Je suis fier, madame, des visites que j'ai faites dans les centres de rétention administrative, dont on disait les pires horreurs. Or j'ai pu constater que cela n'était pas vrai. Le centre administratif de Marignane n'était occupé qu'à moitié, et les gens qui y étaient retenus l'étaient dans des conditions parfaites, accompagnés par une association qui défendait leurs droits – au-delà même de nos intérêts, mais c'est son rôle. À l'époque de ma visite, l'ANAEM existait encore et remplissait manifestement toutes ses missions administratives ; il y avait également un service médical, mobilisé en permanence. Il est donc normal, comme on en a eu la preuve, que, dans cet environnement rassurant, certains immigrés refusent de révéler leur identité pour pouvoir rester le temps nécessaire et être ensuite libérés en France, où ils pourront s'installer.
Allonger la durée de rétention permet en effet d'exercer sur eux une pression psychologique – plus la rétention est longue, plus la pression est forte – mais c'est parfaitement légitime puisque cela sert à faire valoir notre droit et à faire respecter nos lois. Sommes-nous ici pour vouloir le contraire ? Accepter, comme vous le faites, que l'on conserve une loi inefficace, avec une rétention de trente-deux jours, est intolérable !