Je veux moi aussi apporter mon soutien à ce texte et à son inspiration. Il s'agit bien d'une urgence.
Parmi les éléments qui contribuent à nourrir les doutes de nos concitoyens sur la vie publique, il y a le comportement des responsables politiques, les médias et les instituts de sondage – à juste titre, car, comme le soulignait Delphine Batho, les sondages ne sont plus utilisés pour rendre compte de l'évolution de l'opinion publique, mais pour la susciter. Ils sont devenus un instrument de la guerre politique et sont instrumentalisés en tant que tels, ce qui crée un déséquilibre entre ceux qui ont les moyens de se livrer à de telles manipulations et ceux qui ne les ont pas. On en arrive à des résultats aberrants !
Lors de l'élection présidentielle de 2007, un grand institut de sondage m'a situé à la veille du scrutin, le vendredi soir, derrière M. Le Pen ; le lendemain, je recueillais deux fois plus de voix que lui ! Je veux bien qu'il existe des marges d'erreur, mais je suis certain que cette manipulation eût été impossible si le sondeur avait eu l'obligation de publier les résultats bruts.
Par ailleurs, j'ai noté avec amusement que, le 10 mai 2011, trois sondages visant à désigner le meilleur héritier de François Mitterrand avaient donné trois résultats différents : il s'agissait de François Hollande pour le premier, de Martine Aubry pour le deuxième, et de Dominique Strauss-Kahn pour le troisième !
Je soutiens donc l'inspiration générale de ce texte, et plus particulièrement celle des dispositions relatives à l'information sur le commanditaire, aux relations entre celui-ci et les organes de presse qui publient le sondage, et à la publication des données relatives aux résultats bruts. Naturellement, les sondeurs sont hostiles à cette dernière disposition, mais nous serions bien inspirés de conserver un tel garde-fou.
Par ailleurs, il importe d'améliorer la composition et les missions de la commission des sondages. À l'heure actuelle, celle-ci ne contrôle ni le bien-fondé, ni la méthode d'élaboration des sondages, mais se borne à enregistrer les déclarations – toujours vertueuses ! – des instituts de sondage. Il serait bon qu'un plus grand nombre de techniciens siègent au sein de la commission, afin qu'en cas de saisine, celle-ci puisse contrôler avec précision la taille et la composition de l'échantillon.
Quoi qu'il en soit, la mission du Parlement est de mettre fin au soupçon actuel de l'opinion – que je crois être fondé.