 et qui a submergé le monde pendant près de vingt-huit ans. Aujourd'hui, cette période est révolue et le camp politique que vous représentez, incarnation de la théorie intellectuelle selon laquelle l'intérêt collectif doit être sacrifié à l'intérêt particulier et, au bout du compte, à celui à l'argent, voit poindre la fin d'un cycle. (Rires sur les bancs du groupe UMP.)