Non, parce que sur les 3 % que vous n'arrivez pas à faire partir, certains ne pourront pas partir parce que le chaos règne dans leur pays ou que leur état civil n'est pas sûr. Au final, vous arriverez peut-être à en faire partir 1 % de plus, mais cela coûtera à la collectivité vingt jours de rétention supplémentaire !
Le coût d'une personne en rétention est déjà considérable. Nous avons visité le centre de Coquelles : vous arrêtez à peu près 100 000 personnes en procédant à des contrôles d'identité, vous en mettez 3 000 en rétention, vous arrivez à en expédier 400 au bout des trente jours, dont 200 en Belgique qui reviennent le lendemain. Dans tous les cas, le coût est faramineux et c'est désespérant pour les gens qui accomplissent ce travail. Demain, ils resteront quarante-cinq jours, mais le résultat sera le même.
Il aurait fallu – nous étions presque parvenus à un accord là-dessus au sein de la mission –, une fois que les gens en rétention ont bien compris qu'ils ne peuvent plus faire autrement et qu'ils n'ont plus d'avenir en France, qu'ils puissent enclencher la procédure de retour volontaire. Nous vous avons proposé un amendement, mais, bizarrement, vous l'avez à nouveau refusé, qui aurait permis d'enclencher la procédure de retour volontaire y compris pour des personnes déjà en centre de rétention. Si vous aviez accepté cet amendement, vous auriez pu augmenter le nombre de départs et faire faire des économies à la collectivité, ce qui, au moment où l'on nous demande du sang et des larmes, n'aurait pas été négligeable.