Monsieur le président, je veux ajouter ma voix au choeur de protestations de mes collègues. Les gens qui ont déjà les poches pleines sont-ils à ce point âpres au gain et mesquins qu'ils osent tendre la main – ou que vous la tendiez pour eux, monsieur Mariton – pour obtenir ces 300 petits euros ? En vous écoutant tout à l'heure, je me demandais si cette somme représentait un ou deux couverts à La Tour d'Argent – et bien sûr, je ne peux le savoir, n'ayant pas l'habitude de fréquenter cet établissement réputé. Pour votre part, sans doute avez-vous, parmi vos obligés, des gens capables de répondre à cette question ?
Vous nous dites, monsieur le rapporteur général, que nous sommes contre la famille. On sait que vous avez le sens de l'humour, mais en l'occurrence, c'est un peu déplacé. Si nous sommes opposés à la famille, vous luttez sans doute, pour votre part, contre la famine qui guette le riche bourgeois du 16e – celui-là même que l'on imagine bien donnant, à l'office, les 300 euros en question à un domestique méritant, à l'issue du week-end de la Pentecôte.
Le rapporteur général ne veut pas recevoir de leçons de morale. Mais vous rendez-vous compte que, de votre côté, vous violez toutes les règles de l'éthique républicaine en tondant les gens qui n'ont rien pour donner trois francs six sous aux gens qui n'en ont vraiment pas besoin ?