Monsieur le ministre, une fois n'est pas coutume, le Gouvernement semblait avoir pris conscience de la désertification médicale qui est en marche dans le monde rural. Malheureusement, faute de moyens, les réponses ne sont, encore une fois, pas adaptées. L'appel à projets du Gouvernement, qui consiste à inciter les collectivités à créer des maisons médicales, n'est pas à la hauteur de l'enjeu.
Les agences régionales de santé sont contraintes à servir de filtre à décourager les projets plutôt qu'à les susciter, puisqu'il n'y a pas de moyens pour tous les dossiers présentés. Et quand les collectivités s'obstinent, parce qu'elles sont conscientes de l'inéluctable disparition des services de santé sur leurs territoires, ce sont les médecins qui, en raison de leur âge, refusent de jouer le jeu, dans une logique que l'on rencontre ailleurs : après moi le déluge ! C'est ensuite l'ordre des médecins, qui émet carrément un avis défavorable pour ne pas chagriner ses adhérents.
Je vous décris là mon quotidien dans la communauté de communes que je préside, où je m'évertue, depuis deux ans, à monter un projet de maison médicale et un réseau de santé afin de pallier la défection de l'État. Monsieur le ministre, votre gouvernement portera la responsabilité du délitement des services de santé du monde rural, à ne pas vouloir y mettre les moyens indispensables et à refuser de fixer des règles, car l'un ne va pas sans l'autre.
Sans vouloir évoquer la nationalisation de la médecine, qui sera peut-être un jour la solution, il est indispensable que les jeunes médecins aient une obligation d'installation durant quelques années sur les territoires déficitaires, comme c'est le cas pour les enseignants ou les postiers. Faute de quoi, des pans entiers du territoire pourront bientôt se réclamer de la non-assistance à citoyens en danger. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)