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Intervention de Patrick Kron

Réunion du 15 mars 2011 à 17h00
Commission des affaires économiques

Patrick Kron, président-directeur général d'Alstom :

Pas systématiquement. Notre concurrent japonais et notre concurrent allemand ont une approche plus offensive et ont participé à ces projets. À chacun sa politique ! Ce n'est pas une décision facile à prendre que de laisser passer de tels contrats, mais c'est le choix que nous avons fait.

J'en viens au marché du charbon et au positionnement des différentes technologies. Il faut combiner le besoin en électricité – qui est en croissance, notamment dans les pays émergents – avec les contraintes de protection de l'environnement. Pour cela, trois moyens doivent être employés simultanément.

Il faut tout d'abord admettre que si les énergies thermiques vont continuer à progresser, les énergies non émettrices de CO2 sont appelées à croître plus vite. La crise du nucléaire remettra peut-être cette analyse en cause, mais c'est celle que nous avons faite jusqu'à présent.

D'autre part, le meilleur moyen de limiter les émissions de gaz à effet de serre consiste à limiter la quantité de fioul produite – qu'il s'agisse du gaz, du pétrole ou du charbon – par kilowattheure produit, autrement dit à améliorer le rendement des centrales. Le parc mondial de centrales au charbon a un rendement compris entre 32 % et 33 %. Celui des centrales modernes que nous vendons aujourd'hui atteint 45 %, et nous avons lancé des programmes de recherche-développement pour le porter à 50 %. Il faut savoir qu'un point de rendement gagné permet de réduire les émissions de CO2 dans une proportion comprise entre 2 % et 2,5 %. Or améliorer le rendement énergétique des centrales existantes et futures est tout à fait à notre portée : cela passe par la réhabilitation des centrales existantes, mais aussi par la mise en oeuvre de la recherche-développement, par des incitations ou par de la régulation.

Le troisième moyen de combiner le besoin en électricité et les contraintes de protection de l'environnement, c'est le stockage et la capture de CO2. Nous y travaillons, mais les Français et les Européens doivent être plus offensifs dans ce domaine : il faut encourager le développement de nouvelles technologies et de nouvelles filières en favorisant les démonstrateurs, dont le nombre est aujourd'hui insuffisant, ne serait-ce que pour des raisons économiques – rappelons qu'un démonstrateur à taille industrielle coûte plusieurs centaines de millions d'euros.

Le charbon a toute sa place dans ce dispositif. Même si cette part est appelée à diminuer, 40 % de l'électricité produite dans le monde l'est encore à partir du charbon. Alstom se positionne sur le charbon propre – ce qui passe pour nous par la limitation au maximum des polluants traditionnels que sont les oxydes de soufre ou l'azote, la préparation de la capture et le stockage de CO2 de demain, et l'amélioration de l'efficacité énergétique.

Les schistes bitumineux et les gaz de schiste sont une autre voie. Les Américains s'y sont résolument engagés, mais on mesure encore mal ses impacts sur l'environnement. Il y a là un enjeu pour les années à venir, mais il faut s'assurer que le mode d'extraction de ces gaz ne pose pas de problèmes en matière d'environnement. Il consomme en effet de grandes quantités d'eau – ressource qui n'est pas inépuisable – et utilise des adjuvants chimiques qui peuvent entraîner un risque de pollution. Il s'agit en tout cas d'un sujet très intéressant et important en termes d'indépendance énergétique.

Parlons maintenant de la France, puisque M. Paul m'y invite ! Je n'entrerai pas dans le débat sur les effets du changement de statut d'EDF. Pour ma part, je ne ressens pas d'évolution notable.

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