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Intervention de Jean-Paul Chanteguet

Réunion du 29 mars 2011 à 15h00
Débat sur les conséquences environnementales de l'exploitation des huiles et gaz de schiste en france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Chanteguet :

Monsieur le président, madame la ministre, chers collègues, permettez-moi tout d'abord de remercier le groupe GDR d'avoir demandé l'inscription à l'ordre du jour d'un débat sur les conséquences environnementales de l'exploitation des gaz de schiste, et de dénoncer le peu d'intérêt que le Gouvernement porte à la représentation nationale, n'ayant pas pris lui-même une telle initiative.

Le sujet qui nous préoccupe n'est pas mineur : il ne s'agit pas d'un dossier quelconque, comme il en existe des centaines, traitant de l'ouverture d'une carrière de granulat, du forage destiné à alimenter en eau potable un territoire de quelques milliers d'habitants ou de la création d'un centre d'enfouissement technique. L'importance et les enjeux du dossier n'auraient dû échapper à personne, et surtout pas aux responsables politiques du Gouvernement. En effet, il n'est pas inutile de rappeler que ces permis exclusifs de recherche concernent, pour les gaz de schiste, de grands groupes comme Total et GDF, qui se sont associés à des entreprises américaines maîtrisant la technologie de la fracturation, que les premiers engagements financiers de ces entreprises s'élèvent déjà à plus de 100 millions d'euros, que les sédiments franciliens pourraient recéler entre 60 milliards et 100 milliards de barils d'huile de schiste – suivant un chiffre avancé par l'Institut français du pétrole – et que la France détiendrait entre 3 000 et 4 000 milliards de mètres cubes de gaz de schiste, dont seulement 40 % pourraient être extraits.

Personne ne peut imaginer un instant que le dossier n'ait pas fait l'objet, de la part des services de l'État, d'une vraie instruction, d'une vraie évaluation, et que celle-ci n'ait pas donné lieu, eu égard à l'immensité des enjeux, tant sur le plan stratégique et financier qu'environnemental, à des messages d'information et d'alerte à l'adresse des cabinets ministériels et de la Présidence de la République. Certains aimeraient bien nous faire croire, afin de limiter leur responsabilité, que les décisions prises ne sont qu'administratives et de portée limitée. Mais les politiques, au plus haut niveau, ne pouvaient pas ne pas savoir. S'ils savaient et qu'ils n'ont rien dit, c'est peut-être tout simplement parce qu'ils voulaient réorienter, dans la plus grande discrétion et la plus grande opacité, notre stratégie énergétique en favorisant le développement des énergies fossiles, comme le Président de la République le fit déjà au travers d'une relance du nucléaire, en pleine discussion au Parlement du texte Grenelle 1,…

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