S'agissant de la filière nucléaire française, je crois qu'il faut y réfléchir en partant du marché. Les situations diffèrent selon les pays : certains clients veulent un réacteur clé en main – souvent parce qu'ils ne disposent pas des équipes techniques capables de réaliser l'interface entre les différentes composantes –, tandis que d'autres préfèrent construire leur réacteur « idéal », en assemblant tel îlot nucléaire avec tel îlot conventionnel. Les acteurs de la filière doivent donc étudier le moyen de répondre à ces demandes.
Dans le premier cas, la « maison France » doit être organisée afin de pouvoir proposer une solution clé en main sans que les différents acteurs ne perdent du temps à définir le cadre de leur intervention. C'est pourquoi le Conseil de politique nucléaire a proposé de créer une structure au sein de laquelle EDF jouera le rôle d'architecte ensemblier, c'est-à-dire de capitaine de l'équipe de France. Cette solution, à laquelle j'étais plutôt favorable va dans le bon sens. Dans un cas pareil, il faut chasser en meute.
Dans l'autre cas, il faut que chacun puisse saisir les opportunités du marché. Pourquoi Alstom se limiterait-il à l'EPR d'Areva ? Nous souhaitons promouvoir notre offre de turbines – après tout, notre part de marché se situe entre 30 et 35 % – dans la transparence, sans jouer contre notre camp, mais en bénéficiant d'une organisation souple et intelligente, qui permette de valoriser au mieux les compétences de chacun. Et si, à un moment, Suez-Gaz de France est le mieux placé pour répondre à la demande, qu'il pilote l'équipe ! C'est ce que le Conseil de politique nucléaire a acté ; il reste à voir comment cela va se mettre en place et à affronter l'épreuve du feu.