Pour ce qui est de l'offre nucléaire, cela concerne plutôt Mme Lauvergeon car nous ne vendons pas les réacteurs.
Par ailleurs, s'agissant de la sûreté en matière nucléaire, tous les acteurs de la filière nucléaire française ont souligné, bien avant l'accident de Fukushima, qu'il était hors de question pour eux de négliger la sûreté. Les débats sur une troisième enceinte, sur un tablier pour recueillir la matière fissile, prennent aujourd'hui toute leur importance.
S'agissant des turbines, l'état des réseaux variant d'une région à l'autre, notre intérêt est, avec un coeur technologique commun, de couvrir le spectre de puissance le plus large possible. Tout le monde n'a pas besoin d'un réacteur de très grande puissance ! La politique consistant à élargir la gamme nucléaire et à étudier la conception de petits réacteurs me semble donc aller dans le bon sens. Nos clients veulent que nous soyons capables de proposer des turbines à gaz de 150 à 400 mégawatts, des centrales au charbon de 300, 600 ou 1 000 mégawatts. Il n'est pas toujours nécessaire de proposer un réacteur de très grande puissance.
M. Gaubert et plusieurs d'entre vous m'ont interrogé sur les transferts de technologie. Notre groupe, qui consacre entre 800 millions et un milliard d'euros par an à sa technologie, est particulièrement attaché à la protection de celle-ci. Il est présent depuis une cinquantaine d'années en Chine et fêtera son centenaire en Inde au mois d'avril. Il est également implanté au Brésil depuis plus de cinquante ans. Pour l'anecdote, j'avais invité le président Lula, ancien syndicaliste de l'un de nos établissements, à participer à la célébration organisée dans notre centre de fabrication de turbines hydrauliques pour fêter notre cinquantenaire au Brésil. Je lui avais demandé s'il connaissait l'usine. Il m'a répondu qu'il en connaissait surtout l'extérieur : comme il venait y organiser des grèves, nous le laissions rarement entrer !
J'en reviens aux transferts de technologie en Chine. Si aucun officiel ne nous met le fusil sur la tempe, il est vrai que sur nombre de contrats, les Chinois souhaitent – ce qui n'est pas illégitime – acquérir certaines technologies en contrepartie de l'ouverture de leur marché. À nous de savoir jusqu'où nous voulons aller. C'est ainsi que nous n'avons pas participé au marché chinois de la très grande vitesse. Nous avons considéré qu'au-delà de 200 kilomètres heure, ce n'était pas de bonne politique pour nous. Nous avons perdu des contrats dans la signalisation ferroviaire, parce que les Chinois souhaitaient avoir accès non seulement à l'applicatif, mais aussi aux « codes source » – que nous ne souhaitions pas divulguer. Je ne nourris cependant aucun grief à leur encontre : à nous de décider si nous travaillons ensemble ou non, et comment nous procédons. En fonction des intérêts de notre société – dont la défense est notre ligne directrice –, nous avons considéré que nous pouvions faire certains types de transferts de technologie, mais non pas tous. Cela fait cinquante ans que nous nous livrons à cet exercice.