Je faisais partie de la délégation qui a rencontré le commissaire européen Dacian Cioloş. Celui-ci nous a fait une excellente impression, en évoquant son engagement pour défendre l'agriculture européenne. Pour autant, il a rappelé qu'il n'y avait pas de soutien politique à la régulation en Europe, ce que nous savions, mais qui ne laisse pas de nous inquiéter.
Le rattrapage en matière de lait ne compensera pas la dérégulation due à la suppression des quotas, laquelle entraînera la disparition de la moitié des exploitations en France. La libéralisation des droits de plantation, comme nous l'a expliqué un collègue producteur de vin de Champagne, donnera aux grandes marques une position de force sur le marché, au détriment des territoires. Pour la viande bovine, les inquiétudes sont également nombreuses. M. Dacian Ciolos nous a expliqué que nous n'échapperions pas à un accord bilatéral avec les pays du Mercosur ; les éleveurs de bovins, dont 100 % du revenu est assuré par les aides européennes, risquent de souffrir davantage encore.
Enfin, j'ai interrogé Dacian Ciolos sur le tabac, évoquant la possibilité de rétrocéder une part de la fiscalité à la production. Comme vous le savez cette filière, qui emploie 10 000 personnes en France, est en danger de mort – vous avez d'ailleurs reçu une délégation suite à une manifestation. Là encore, le commissaire européen nous a expliqué que les règles de la concurrence – les règles du libéralisme en vérité – empêchaient ce type de soutien. Il nous a toutefois conseillé de nous adresser au commissaire chargé de la concurrence. Entendez-vous le faire ?