Ce saupoudrage dérisoire montre combien le Gouvernement a fait le choix de la compétition contre la solidarité, de la compétitivité contre la coopération, du froid pragmatisme de la rentabilité contre l'impérieux retour de la chaleur humaine et du lien social. (Exclamations sur les bancs des groupes UMP et NC.)
En disant cela, je pense à tous ceux qui, depuis des années, ont analysé les mutations de l'espace rural, ont pointé ses besoins spécifiques, ses ressources indéniables et la nécessité d'un volontarisme politique à même de porter un renouveau de civilisation pour toute la ruralité. Je pense aux perspectives novatrices que portaient les propos du célèbre géographe Bernard Kayser lorsque, dans les années quatre-vingt-dix, il soulignait les occasions qu'offraient ces campagnes, lorsqu'il parlait de « renaissance rurale » pour peu que l'on se donne les moyens politiques de « réinvestir les campagnes ».
Nous ne cessons de nous éloigner chaque jour de ces plaidoyers pour une ruralité vivante, riche de ses initiatives locales, de ses capacités d'innovation sociale, pour une simple et bonne raison : le volontarisme et la solidarité territoriale qu'ils impliquent ont été jetés aux oubliettes avec la RGPP, la casse des services publics, la réforme territoriale, l'assèchement des moyens aux collectivités. (Protestations sur plusieurs bancs des groupes UMP et NC.)
Monsieur le ministre, je vous le dis en toute franchise : votre politique d'aménagement du territoire pour l'espace rural est simple à décrire : c'est l'absence de politique. Nous pourrions presque, en écho négatif au titre de l'ouvrage collectif de Kayser publié en 1996, Ils ont choisi la campagne, retracer dix ans d'abandon politique de l'espace rural sous le titre : Ils ont lâché les campagnes. Quant au discours récurrent sur l'indispensable recherche de compétitivité, il ne convainc plus personne.
C'est pourquoi, mes chers collègues, je vous invite, comme les députés communistes et du parti de gauche et l'ensemble du groupe GDR, à voter ce texte, d'abord en signe de rejet de cette politique d'abandon, mais aussi comme un signe de volontarisme retrouvé pour les campagnes de France. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et SRC.)