Deux questions se posent. La première porte sur l'Europe. Mes chers collègues, l'Europe de papa est morte ! En effet, comme le disait Marx, le quantitatif pose un problème qualitatif. Et on a changé de monde. Vous continuez cependant sur le registre des incantations des années 60 et de la conférence de Messine. Il est indéniable que nous allons vers un système européen dans lequel Russie, Biélorussie et Turquie seront parties prenantes, que vous le vouliez ou non. Ce n'est pas le sens de l'histoire car, nous le savons depuis Shakespeare, celle-ci n'a pas beaucoup de sens. C'est le résultat d'une situation : globalisation, prise en compte de nos intérêts multiples, poids de la Méditerranée. Nous devons gérer le système européen le mieux possible. Tout cela est devant nous. Mais ne parlez pas d'Europe-puissance : celle-ci n'existera que dans l'esprit de Dieu et pas au-delà.
La seconde question est constitutionnelle. Et là, je suis favorable au référendum pour tout le monde. Ces histoires de pourcentages de la population sont contraires à tous les principes du droit international et notamment de l'article 2 de la Charte sur l'égalité des États et des peuples. Nous allons nous retrouver pris dans un piège diplomatique. Et nous jouons contre nos intérêts.
Il faut donc laisser le texte en l'état et prévoir un référendum pour toutes les adhésions. Du fait de l'évolution du système européen, la nature de la question qui sera à l'ordre du jour dans quinze ans n'aura rien à voir avec celle qui est posée aujourd'hui. Je ne manque d'ailleurs jamais de dire aux Turcs que je ne comprends pas pourquoi ils sont si pressés de rentrer dans une Europe qui, de toute façon, n'existera plus dans quinze ans. Il est manifeste qu'on pose aujourd'hui un problème qui ne se posera pas demain. Laissons le texte en l'état et cessons de baragouiner sur ce machin !