On ne manquera pas d'objecter, ici et là, que l'état des finances publiques, appauvries comme jamais par votre gestion, ne permet pas de telles avancées. Mais la situation actuelle emporte des coûts considérables. Le désert médical a un coût : celui des inégalités d'accès à la santé qui s'aggravent ; les pratiques malthusiennes des banques ont un coût : celui du mal-développement ; les retards prévisibles dans le déploiement du très haut débit auront aussi un coût : celui de l'investissement en ordre dispersé.
On nous dira aussi que l'agriculture a été oubliée, mais ce n'est évidemment pas un oubli. L'agriculture et sa crise chronique, que nous vivons en direct, méritent une stratégie nationale qu'il aurait été irresponsable de traiter ici. Quoi qu'il en soit, les agriculteurs et leurs familles sont des citoyens français à part entière, et le bouclier rural leur est totalement dédié.
Cette proposition amorce le renouveau puissant d'une politique d'aménagement du territoire, cette vision de l'action publique que nous entendons réinventer puisque vous l'avez abandonnée : la décentralisation n'est rien d'autre pour vous qu'un autre nom pour dire l'abandon, la diversité un masque à vos renoncements.
L'idée que nous nous faisons de la ruralité peut constituer un puissant remède à ce qu'Éric Dupin, dans son très beau livre Voyages en France – que le ministre de l'aménagement du territoire serait inspiré d'avoir sur sa table de chevet –, appelle « la fatigue de la modernité ». La ruralité moderne telle que nous la voulons peut remédier à beaucoup de souffrance sociale. Elle privilégie la taille humaine sur la taille critique. Elle revendique la proximité contre l'hyperconcentration, le lien social contre l'isolement.
Faisons ensemble ce pari, et si, ce matin, le courage politique n'est pas au rendez-vous, si les apôtres du laisser-faire s'obstinent dans les illusions du pouvoir majoritaire, prenons date pour mettre en place le bouclier rural en 2012 ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)